logo

Un mineur sur quatre a repris le travail à la mine de Marikana

Un peu plus d'un mineur sur quatre a repris le travail lundi, à la mine sud-africaine de Marikana en proie à un violent mouvement social. L'exploitant Lonmin avait, dimanche, lancé un ultimatum aux grévistes, les menaçant de licenciement.

AFP - Un peu plus d'un mineur sur quatre seulement était présent à son poste lundi matin à la mine sud-africaine de Marikana, où 34 hommes ont été tués par la police la semaine dernière, les autres bravant apparemment un ultimatum de la direction qui menace de licencier les grévistes.

Selon l'exploitant du site Lonmin, près de Rustenburg, dans le nord du pays, 27% des travailleurs de la rotation du matin se sont présentés.

La direction avait fait savoir dimanche que les grévistes qui refuseraient de reprendre le travail lundi s'exposeraient à "un possible licenciement".

Par ailleurs, environ un millier d'hommes s'étaient regroupés sur le terrain vague qui avait accueilli les grands rassemblements de ces derniers jours, refusant toujours de reprendre le travail.

De leur côté, les dirigeants des syndicats étaient réunis pour décider de la conduite à tenir, dans cette mine de platine qui emploie plus de 30.000 personnes.

"Ils peuvent nous virer s'ils veulent, nous ne retournons pas au travail. (Le président Jacob) Zuma doit fermer cette mine", a dit l'un des mineurs présent au rassemblement, s'adressant à ses collègues.

Les grévistes qui avaient déclenché un mouvement sauvage le 10 août étaient environ 3.000 au total. Il n'était pas possible de savoir combien d'entre eux avaient repris le travail lundi matin.

Dimanche, ceux que l'AFP avait interrogés avait clairement indiqué qu'ils n'entendaient pas se conformer à l'ultimatum aussi longtemps que la direction n'auraient pas entendu leurs revendications salariales.

Lonmin s'est contenté de faire savoir que ses dirigeants étaient également en réunion lundi matin. Dans la nuit, l'exploitant avait confirmé sa menace de licencier les grévistes qui refuseraient de reprendre leur poste lundi.

Le petit syndicat AMCU, qui avait encouragé la grève sauvage et réclamé un triplement des salaires des mineurs (1.250 euros contre 400 euros actuellement), avait réuni ses dirigeants lundi. "Nous sommes encore en réunion pour discuter de la question", a indiqué à l'AFP le trésorier du syndicat Jimmy Gama.

L'état-major du puissant syndicat des mines NUM était lui aussi en conclave.

Lundi était le premier jour d'une semaine de deuil national décrétée par le président Zuma, en mémoire des 44 personnes mortes à Marikana. Dix hommes dont deux policiers avaient été tués entre le 10 et le 12 août dans des affrontements intersyndicaux. La fusillade de jeudi a fait ensuite 34 morts et 78 blessés, alors que 259 personnes ont été arrêtés.

Au cours du rassemblement à l'extérieur de la mine, l'un des mineurs, visiblement l'un des leaders du groupe, a affirmé que 11 minibus avaient été loués ce lundi pour transporter des grévistes vers le tribunal où certains de leurs collègues devaient comparaître, dans la région de Pretoria à près de deux heures de route.

Les mineurs interpellés devaient comparaître pour "différentes charges, dont meurtre, tentative de meurtre, vol à main armée, violence publique, etc", a indiqué le porte-parole de la police Dennis Adriao.

L'ambiance au cours de ce meeting n'avait plus rien à voir avec celle des jours précédents. La colère était retombée, les hommes ne portaient plus d'armes blanches et le ton était moins virulent.

L'hélicoptère de la police, qui survole le site depuis quatre jours, se tenait cette fois à distance.

"Lonmin s'intéresse plus aux investisseurs qu'à nous, a lancé l'un des orateurs, nous sommes traités comme des esclaves. Même Zuma est arrivé ici après le massacre, le massacre par sa police".

"Unissons-nous, personne ne va travailler", a dit un autre, "si nous parlons d'une seule voix, nous serons plus forts".