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Julian Castro, l'atout latino de Barack Obama

Pour la première fois, c'est un Latino qui sera le "grand orateur" de la convention démocrate, qui commence ce mardi. Surnommé le "Barack Obama hispanique", Julian Castro fait figure d'étoile montante du parti. Portrait.

Il incarne à lui seul le rêve américain. Dans ses costumes ajustés, paré d'un sourire impeccable, cet homme de 37 ans à la belle peau cuivrée est un pur modèle de réussite au pays de l’Oncle Sam. Julian Castro, un métisse d’origine mexicaine, aura l'honneur d'occuper la fonction de "grand orateur" de la convention démocrate, qui débute à Charlotte (Caroline du Nord), ce mardi 4 septembre, au cours de laquelle Barack Obama doit être officiellement désigné candidat du parti de l'âne à la présidence des États-Unis.

Julian Castro annonce qu'il est officiellement le "keynote speaker" de la convention des démocrates

"C’est un honneur que je ne prends pas à la légère", révèle l'actuel maire de San Antonio (Texas) dans la vidéo qui rend publique sa nomination. Être désigné "grand orateur" de la convention démocrate est, en effet, un honneur que sa grand-mère Victoria, une immigrée mexicaine analphabète, n’aurait jamais osé imaginer, même dans ses rêves les plus fous.

Retour sur une success story

Fuyant le Mexique à la recherche d’un avenir meilleur, la jeune femme a appris seule à lire et à écrire en espagnol puis en anglais. Tout en occupant les postes de cuisinière et de femme de ménage, elle met au monde une fille, Rosita, qui aura à son tour des jumeaux, Julian et Joaquin. Les deux garçons, élevés par une mère célibataire, baignent très vite dans la politique. Rosita Castro intègre La Raza Unida, un groupe radical qui, dans les années 1970, défend les droits des "Chicanos", les Mexicains-Américains.

Les deux frères embrassent le même parcours universitaire et enchaînent ensemble les succès. Après avoir décroché un diplôme en sciences politiques et en communication à l’Université de Stanford, en 1996, ils s’offrent le très prestigieux diplôme de la Harvard Law School, en 2000.

Diplômes en poche, les petit-fils d’immigrés se lancent en politique dans le camp démocrate. De 2001 à 2005, Julian Castro devient membre du conseil municipal de San Antonio (Texas) et caresse l’espoir d’en prendre la tête. Il se présente alors aux élections municipales de 2005 face à l'ancien juge Phil Hardberger mais essuie sa première défaite.

C’est en 2009 qu’arrive la consécration. Élu avec 56,23 % des voix, le jeune homme prend la tête de la ville de San Antonio, devenant au passage le plus jeune maire des 50 plus grandes villes américaines. Très populaire, il est réélu sans aucune difficulté en 2011 avec 81,44 % des voix. Un véritable exploit réalisé sur une terre traditionnellement républicaine et conservatrice. Julian Castro épouse Erica Lira en 2007. De leur union naît une petite fille, Carina Victoria Castro, en 2009. Son frère Joaquin n’est pas en reste côté succès politiques. Depuis 2003, il siège à la Chambre des représentants du Texas. Devant cette belle success story familiale, Julian Castro a la victoire modeste : “Mon histoire n’a rien d’extraordinaire, c’est ce pays qui est extraordinaire”.

Julian Castro, l’étoile montante des démocrates

Aujourd'hui, de nombreux observateurs voient en Julian Castro, considéré comme l'étoile montante du Parti démocrate, un digne héritier de Barack Obama. Pour Thomas Snégaroff, spécialiste de politique américaine et auteur du livre "L’Amérique dans la peau", Julian Castro a la lourde tâche de "réenchanter la convention démocrate". La mission n’est pas simple. Élu à la tête des États-Unis il y a quatre ans grâce, notamment, à une mobilisation des plus jeunes et des Latinos, Barack Obama est confronté, cette année, à un nouveau défi : relancer l'enthousiasme de catégories de populations durement touchées par la crise. "C’est d’ailleurs le vote latino qui pourrait faire pencher la balance", précise Thomas Snégaroff dans un entretien accordé à FRANCE 24.

Dans la guerre de séduction des Latinos que se livrent républicains et démocrates, les premiers ont également trouvé leur poulain : le jeune sénateur de Floride Marco Rubio, un fils d’immigrés cubains, qui a lui aussi pris la parole durant la convention des républicains, à Tampa.

Aux côtés de Michelle Obama et entouré des ténors du Parti démocrate comme le vice-président Joe Biden et l'ancien chef de l'État Bill Clinton, Julian Castro n’a pas d’autre choix que d’enflammer la salle entière s’il veut marcher dans les pas de l’actuel président. Il y a huit ans, à Boston, un jeune démocrate de l’Illinois avait été désigné pour effectuer la "keynote" de la convention investissant John Kerry. Ce jeune homme inconnu du grand public s’appelait Barack Obama. Avec son discours, intitulé "The Audacity of Hope"  ("L’audace d’espérer"), il avait réussi à galvaniser la foule. Une audace d’espérer dont Julian Castro pourrait bien s’inspirer.

Discours de la convention démocrate de Julian Castro, Texas 2012.

(Crédit Jamesgatz)