À l'occasion de la Conférence des ambassadeurs, le président François Hollande a haussé le ton sur le dossier syrien, évoquant notamment une "intervention [extérieure] directe" en cas d'utilisation d'armes chimiques par Damas.
Lors de son premier grand discours de politique étrangère depuis son élection en mai dernier, le président François Hollande a haussé le ton sur le dossier syrien. Face aux
Au moins 60 morts après un raid aérien à Damas
Un raid mené lundi par un avion de chasse de l'armée de l'air syrienne a fait au moins 60 morts dans les faubourgs de l'est de Damas, affirment les insurgés dans la capitale.
Selon eux, l'attaque aérienne visait le quartier de Zemalka et celui de Sakba situé un peu plus à l'est où les combattants de l'Armée syrienne libre avaient pris plusieurs points de contrôle tenus par l'armée régulière au cours de la journée.
Les deux quartiers visés sont à majorité sunnite.
"Les 60 victimes ont été recensées à Zemalka mais il y a également de nombreux tués à Sakba. Leur nombre ne peut pas être fourni avec précision", a dit Ossama al Dimachki, un insurgé de Zemalka s'exprimant sous le couvert d'un pseudonyme.
"La plupart des victimes sont des civils. L'Armée syrienne libre a attaqué plusieurs barrages routiers et s'est retirée", a-t-il ajouté.
Selon lui, c'est la première fois qu'un avion de chasse est utilisé pour mener une attaque sur Damas.(REUTERS)
ambassadeurs de France réunis à l’Élysée dans le cadre de leur conférence annuelle, le chef de l'État a fustigé une situation "insupportable pour la conscience humaine, inacceptable pour la sécurité et la stabilité de la région". Accusé d'attentisme cet été par l'opposition de droite sur le conflit syrien, notamment par son prédécesseur Nicolas Sarkozy, il s’est replacé en première ligne sur cette question, à trois jours d'une nouvelle réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur la Syrie, à la demande de la France qui en assure la présidence tournante.
Dans les pas d’Obama
François Hollande a ainsi longuement énuméré les lignes d'action de la France dans ce dossier, en reprenant notamment à son compte la menace récemment proférée par le président américain Barack Obama, à savoir que l'emploi d'armes chimiques par le régime syrien serait "une cause légitime d'intervention directe" de la communauté internationale. Et ce alors qu’il avait rappelé, quelques instants auparavant, que la France "inscrit son action dans la légalité internationale". Il a également exhorté l'opposition syrienne à "constituer un gouvernement provisoire, inclusif et représentatif qui puisse devenir le représentant légitime de la nouvelle Syrie", avant d’ajouter que Paris "reconnaîtrait" un tel gouvernement "lorsqu'il aura été formé".
En outre, le locataire de l’Élysée a évoqué une création de zones tampon en Syrie, un projet évoqué par Ankara la semaine dernière. "Nous travaillons" sur "l'initiative des zones tampon proposée par la Turquie", "nous le faisons en concertation avec nos plus proches partenaires", a-t-il déclaré. Enfin, il a suggéré que l'ONU installe des camps de réfugiés "dans les frontières de la Syrie" pour contenir l'afflux des personnes déplacées.
Une intervention sans un feu vert onusien ?
Interrogé sur l’antenne de FRANCE 24, Bernard Guetta, spécialiste de politique internationale sur France Inter, estime que le discours du chef de l’État tenu devant les ambassadeurs marque "un tournant important de la diplomatie française" sur le dossier syrien. "Le président laisse entendre que la France ne reconnaîtra plus le régime de Bachar al-Assad dès lors qu’un gouvernement provisoire sera constitué par l’opposition", explique le journaliste. Ce qui, selon lui, s’inscrit dans un scénario qui pourrait déboucher sur une action de la communauté internationale en dehors du cadre onusien.
"Dès lors que le gouvernement provisoire appellerait à protéger militairement les zones libérées de l’armée de Bachar al-Assad, la France et les puissances concernées pourraient se passer de l’aval du Conseil de sécurité et passer outre le blocage russo-chinois", argumente-t-il. On ne serait plus, juridiquement parlant, dans le cadre d’une intervention étrangère mais dans celui d’une aide bilatérale demandée par un gouvernement considéré comme légitime. "Cette stratégie n’a pas été développée directement par François Hollande lors de son discours, mais elle est souvent évoquée dans le dossier syrien", conclut Bernard Guetta.