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Quand l'embargo américain prive les geeks iraniens du jeu vidéo World of Warcraft

Le très populaire jeux de rôle en ligne World of Warcraft n'est plus accessible dans la République islamique depuis plus d'une semaine. La société éditrice a indiqué avoir coupé l'accès aux Iraniens en raison des "sanctions économiques" américaines.

Les voies de l’embargo commercial contre l'Iran sont parfois pavées de pixels. Washington a ainsi décidé de priver les Iraniens des joies de World of Warcraft (WoW), le très populaire jeu en ligne qui comptait, à la fin de 2011, plus de 11 millions d’abonnés dans le monde.

L’univers virtuel d’Azeroth, où se déroule l’action de ce jeu d’"heroic fantasy" peuplé de gobelins, gnomes et autres trolls n’est donc plus accessible aux Iraniens depuis une semaine “en raison des sanctions économiques qui interdisent aux sociétés américaines de faire du commerce avec les résidents de certains pays”, a indiqué, mardi 28 août, Blizzard, la société éditrice de WoW sur le forum officiel du jeu.

Le groupe, qui appartient au géant franco-américain du jeu vidéo Vivendi-Activision, a en outre précisé que ces règles l'empêchaient de rembourser l’abonnement mensuel de 13 euros déboursé par les joueurs iraniens. “Une situation que nous serons heureux de changer si la loi américaine venait à évoluer”, précise Blizzard.

Cette clarification intervient une semaine après l’apparition de centaines de messages d'Iraniens sur le forum officiel du jeu. “Dans un pays où la vie est déjà suffisamment difficile comme ça, World of Warcraft et les jeux vidéo représentent une vraie soupape pour les jeunes, pourquoi est-ce nous qui devons payer le prix des problèmes entre notre gouvernement et les États-Unis ?” se plaint ainsi Giv, un joueur qui se présente comme étant iranien sur un fil de discussion de 16 pages. Un autre échange de messages sur ce thème atteint même les 126 pages de plaintes et de demandes d’explication.

Coupure soudaine

Une déferlante qui prouve la popularité du World of Warcraft en Iran. Impossible pour autant de savoir exactement combien la République des mollahs compte d'aficionados du jeu. Les Iraniens “ne sont qu’une toute petite fraction des joueurs”, s’est contenté de préciser, mercredi, au quotidien britannique Telegraph, Rob Hilburger, responsable des relations publiques de Blizzard. Le groupe ne souhaite, en effet, pas s'étaler sur le sujet pour “des raisons de concurrence”.

L’éditeur s’est montré tout aussi avare en précision sur le “timing” de cette soudaine coupure. Les mesures américaines qui sanctionnent  tout commerce avec Téhéran ne datent pourtant pas d’hier. “Depuis 1997, les sociétés américaines ne peuvent plus commercer avec l’Iran ou investir dans le pays”, rappelle le cabinet américain de droit international Ince&Co dans un document résumant les sanctions internationales à l’encontre de l’Iran.

Jusqu’à présent les jeux en ligne semblaient donc avoir pu naviguer sous le radar de cet embargo. Bien que ce soit la décision de Blizzard qui ait provoqué le plus de remous, d’autres jeux en ligne semblent désormais inaccessibles aux Iraniens.

Ainsi, dans un message sur le forum MMO-Champion, un Iranien se plaignait, le 22 août, que des dizaines de jeux comme WoW ne soient plus disponibles dans son pays. Il n’est pas clair dans ces cas-là s’il s’agit des conséquences de l’embargo commercial ou plutôt d’une censure des autorités iraniennes.