Portée par sa haine inextinguible des chiites du Hezbollah, un groupuscule libanais affilié à Al-Qaïda s'est mis en tête de voler au secours de l'industrie touristique du pays du Cèdre, en partie réputé pour ses plages privées et ses boîtes de nuit.
Serait-ce la nouvelle stratégie de communication de l’ennemi public mondial numéro un ? Dans un communiqué intitulé "Message aux chiites du Liban", publié mardi 28 août par le journal libanais "Al-Akhbar", les Brigades Abdullah Azzam, une organisation islamiste affiliée à Al-Qaïda et basée au Liban, ont exhorté les chiites du pays de Cèdre à rejeter le Hezbollah, parti au pouvoir qui, selon eux, pourrait gravement nuire au tourisme dans le pays.
"Le Liban est un pays sans ressources. Son économie est basée sur le tourisme. Or le Hezbollah constitue une menace pour la sécurité et empêche donc le développement de l’activité touristique du pays de Cèdre", peut-on lire dans le communiqué rédigé par Majed al-Majeb, leader de l'organisation qui s'était fait connaître en 2009 en revendiquant les tirs de roquettes lancés sur le nord d'Israël depuis le Sud-Liban.
Une organisation terroriste islamiste qui s’inquiète de l'avenir touristique d'un pays qui a construit sa réputation autour, notamment, de ses plages privées et ses festivités nocturnes, l’information est assez singulière.
"Une nouvelle tendance" ?
"Surprenante" même, pour Khattar Abou Diab, consultant en géopolitique et spécialiste de l’islam à l’université Paris-Sud. "Cette branche djihadiste est connue pour être liée à la pensée d’Al-Qaïda, rappelle le chercheur. Les entendre utiliser des arguments de nature presque triviale illustre peut-être une nouvelle tendance. Ils s’adaptent à l’évolution de la société. Ils utilisent des arguments économiques et sociaux pour prouver aux Libanais qu’ils s’intéressent à eux."
L’activité touristique joue un rôle-clé dans l’économie libanaise. Bien que la crise syrienne, et les tensions sociales et confessionnelles qui en découlent, entre pro et anti-Assad notamment, aient eu un impact néfaste sur l’économie libanaise, il n’en reste pas moins que les activités liées au tourisme "contribuent à hauteur de 22 % de notre PIB", avait indiqué, en mai, Fadi Abboud, le ministre libanais du Tourisme.
Dans ce communiqué, les islamistes ont également déroulé leur habituel chapelet de dénonciations politiques, accusant le "parti de Dieu" de Hassan Nasrallah de soutenir le régime syrien et d’avoir commandité l'assassinat de l'ancien Premier ministre sunnite Rafic Hariri.