Samsung affirme, depuis lundi, n'avoir pas pu identifier d’enfants de moins de 16 ans employés dans ses usines chinoises. Pourtant l'association de défense des travailleurs China Labour Watch maintient le constat accablant dressé le mois dernier.
Le géant sud-coréen de l’électronique Samsung a beau avoir affirmé, le 3 septembre, qu’aucun enfant de moins de 16 ans n’était à sa connaissance employé dans ses usines en Chine, l’ONG américaine à l’origine de l’accusation China Labour Watch (CLW) contactée par FRANCE 24 maintient ses accusations.
Elle les avait formulées une première fois dans un rapport incendiaire de 30 pages datant du 6 août. Un enquêteur de l’ONG y dénonçait les conditions de travail dans l’usine HEG Electronics de Huizhou, dans le sud de la Chine, où sont assemblés les téléphones portables et lecteurs DVD de Samsung. Après s’être fait embauché par HEG Electronic, l’un des principaux partenaire chinois du géant sud-coréen, il affirme avoir constaté nombre d’infractions au droit du travail telles que des brimades physiques, des dépassements d’horaires et des amendes infligées à certains salariés qui ne réussissaient pas à tenir le rythme. Surtout, il indiquait qu’entre 50 et 100 enfants de moins de 16 ans (l’âge légal en Chine pour travailler) étaient employés dans cette usine.
Le géant sud-coréen a tenté de faire taire les critiques en menant des audits, en août, dans les usines chinoises où sont fabriquées ses produits. “ Nous n’avons pas pu identifier des travailleurs de moins de 16 ans”, a révélé lundi 3 septembre Samsung. En revanche, les enquêteurs du Sud-Coréen ont reconnu qu’il existait un système “illégal” d’amendes contre les employés en cas de retard ou d'absence, une absence totale de structure de soins sur certains sites et des dépassements trop fréquents des horaires de travail. Autant d’infractions auxquelles Samsung a “demandé à HEG de mettre un terme immédiatement et d’améliorer les conditions de travail”. Il a également annoncé mardi de nouveaux audits dans près de 250 autres usines chinoises.
"Pire qu’Apple"
Insuffisant répond China Labour Watch. L'organisation juge que Samsung a très mal géré ce dossier, surtout en ce qui concerne le cas des enfants. “Nous avons constaté sur place qu’après la publication du rapport et avant l’audit mené par Samsung, les responsables du site de Huizhou ont simplement renvoyé les travailleurs en situation irrégulière”, indique Li Qiang, le directeur de CLW, à FRANCE 24. Il regrette que Samsung ne se soit pas rendu compte de ce "grave problème" étant donné “que le groupe a du personnel sur place en permanence”. Surtout, China Labor Watch assure avoir transmis à Samsung une copie des cartes d’identité des enfants qui auraient travaillé sur place, “ce qui aurait dû leur permettre de les retrouver pour vérifier nos dires”, assure Li Qiang.
“Cette manière de nier l’existence du problème est le pire service que Samsung puisse rendre à ces enfants”, poursuit ce responsable associatif. Pour lui, le Sud-Coréen réagit moins bien qu’Apple, qui a été confronté à un problème similaire en début d’année. Suite à un rapport publié en mars 2012 par l’ONG américaine Fair Labor Association (FLA) qui critiquait les conditions de travail - dont l’emploi des mineurs de moins de 16 ans - dans plusieurs usines chinoises d’assemblage des iPhone et iPad, Apple a rencontré les responsables de ces sites pour essayer d'améliorer la situation.
“Samsung a une approche purement punitive”, regrette Li Qiang. En effet, le géant sud-coréen somme, dans les conclusions de ses audits, HEG Electronics de se mettre en conformité avec la loi sous peine “d’arrêter de travailler” avec ce sous-traitant. Un couperet qui risque juste d'inciter "les managers des sites à tenter de dissimuler encore plus les irrégularités”, craint Li Qiang. Contacté par FRANCE 24 à propos de ces nouvelles accusations, Samsung n’a pas encore répondu.