Benjamin Netanyahou a accru dimanche la pression sur Barack Obama en le hâtant, à la télévision américaine, d'imposer une "ligne rouge" à l'Iran, sur le point, selon le Premier ministre israélien, de se doter de l'arme nucléaire.
L’Iran sera dans environ six mois sur le point de pouvoir se doter de l’arme nucléaire et les États-Unis doivent rapidement imposer à la République islamique une "ligne rouge" à ne pas franchir, a déclaré dimanche Benjamin Netanyahou à la télévision américaine.
Au risque de détériorer un peu plus sa relation avec le président américain, le Premier ministre israélien a accru la pression sur Barack Obama à quelques semaines seulement de l’élection présidentielle aux États-Unis. "Il faut tracer la ligne rouge devant eux maintenant, avant qu’il ne soit trop tard", a insisté sur NBC le Premier ministre israélien en employant une métaphore footballistique : "Ils sont dans les 20 derniers yards et il ne faut pas les laisser franchir la ligne. Parce que cela aurait des conséquences incroyables", a-t-il poursuivi.
Benjamin Netanyahou estime, en effet que, "d’ici environ six mois", l’Iran aurait accompli "90 % du chemin" lui permettant de disposer de suffisamment d’uranium enrichi pour fabriquer une bombe nucléaire.
Tensions américano-israéliennes
Conjugués à la décision de Barack Obama de ne pas rencontrer Benjamin Netanyahou en marge de l’Assemblée générale des Nations unies qui débute mardi, ces propos illustrent l’intensité des tensions actuelles entre les États-Unis et Israël, renforcées par l’inimitié personnelle notoire entre les deux hommes.
Les responsables américains pensent que l’Iran n’a pas encore pris la décision définitive de se doter d’un arsenal nucléaire et qu'en outre il faudra au moins une année de plus pour que l’Iran soit capable de fabriquer de telles armes, s’il effectue ce choix.
Ces estimations contrastent avec le calendrier avancé dimanche par Benjamin Netanyahou, qui n’a toutefois pas avancé que les responsables iraniens avaient pris la décision de fabriquer une arme nucléaire.
"Fanatisme"
Le Premier ministre israélien a également dressé un parallèle entre le programme nucléaire iranien et les récentes attaques contre les représentations diplomatiques américaines dans le monde arabo-musulman. Déclenchées par la diffusion d’un film islamophobe, ces attaques ont choqué l’opinion publique américaine et elles ont notamment coûté la vie à l’ambassadeur des États-Unis en Libye.
"C’est le même fanatisme que vous voyez aujourd’hui prendre d’assaut vos ambassades. Vous avez envie que ces fanatiques aient des armes nucléaires ?", a-t-il interrogé.
Personne n’a pour l’instant accusé l’Iran d’avoir fomenté ces troubles.
La République islamique affirme que son programme nucléaire ne comporte aucun volet militaire, ce dont doutent les États-Unis et leurs alliés.
Prié de dire si Israël était sur le point d’agir unilatéralement malgré la volonté de Barack Obama de laisser aux sanctions commerciales et financières le temps de produire leurs effets sur l’Iran, le chef du gouvernement israélien a répondu: "Nous nous réservons toujours le droit d’agir. Mais je pense que si nous parvenons à nous coordonner sur une position commune, nous augmentons les chances pour qu’aucun de nous n’ait à agir."
Ces pressions de Benjamin Netanyahou alimentent l’hypothèse d’une action militaire israélienne contre l’Iran avant l’élection présidentielle aux États-Unis le 6 novembre. Selon ce scénario, il ferait le pari que Barack Obama le soutiendrait de crainte de perdre une partie de l’électorat juif.
"Pas assez"
Cette approche ne fait pas l’unanimité en Israël, y compris au sein de son propre gouvernement. "Je ne veux pas me fixer de ligne rouge ou de date butoir", a affirmé à la radio militaire le vice-Premier ministre Dan Méridor, responsable des services de renseignements et de l'énergie atomique. Méridor, considéré comme un modéré au sein du cabinet de sécurité de M. Netanyahou, a aussi critiqué la multiplication des déclarations sur le dossier iranien, soulignant qu'il avait toujours évité de "participer au festival de discussions" sur le sujet.
Benjamin Netanyahou dit apprécier la position de Barack Obama lorsque le président américain affirme qu’il ne laissera pas l’Iran se doter de l’arme nucléaire. Il estime toutefois que cela n’est pas assez.
Le commandant des Gardiens de la révolution iraniens a pour sa part mis en garde dimanche Israël contre toute intervention militaire.
"Notre réponse à Israël est claire. En cas de telle initiative du régime sioniste, rien ne resterait d’Israël", a dit Mohammad Ali Jafari, cité par l’agence de presse iranienne Isna.
Une attaque israélienne entraînerait aussi des représailles iraniennes contre les bases militaires américaines dans la région et le trafic maritime serait perturbé dans le détroit d’Ormuz, importante voie de transit pour le commerce mondial du pétrole, a-t-il ajouté.
Une telle attaque remettrait aussi en cause la participation de l’Iran au Traité de non-prolifération (TNP), a poursuivi Mohammad Ali Jafari.
(France 24 avec dépêches)