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Trump et Infantino, une bromance au cœur du Mondial 2026
Personnages centraux de la future Coupe du monde 2026, Gianni Infantino, président de la Fifa, et Donald Trump, président des États-Unis, entretiennent des liens étroits. Les deux hommes devraient encore en faire la démonstration vendredi à Washington lors du tirage au sort du Mondial.
Gianni Infantino présentant le trophée de la Coupe du monde 2026 à Donald Trump, à la Maison Blanche, le 22 août 2025. © Andrew Caballero-Reynolds, AFP

L'un est président des États-Unis, l'autre de la Fifa. À eux deux, ils font partie des personnages les plus puissants de la planète. Donald Trump et Gianni Infantino auront une nouvelle occasion, vendredi 5 décembre, d'afficher leur "bromance" (contraction en anglais étasunien des mots "romance" et "frère", au sens d'"ami") lors du tirage au sort de la Coupe du monde 2026 organisé au pays du milliardaire américain.

Le coup de foudre remonte à 2018 : deux mois après l'attribution du Mondial 2026 – le premier à 48 équipes – aux États-Unis, au Mexique et au Canada, Trump avait cette année-là accueilli Infantino à la Maison Blanche pour la première fois.

L'Italo-Suisse lui avait offert un carton rouge, en lui suggérant dans une démarche humoristique de s'en servir "chaque fois qu'[il veut] expulser quelqu'un." Le dirigeant républicain l'avait aussitôt brandi tout sourire aux médias présents, dans un geste illustrant ses rapports parfois conflictuels avec la presse.

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Trump, "un vrai homme de sport"

Depuis, les deux hommes de pouvoir n'ont cessé de mettre en avant leur proximité, Infantino vantant à Davos en 2020 les mérites de Trump, "un vrai homme de sport", qui serait "fait du même bois" que les champions du ballon rond.

Le patron du foot mondial, qui s'est invité à de multiples reprises dans le bureau ovale cette année, notamment pour présenter le trophée du Mondial des clubs disputé cet été, était aussi présent à l'investiture de Donald Trump en janvier dernier.

"Gianni a manifestement une relation très étroite avec Trump, et en profite parce que les deux parties ont un intérêt mutuel à ce que le Mondial 2026 fonctionne", estime auprès de l'AFP John Zerafa, spécialiste de communication sportive au Royaume-Uni.

Cette alliance stratégique doit permettre le bon déroulé d'une compétition aux défis logistiques inédits, dans un pays où doivent se disputer 82 des 104 matches au programme, Trump ayant menacé, pour ne rien arranger, de priver de rencontres certaines villes démocrates comme Los Angeles, Seattle ou Boston.

"J'appellerai Gianni"

"Si je pense qu'il y a un problème de sécurité, j'appellerai Gianni, qui est formidable, et je dirai, 'déplaçons [le match] vers un autre endroit'. Et il le ferait", déclarait Trump en octobre.

L'alliance entre les deux hommes s'est aussi nouée sur le terrain géopolitique, Infantino suivant Trump lors de visites au Qatar, en Arabie saoudite, ou plus récemment en Égypte, lors d'un sommet sur Gaza voué à consolider le cessez-le-feu. "Sans Trump, il n'y aurait pas de paix", avait alors déclaré le président de la Fifa, s'attirant des critiques.

Nick McGeehan, fondateur de l'association de défense des droits humains FairSquare, avait qualifié la présence d'Infantino en Égypte de "profondément troublante".

"Infantino a abandonné toute prétention de neutralité politique, que la Fifa prône et s'engage à respecter en vertu de ses statuts", estimait-il, plaçant le patron du foot mondial "absolument dans le camp" de Trump et du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, selon lui.

Infantino, un soutien répété de Trump

L'Italo-Suisse avait subi de nouvelles critiques après ses commentaires favorables à la politique intérieure du Républicain lors du "America Business Forum" début novembre à Miami.

Donald "Trump met simplement en œuvre ses promesses. [...] Je pense que l'on devrait tous soutenir son action, parce que je pense qu'il s'en sort très bien", avait-il dit.

Pour Miguel Poiares Maduro, ex-président du comité de gouvernance de la Fifa interrogé par The Athletic, les remarques d'Infantino constituent une violation des statuts de l'instance.

"Un président de la Fifa peut demander à ce que les résultats d'une élection soient respectés, mais Infantino va bien au-delà. [...] Il prend position au cœur d'un débat politique interne aux États-Unis", dénonce-t-il.

Un prix de la paix sur mesure

À Miami, Infantino en avait profité pour annoncer la création d'un prix annuel de la paix qui sera attribué pour sa première édition lors du tirage au sort vendredi.

"Le football œuvre pour la paix et, au nom de la grande communauté du football, le 'Prix de la Paix de la Fifa' reconnaîtra les énormes efforts d'individus qui unissent les gens et apportent l'espoir aux générations futures", avait-il déclaré.

Si la Fifa – dont les bureaux new-yorkais sont situés dans la Trump Tower – n'a pas dévoilé le lauréat, le journal britannique The Times avance, en citant plusieurs sources anonymes, que Trump en sera le premier récipiendaire.

De quoi peut-être consoler Trump, qui, depuis le début de son deuxième mandat, clame qu'il mérite le Nobel de la Paix, attribué cette année à la leader de l'opposition vénézuélienne Maria Corina Machado.

Avec AFP