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Gu Kailai, l'épouse du haut dirigeant déchu Bo Xilai, a été condamnée ce lundi à la peine de mort avec sursis pour l’assassinat d'un Britannique, proche de la famille Bo. En Chine, cette sentence est automatiquement commuée en prison à vie.

AFP - La Chinoise Gu Kailai, épouse d'un haut dirigeant communiste déchu, a été condamnée lundi à la peine de mort avec sursis pour l'assassinat d'un Britannique, un crime à la source d'un scandale qui a fortement ébranlé le Parti unique au pouvoir.

Le verdict infligé à l'ancienne avocate internationale, épouse du flamboyant Bo Xilai longtemps promis aux plus hautes fonctions en Chine, a été rendu par un tribunal de la ville orientale de Hefei.

La meurtrière a précisément été condamnée à la peine capitale avec un sursis de deux ans, une sentence qui en Chine est automatiquement commuée en réclusion à perpétuité avec une période de sûreté de 25 ans si le prisonnier ne commet pas de nouveau crime.

"Nous respectons cette décision", a commenté He Zhengsheng, un avocat de la victime, Neil Heywood, un homme resté longtemps proche de la famille Bo avant que leurs relations ne virent à l'aigre.

Peu après l'annonce du verdict, Londres a déclaré "se féliciter" que se soit tenu le procès de Gu Kailai.

"Nous saluons le fait que les autorités chinoises aient mené une enquête sur la mort de Neil Heywood et jugé ceux qu'elles ont identifiés comme responsables (du meurtre)", a indiqué l'ambassade de Grande-Bretagne à Pékin dans un communiqué.

"Nous avons constamment exprimé clairement aux autorités chinoises notre souhait de voir s'appliquer les normes internationales des droits de l'Homme pour les procès concernant cette affaire, ainsi que notre souhait que la peine de mort ne soit pas appliquée", a ajouté la chancellerie britannique.

Gu Kailai, 53 ans, a été jugée le 9 août dernier, lors d'une seule journée de débats à l'issue desquels le jugement avait été mis en délibéré.

Zhang Xiaojun, un employé de la famille Bo accusé d'avoir assisté Mme Gu dans son entreprise criminelle, a lui été condamné à neuf ans de réclusion.

Lors de l'audience, l'épouse de Bo Xilai n'avait pas contesté avoir fait boire un poison létal à Neil Heywood. L'assassinat s'est déroulé un soir de novembre 2011 dans un luxueux hôtel de Chongqing, mégapole alors dirigée par Bo Xilai.

Expliquant avoir souffert d'une dépression et vécu un "cauchemar", l'accusée avait déclaré, selon un compte-rendu d'audience publié par la presse officielle: "Cette affaire a causé des dommages importants au Parti et au pays, au sujet desquels je me dois d'endosser la responsabilité".

"J'accepterai et j'affronterai avec sérénité le verdict me concernant", avait-elle ajouté.

Les débats, auxquels la presse étrangère n'avait pu assister, avaient permis d'illustrer le machiavélisme de Mme Gu et le sang-froid dont elle avait fait preuve dans son assassinat. Notamment la façon dont elle avait soigneusement préparé une solution à base de cyanure, qu'elle avait apportée avec du thé et du vin dans la chambre d'Heywood.

Alors que le Britannique était saoul au point d'avoir vomi et qu'il se trouvait allongé sur son lit, elle s'était mise à son chevet et lui avait elle-même versé le liquide létal dans la bouche, tout en lui parlant.

Ce procès rare s'est inscrit dans l'une des affaires de corruption les plus retentissantes depuis des décennies en Chine.

En plus de mêler argent, crime et politique, ce scandale a en effet exposé des divisions au sein du Parti, alors que ce dernier entend afficher une image d'unité à l'approche de son XVIIIe Congrès en octobre qui verra l'arrivée d'une nouvelle génération de dirigeants.

Pour les experts, la conclusion de ce procès signifie que la direction communiste a atteint un consensus sur la manière de traiter le cas Bo Xilai, alors que les dirigeants communistes veulent tirer un trait sur cette affaire très embarrassante.

L'ambitieux M. Bo, considéré comme plein d'avenir, est tombé en disgrâce au printemps. Objet d'une enquête interne au Parti communiste pour "violation de la discipline du parti", il serait en résidence surveillée.