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Inhumation d'une vingtaine de mineurs tués à Marikana

Les obsèques d'une vingtaine de mineurs abattus par la police, le 16 août, lors d'une grève dans la mine de Marikana ont eu lieu ce samedi. Le pays est sous le choc après l'inculpation pour meurtre des 270 grévistes arrêtés lors de la fusillade.

AFP - Les obsèques de la plupart des 34 mineurs grévistes abattus par la police sud-africaine le 16 août à la mine de platine de Marikana (nord) ont été célébrées samedi, dans diverses régions d'Afrique du Sud et au Lesotho.

Les funérailles de 24 victimes de la fusillade ont été organisées samedi et deux autres devaient l'être dimanche, selon une liste fournie par le gouvernement.

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Les explications de la correspondante de France24
Inhumation d'une vingtaine de mineurs tués à Marikana

Au village de Mdumazulu, dans la région du Cap oriental (sud-est de l'Afrique du Sud), un service funèbre honorait samedi Phumzile Sokhanyile, 48 ans, et sa mère Glorious Mamkhuzeni-Sokhanyile, 79 ans qui n'a pas survécu en apprenant la mort de son fils.

Mme Mamkhuzeni-Sokhanyile, qui souffrait d'hypertension et était asthmatique, s'est effondrée une première fois quand elle a appris la mort de son fils, deux jours après la fusillade. Le lendemain, elle s'est effondrée à nouveau en voyant des images de la fusillade de Marikana à la télévision. Elle a été déclarée morte à son arrivée à l'hôpital.

"Elle a vu les images et a dit: +Ah! C'est comme ça que mon fils a été tué?+, et elle s'est effondrée", a raconté à l'AFP Thokozile Sokhanyile, la tante du mineur disparu.

Un intervenant a remarqué devant l'assitance qu'il était très rare d'organiser les funérailles de deux personnes de la même famille le même jour, en particulier une mère et son fils.

Des milliers de parents, collègues et amis s'étaient réunis sous une tente blanche dressée dans la propriété de Phumzile Sokhanyile.

Seul le cercueil de sa mère était là, le corps du mineur ayant été mis en terre vendredi dès qu'il a été reçu par la famille, selon les rites funéraires locaux s'appliquant pour les personnes mortes de causes non naturelles.

Les restes de Phumzile Sokhanyile ont été immédiatement conduits au cimetière, de peur qu'il ne porte malheur.

La grève sauvage de la mine de platine de Marikana a fait au total 44 morts.

Dix hommes --dont deux policiers et deux gardes de sécurité-- ont été tués lors d'affrontements intersyndicaux entre le 10 et le 12 août, puis 34 mineurs grévistes ont péri et 78 ont été blessés lorsque la police a ouvert le feu sur une foule de manifestants hostiles le 16 août.

Les blessés sont en état d'arrestation, tandis qu'un tribunal de la banlieue de Pretoria, à la surprise générale, a inculpé de meurtre les 270 personnes interpellées après la fusillade.

Le magistrat n'a pas indiqué sur quel texte il s'était basé jeudi en inculpant pour meurtre ces hommes qui faisaient partie des grévistes, armés de lances et de machettes, et sur lesquels la police a tiré. De nombreux juristes estiment qu'il a utilisé une loi anti-émeutes de 1956, toujours en vigueur, qui était très prisée du temps de l'apartheid.

Le ministre sud-africain de la Justice Jeff Radebe a demandé des explications au parquet.

Les avocats des 270 inculpés ont appelé le président Jacob Zuma à les faire libérer d'ici dimanche.

Ce dernier a répondu samedi dans un communiqué qu'il "ne peut pas accéder à leur demande", en soulignant que la justice était indépendante et en rappelant qu'une commission d'enquête spéciale a été mise en place pour faire la lumière sur les événements de Marikana.

La prochaine audience a été fixée au 6 septembre.