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Washington enrage. Selon le New York Times, l'Irak aiderait son voisin à contourner les sanctions internationales dont l’Iran fait l'objet, en laissant notamment Téhéran participer aux opérations d'échange de devises de sa banque centrale.

La république islamique d’Iran, bien que soumise à une série de sanctions économiques en raison de son programme nucléaire controversé, parvient toujours à renforcer ses réserves en dollars et ce, grâce à son voisin irakien. C’est du moins ce que rapporte le New York Times, dans son édition électronique du 18 août, en citant à la fois des sources au sein de l'administration Obama et des responsables irakiens.

Quand Téhéran achète des dollars

Le prestigieux quotidien américain explique que grâce à un réseau d'institutions financières irakiennes, contrôlées en sous-main par des groupes iraniens, Téhéran parvient à échanger des devises et ainsi, à accéder au système financier international dont l’Iran, sous le coup de sanctions, est théoriquement banni. Ces échanges de devises se produisent notamment sous couvert d’opérations de banques irakiennes et de contrebande pétrolière. Une pratique qui irrite au plus haut point Washington, qui s'en est plaint auprès du gouvernement irakien, selon l’article du New York Times.

De son côté, Bagdad, a démenti les informations du quotidien américain. "Nos échanges avec l'Iran sont transparents. Nous n'avons scellé aucun pacte secret", a réagi Ali Moussaoui, porte-parole du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, lors d'un entretien accordé à l'AFP. Ce dernier a par ailleurs qualifié les accusations portant sur la contrebande de pétrole d’"énormes mensonges".

Ce n’est toutefois pas la première fois que Washington épingle le monde de la finance irakienne au sujet de ses relations troubles avec l’Iran. Ainsi fin juillet, une banque irakienne, l’Elaf Islamic Bank, avait été sanctionnée par Washington car elle avait, selon les autorités américaines, "facilité des transactions d'une valeur de plusieurs millions de dollars de la part de banques iraniennes visées par des sanctions". Interdite, depuis, de toute transaction avec le système bancaire américain, Elaf Islamic Bank participe pourtant toujours, selon des experts cités par le New York Times, aux enchères quotidiennes de la Banque centrale irakienne, où sont échangés dinars irakiens contre dollars américains.

Le Premier ministre Maliki est "au centre de tout cela"

Plus ennuyeux pour Washington, certains responsables du gouvernement irakien fermeraient les yeux sur des échanges commerciaux avec l'Iran, tandis que d'autres tireraient directement profit de ces activités, dont certaines sont, à en croire le quotidien américain, en lien étroit avec le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki. Ce dernier, qui contrôle la banque centrale irakienne, est "au centre de tout cela", affirme ainsi un ancien responsable des renseignements américains au New York Times. "Ces informations placent les États-Unis dans une position inconfortable, car en dépit de son penchant autoritaire et de ses relations privilégiées avec l’Iran, le Premier ministre chiite [Nouri al-Maliki] a réussi à s’imposer comme l’unique alternative pour diriger l’Irak, face aux autres partis intégristes chiites totalement inféodés à l’Iran", explique à FRANCE 24 Karim Sader, politologue et consultant spécialiste de l’Irak et des pays du Golfe.

Toujours selon le quotidien américain, Barack Obama a récemment appris que le gouvernement irakien aidait les Iraniens en les autorisant à utiliser son espace aérien pour transporter de l'aide vers son allié syrien. Il s'en est alors plaint par téléphone auprès de Nouri al-Maliki, et les avions iraniens ont été contraints de prendre une autre route. S’il a obtenu gain de cause sur cette question, le président américain aura davantage de difficultés à demander la fin des échanges commerciaux entre les deux pays, jugés illégaux par la Maison Blanche.

"Depuis la prise du pouvoir par des chiites irakiens en 2003, l’Irak est devenue une pièce maîtresse du dispositif régional iranien connu sous le nom de croissant chiite. Plus récemment, Téhéran a opéré une quasi-satellisation de Bagdad à la faveur du retrait de l’armée américaine via une pénétration culturelle, économique et politique du 'pays chiite irakien'", explique Karim Sader.

Washington risque d’avoir beaucoup de mal à contrecarrer l’influence iranienne en Irak. "D’autant plus qu’étant soumise à des sanctions financières, et inquiète de la tournure de la crise syrienne, Téhéran est plus que jamais tentée de s’accrocher à son voisin irakien", conclut le politologue.

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