
Le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé jeudi de mettre fin à la mission des observateurs militaires en Syrie en raison de l'escalade de la violence dans le pays. Le mandat de la Misnus expirera le 19 août.
AFP - Le Conseil de sécurité de l'ONU a annoncé jeudi la fin de la mission des observateurs de l'ONU en Syrie, les grandes puissances étant incapables de s'entendre sur les mesures à prendre face à un conflit qui ne cesse de s'aggraver.
"La constatation générale a été que les conditions n'étaient pas remplies pour la poursuite de cette mission" a indiqué l'ambassadeur de France à l'ONU Gérard Araud, après une réunion du Conseil sur la Syrie.
Le diplomate algérien Lakhdar Brahimi aurait accepté de remplacer Kofi Annan comme médiateur international sur la Syrie, a rapporté l'agence Reuters ce jeudi.
Kofi Annan avait annoncé qu'il démissionnerait fin août de son poste d'émissaire de l'Onu et de la Ligue arabe, qu'il occupait depuis six mois, en raison des blocages que faisaient peser sur son plan de paix les divisions du Conseil de sécurité de l'Onu.
"La mission se terminera dimanche à minuit", a précisé à la presse Edmond Mulet, sous-secrétaire général aux opérations de maintien de la paix.
L'ambassadeur de France à l'ONU, qui préside le conseil en août, a cependant ajouté qu'il existait "une volonté consensuelle du Conseil de maintenir une présence des Nations unies à Damas", après la fin de la mission, sous forme d'un bureau de liaison.
Ce sera "un petit groupe" de probablement 20 à 30 experts politiques, humanitaires et militaires, a précisé M. Mulet, ajoutant qu'il ne savait pas encore qui en serait le responsable, mais que le gouvernement syrien avait donné son accord à sa mise en place.
Il a ajouté que le dernier observateur militaire de la mission quitterait la Syrie le 24 août.
La Russie, qui aurait souhaité que la Mission d'observation en Syrie des Nations unies (Misnus) se poursuive, a pour sa part demandé jeudi que les grandes puissances lancent avec l'Arabie saoudite et l'Iran un appel au gouvernement syrien et à l'opposition pour qu'ils mettent "fin à la violence le plus tôt possible".
L'ambassadeur russe à l'ONU Vitali Tchourkine a proposé une rencontre vendredi à New York du groupe d'action international sur la Syrie pour discuter de cette proposition qui devrait selon lui "demander à toutes les parties de mettre un terme à la violence et préciser le moment spécifique (...) où cela devra se produire".
Le département d'Etat s'est montré prudent, affirmant ne pas vouloir "des réunions pour dire d'avoir des réunions".
La Misnus comprenait à l'origine 300 membres non armés mais ses effectifs avaient progressivement été réduits en raison de l'intensification des combats qui avait obligé à suspendre leurs patrouilles à la mi-juin.
Ils n'étaient plus jeudi que 101, plus 72 civils, selon M. Mulet.
Le Conseil avait passé une résolution le mois dernier, stipulant que la mission de la Misnus ne pourrait être renouvelée s'il n'y avait pas de réduction de la violence des deux côtés.
De fait, le bilan ne cesse de s'alourdir. En 17 mois de conflit, plus de 23.000 personnes ont été tuées, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.
Et combats et bombardements ont continué à faire rage jeudi, après la suspension de la Syrie de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), les Etats musulmans condamnant la poursuite de violences qui suscitent la crainte d'une propagation au Liban voisin.
Les participants à la réunion du Conseil jeudi ont également discuté de qui pourrait remplacer Kofi Annan comme médiateur de l'ONU et de la ligue arabe.
M. Annan doit quitter ses fonctions le 31 août. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, peine à convaincre le successeur pressenti de M. Annan, l'Algérien Lakhdar Brahimi.
Jeudi, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a appelé au départ du président syrien Bachar al-Assad, le qualifiant de "bourreau de son peuple".