Après la fête des JO, Londres s'apprête à accueillir les Jeux paralympiques. Faute de financement, des pays africains rencontrent des difficultés pour envoyer des athlètes participer à ces dix jours de compétition.
Du 29 août au 9 septembre, quelque 4 200 athlètes de 166 pays sont attendus à Londres pour les Jeux paralympiques, soit environ 250 de plus qu’à Pékin en 2008. Quinze nations - dont la République démocratique du Congo, la Gambie, la Guinée-Bissau, le Libéria, le Malawi ou encore le Mozambique - participeront à cette olympiade pour la première fois.
Peu à peu, les Fédérations handisport se développent en Afrique. L'une des stars de ces Jeux sera d'ailleurs le Sud-Africain Oscar Pistorius, le premier coureur amputé à avoir participé à une olympiade aux côtés des valides.
Mais dans le reste du continent, les moyens financiers et techniques manquent cruellement. Peu d’athlètes handicapés africains peuvent se payer un équipement complet et encore moins les prothèses en fibre carbone de Pistorius fabriquées par une société islandaise et qui coûtent environ 20 000 euros pièce. Faute d'aide, certains pays ne peuvent se permettre d'envoyer de délégation importante à Londres.
"Ils estiment que c'est du gaspillage"
Lors de la cérémonie d'ouverture, le drapeau du Cameroun ne flottera que pour un athlète : Frédéric Atangana Conrad. Ce dynamophile (haltérophile handicapé physique) est le seul sportif de son pays a avoir obtenu sa qualification. Pourtant Étienne Songa, le secrétaire général du Comité national paralympique camerounais (CNPC), souligne que le Cameroun "a au moins une dizaine d'athlètes qui ont le niveau mondial".
Pour préparer les Jeux-2012, le CNPC a demandé un soutien financier auprès du ministère des Sports et de l’Éducation physique, mais les budgets ont été refusés. Les athlètes n'ont pu prendre part qu'à un seul tournoi qualificatif à l'étranger. Malgré des mois d'entraînements, plusieurs sportifs sont donc restés sur la touche.
Selon Étienne Songa, cette débâcle s'explique par un manque d'intérêt des pouvoirs publics : "Ils estiment que l'handisport est du gaspillage, que les handicapés ne sont bon à rien, peut-être juste à quémander ou à travailler dans des épiceries. Les gens qui sont chargés de décider ne savent pas qui nous sommes. C'est notre travail de faire connaître notre sport et de changer les mentalités".
Trouver des financements à l'international
La délégation du Burundi compte elle aussi un seul représentant. Âgé de 23 ans, Rémy Nikobimeze va participer aux épreuves du 800 et du 1500 mètres. Mais sans une aide internationale, le jeune coureur, qui a perdu son bras durant la guerre civile, n'aurait jamais pu réaliser son rêve olympique. Il bénéficie d'un travail de coopération entre son pays et la région des Pays-de-la-Loire (ouest de la France).
C'est le vice-champion du monde du 800 mètres en 1995 à Göteborg, Arthémon Hatungimana, qui a servi d'intermédiaire pour mener à bien ce programme. "J'ai sélectionné cinq athlètes au Burundi et les Pays-de-la-Loire ont payé des billets aller-retour pour aller en Tunisie participer au tournoi qualificatif pour les Jeux. Rémy a réalisé les minima", explique l'ancien athlète.
Ce Burundais devenu entraîneur de l'équipe de France paralympique connaît bien les problèmes rencontrés par les sportifs africains. "C’est très dur. Par exemple, pour un amputé des deux jambes, il ne peut pas faire d’handisport car ça coûte très cher. Pour un fauteuil, il faut compter 5 000 euros. Il n’y a finalement que les amputés des membres supérieurs ou les malvoyants qui peuvent faire de l’athlétisme", constate Arthémon Hatungimana.
L'ancien champion est fataliste. Il sait que le Burundi garde des séquelles après une décennie de conflit (1993-2002)."C’est un pays pauvre. Même les athlètes valides n'ont pas de moyens. C'est comme cela depuis la guerre civile. Le pays commence juste à se reconstruire. La priorité, ce n’est pas le sport, il faut d'abord une cohésion sociale", eplique-t-il.
Développer un équipement moins coûteux
Alerté sur les difficultés rencontrées par plusieurs pays africains, le Comité international paralympique (CIP) s'est mobilisé. "Le CIP a un programme de développement dans lequel nous travaillons avec les comités nationaux pour créer les outils nécessaire à leur progression et pour qu'ils puissent se tenir sur leurs deux pieds", explique Craig Spence, le porte-parole de l'organisation.
Le CIP travaille également avec Motivation, une ONG britannique, pour mettre au point des fauteuils à bas coût (environ 550 euros) utilisés en basket et en tennis handisport. "Dès à présent, nous en avons 4 000 en circulation dans 50 pays. À Londres, nous allons aussi présenter un nouveau modèle pour la course en fauteuil roulant", précise Craig Spence.
Dans quatre ans, à Rio au Brésil, ces équipements moins coûteux permettront peut-être à d'avantage d'athlètes handisport africains de vivre leur passion et de participer aux Jeux paralympiques.