
Officiellement investi candidat du Parti démocrate, Barack Obama a prononcé, dans la nuit de jeudi à vendredi, un discours pour rassembler ses troupes à quelques semaines de l’élection présidentielle du 6 novembre.
Le ton était plus grave qu’en 2008, mais tout aussi énergique. Barack Obama a tenté, jeudi 6 septembre, en clôture de la convention démocrate de Charlotte, en Caroline du Nord, de raviver la flamme qui animait son camp il y a quatre ans. Exercice difficile dans le contexte économique actuel des États-Unis, plombé par une explosion de la dette et un chômage galopant. Jeudi soir, Barack Obama ne s’en est d’ailleurs pas caché : le message d’espoir qu’il avait martelé en 2008 a été "mis à l’épreuve". "Mais sachez-le, nos problèmes peuvent être résolus. Nous pouvons être à la hauteur des difficultés. Le chemin que nous proposons est peut-être difficile, mais il nous mène vers un monde meilleur", a-t-il assuré, sollicitant les suffrages de ses compatriotes pour un second mandat.
AFP - Le taux de chômage des Etats-Unis est retombé en août après trois mois de hausse, mais les embauches dans le pays ont fortement baissé aussi ce mois-là, selon des chiffres officiels publiés vendredi à Washington.
Le taux de chômage a reculé de 0,2 point par rapport à juillet pour revenir à 8,1% en données corrigées des variations saisonnières, le niveau le plus faible en plus de trois ans qu'il avait touché en avril, indique le dernier rapport mensuel sur l'emploi et le chômage du département du Travail.
Les derniers chiffres de l'emploi aux Etats-Unis montrent que "les promesses et la politique du président Barack Obama n'ont pas fonctionné", a estimé vendredi le candidat républicain à la Maison Blanche Mitt Romney.
"Si hier soir c'était la fête, ce matin c'est la gueule de bois", a indiqué M. Romney dans un communiqué, en référence à la convention démocrate qui a officiellement investi la veille Barack Obama candidat à l'élection du 6 novembre.
"La vérité, c’est qu’il nous faudra plus que quelques années pour résoudre des problèmes qui se sont accumulés depuis des décennies", a-t-il déclaré. Exhortant ses concitoyens à la patience, il poursuit : "Amérique, je n’ai jamais dit que le chemin serait facile et je ne le promettrai pas plus aujourd’hui. […]. Je ne vais pas prétendre que la voie que je propose est rapide ou simple. […] Mais elle nous mène vers un monde meilleur. Et je vous demande de choisir cet avenir". Un discours indéniablement moins messianique qu’en 2008, mais l’auditoire, tout acquis à la cause démocrate, exulte.
Obama raille Romney
Le candidat-président, tout en défendant son programme, a répondu aux attaques que son adversaire républicain, Mitt Romney, avait multipliées lors de la convention du parti républicain, la semaine dernière, en Floride. Faisant allusion aux propos de son rival qui, se rendant au Royaume-Uni fin juillet, avait émis des doutes sur le degré de préparation des Jeux olympiques de Londres, Barack Obama s’est fait railleur : "On n’est peut-être pas prêt à la diplomatie avec Pékin si l’on ne peut pas se rendre aux Jeux olympiques sans insulter notre allié le plus proche", a-t-il estimé.
Les deux candidats sont, selon une récente étude Ipsos pour Reuters, au coude-à-coude dans sondages. Environ 45% des personnes interrogées affirment vouloir voter pour Obama, contre 44% pour Mitt Romney. Les adversaires s’acharnent donc à tenter de séduire les indécis et les indépendants. En ce sens, Barack Obama s’est fait l’ardent défenseur des classes moyennes, jeudi soir à Charlotte. "Je refuse de demander aux familles de la classe moyenne de renoncer à leurs déductions d’impôts pour acheter une maison pou élever leurs enfants juste pour une autre réduction d’impôts accordée aux millionnaire", a lancé le candidat démocrate, fustigeant les dérégulations promises par son rival.
Obama a manqué de souffle
itAu lendemain du discours dithyrambique de son prédécesseur démocrate à la Maison Blanche, Bill Clinton, qui littéralement fait vibrer la convention démocrate, le discours de clôture de Barack Obama est apparu un peu terne. Il a, selon nombre d’observateurs, manqué de souffle. D’autant qu’à l’origine, le leader démocrate devait prononcer son discours en plein air dans le stade géant de la ville, devant quelques 73 000 personnes. Un endroit à la hauteur de l’importance du moment, qui marquait l’investiture officielle de Barack Obama comme candidat du parti de l’âne à la présidentielle du 6 novembre. Mais finalement, la menace de violents orages a contraint les organisateurs à tenir le meeting dans la salle du Time Warner Cable Arena, un complexe de "seulement" 15 000 places. Ce changement de programme n’a pas manqué de provoquer les railleries du camp adverse y voyant plutôt une tentative de dissimuler l’échec des démocrates à faire stade comble. Une accusation immédiatement démentie par l’équipe de campagne de Barack Obama.
Bill Clinton superstar
Mercredi soir, l’ancien président Bill Clinton était parvenu à électriser la foule. Orateur hors pair, l’ancien président été applaudi à tout rompre, en prononçant un vibrant plaidoyer en faveur de son successeur. Il a dit croire en lui "de tout cœur", insisté sur ses capacités à redresser l'économie et dénoncé "la pagaille totale" laissée par les républicains il y a quatre ans.
"Sommes-nous là où nous le souhaitons ? Non. Est-ce que le président est satisfait ? Non. Mais sommes-nous dans une meilleure situation que quand il a pris ses fonctions, avec une économie en chute libre, qui perdait 750 000 emplois par mois ? La réponse est oui !", a lancé celui qui n’a pas toujours été tendre avec Barack Obama. Il y a quatre ans, lors de la primaire dans laquelle son épouse Hillary Clinton était engagée, Bill Clinton était allé jusqu’à dénoncer le "conte de fées" Obama.
"Il a démonté chaque argument entendu à la convention républicaine, pièce par pièce, et surtout d’une manière facile à comprendre", analyse pour FRANCE 24 Constance Borde, présidente de Democrats Abroad France. "Barack Obama a laissé la défense de son bilan à Bill Clinton pour se concentrer sur l’avenir et le programme qu’il propose".
Après ce grand raout démocrate, l’heure n’est pas à la détente. Bien au contraire. Dans certains États, le vote anticipé pour l'élection présidentielle a commencé dès jeudi. Barack Obama est donc reparti en campagne dès vendredi avec son colistier. Direction le New Hampshire, dans le nord-est du pays, et l'Iowa, dans le centre, deux États-clés où Mitt Romney a prévu de se rendre le même jour.