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Mis en examen à la fin de mars pour complicité d'assassinats et association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes terroristes dans les tueries de Toulouse et de Montauban, le frère aîné de Mohamed Merah a été entendu ce lundi.

AFP - Abdelkader Merah, frère du tueur au scooter, était interrogé lundi après-midi par les juges d'instruction sur son rôle présumé dans l'aide à la préparation des tueries et sur l'influence idéologique qu'il a pu avoir sur son cadet.

Il s'agit de sa première audition par les trois juges d'instruction chargés de l'enquête depuis sa mise en examen à la fin mars pour complicité d'assassinats, association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes de terrorisme et pour vol en réunion d'un scooter.

L'avocat d'Abdelkader Merah, Me Eric Dupond-Moretti, s'est refusé à tout commentaire lors de son arrivée à 14H00 au palais de justice de Paris pour l'audition de son client.

Agé de 29 ans, Abdelkader avait reconnu, lors de sa garde à vue, avoir été présent lors du vol du puissant scooter dont s'était servi Mohamed Merah lors des tueries, mais avait nié avoir été au courant des projets de son cadet.

Abdelkader Merah "conteste totalement la complicité d'assassinats, qui ne repose sur aucun élément objectif", a déclaré Me Eric Dupond-Moretti vendredi à l'AFP.

Abdelkader a admis avoir accompagné son frère cadet lors du vol du scooter TMax 530, le 6 mars à Toulouse, et reconnu avoir assisté à l'achat du blouson porté par son frère au moment des tueries. Les enquêteurs le soupçonnent d'avoir aussi acquis le casque du tueur au scooter.

Abdelkader a par ailleurs été reconnu par le gérant du taxiphone d'où ont été passés deux appels à destination d'Imad Ibn Ziaten, premier militaire tué par Merah, peu avant sa mort le 11 mars.           

"Fantasme"

La récente déclassification de documents de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) a montré par ailleurs que les deux frères avaient fait l'objet d'une surveillance suivie.

Abdelkader Merah a été répertorié dès 2007 comme membre de la mouvance islamiste radicale, son jeune frère l'ayant été deux ans après. Il a reconnu devant les enquêteurs avoir été au courant des déplacements de son cadet en Afghanistan et au Pakistan à la fin 2010.

Abdelkader a expliqué avoir fait quatre séjours en Egypte de plusieurs mois pour y apprendre l'arabe, étant rejoint par son jeune frère sur place pour un mois "à la fin de l'été 2010".

L'aîné a aussi expliqué qu'il avait renoué le dialogue avec Mohamed un mois avant les tueries: "Deux ou trois jours après notre réconciliation, il m'a reparlé du jihad, lui voulait bouger rapidement, trouver un filon rapidement ou faire des coups en France ou à l'étranger."

"Les choix idéologiques d'Abdelkader Merah ne font pas de lui un assassin", a souligné Me Dupond-Moretti, estimant que lui attribuer un rôle dans la radicalisation du frère "relève du fantasme".

De son côté, l'aîné de la famille Merah, Abdelghani, a accusé Abdelkader d'être à l'origine de la radicalisation de Mohamed.

Pour Patrick Klugman, avocat de proches de victimes des assassinats de l'école juive, "le temps de la vérité est venu pour Abdelkader Merah qui doit livrer ce qu'il sait à la justice après avoir fait part de son adhésion idéologique lors de sa garde à vue".

"Son implication ne fait pas de doute mais la justice doit déterminer à quel degré il a été impliqué", a dit l'avocat à l'AFP, qui réclame en outre une mise en examen supplétive pour Abdelkader en raison du caractère raciste des faits qui lui sont reprochés.