logo

Décès d'Edouard Leclerc, pionnier des grandes surfaces

Edouard Leclerc, le fondateur des centres E.Leclerc, est décédé ce lundi à l'âge de 85 ans. Le "petit épicier breton" laisse derrière lui un empire de la grande distribution, dirigé aujourd'hui par son fils Michel-Édouard.

Edouard Leclerc, mort lundi à 85 ans, était le fondateur des centres E. Leclerc, coopérative de patrons propriétaires née dans un hangar breton et propulsée au rang de première enseigne française de distribution alimentaire.

Né le 20 novembre 1926 à Landerneau (Finistère) dans une famille nombreuse très catholique, Edouard Leclerc a d'abord été séminariste.

En 1949, il ouvre avec son épouse Hélène une épicerie dans un hangar rue des Capucins à Landerneau.

Il y vend à prix de gros des produits de consommation courante, d'abord des biscuits, puis de l'huile et du savon. Il se fournit directement chez les producteurs pour court-circuiter les fournisseurs et supprimer leurs marges, faisant ainsi baisser les prix.

Il permet à ses disciples d'utiliser gratuitement son nom pour ouvrir leurs magasins, pourvu qu'ils respectent sa conception de la distribution.

Après la Bretagne, il vise le territoire national, non sans résistances et échauffourées: on l'accuse de "tuer le petit commerce". Pierre Poujade le prend pour cible et les contrôles fiscaux s'enchaînent.

En 1960, il gagne les premiers procès contre des marques qui refusent de l'approvisionner.

Le mouvement se structure avec la création en 1964 de l'Association des centres distributeurs E. Leclerc (ADCLec) et en 1970 de la centrale d'achat nationale Galec.

En 1969, c'est la scission: plusieurs dizaines de distributeurs quittent Leclerc pour fonder Ex, futur Intermarché/Les Mousquetaires.

A plusieurs reprises, il affronte au tribunal son frère Michel, auquel il reproche d'utiliser la marque Leclerc pour ses propres affaires.

Patron médiatique, il se pose en défenseur du consommateur et pourfendeur des monopoles, une tactique reprise et amplifiée par un de ses trois enfants, Michel, qui accole à son prénom celui de son père. Michel-Edouard copréside le groupement en 1988 et le préside depuis 2003.

Vendre moins cher qu'autorisé

L'enseigne n'hésite pas à vendre moins cher qu'autorisé pour faire plier les pouvoirs publics. Elle aura gain de cause avec la libéralisation du prix des carburants mais perdra sur le prix unique du livre.

Leclerc a élargi son activité: carburants, bijoux, voyages, parapharmacie et biens culturels, devenant le deuxième libraire de France derrière la Fnac.

Mi-2011, le groupement comptait 686 magasins alimentaires en France, mais son fondateur n'en détiendra que deux, à Landerneau et à Brest.

L'épicerie, fondée avec un capital de 5.000 francs, a donné naissance à un groupement dont les ventes atteignaient 40 milliards d'euros en 2010, implanté outre la France en Espagne, Italie, Pologne, Portugal, Andorre et Slovénie.

Souvent qualifié de visionnaire, il a toutefois sous-estimé deux virages de la distribution moderne: le libre-service, qu'il adoptera en 1962, et les marques de distributeurs.

Fin 2003, il vend le nom de l'enseigne et ses dérivés aux adhérents pour 120 millions d'euros, selon le magazine spécialisé LSA.

Très critique envers les gouvernements successifs, il vouait une grande admiration au général de Gaulle. En 1987, il envisage de se présenter à l'élection présidentielle mais y renonce.

En avril, le journaliste Bertrand Gobin a été mis en examen pour diffamation après avoir publié un document tendant à démontrer selon lui qu'Edouard Leclerc, incarcéré six mois à la Libération, a été libéré grâce à un certificat de complaisance.

M. Gobin a relaté la protestation de la famille d'un résistant breton fusillé par les Allemands, après que Nicolas Sarkozy lui eut remis la légion d'honneur en 2009.

La mise en examen est quasiment automatique dans les affaires de diffamation.

Edouard Leclerc avait dénoncé une "pseudo-révélation", affirmant avoir été "lavé" par la justice en 1945.

AFP