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Bombardements acharnés et combats meurtriers se poursuivent à Alep

Les troupes gouvernementales syriennes ont continué à pilonner Alep, ce vendredi. Une boulangerie du quartier de Tariq al-Bab, dans l'est de la ville, a été bombardée en milieu d'après-midi, faisant une dizaine de morts.

AFP - Des combats acharnés se déroulaient vendredi entre l'armée syrienne et les insurgés dans la ville stratégique d'Alep, où le bombardement d'une boulangerie a fait à lui seul une dizaine de morts, ont constaté des journalistes de l'AFP.

A New York, Lakhdar Brahimi, un diplomate algérien rompu aux missions délicates, était pressenti pour remplacer Kofi Annan comme envoyé spécial de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie, malgré les divergences persistantes sur ce dossier au sein du Conseil de sécurité ayant conduit M. Annan à jeter l'éponge la semaine dernière.

Les Etats-Unis s'apprêtent pour leur part à annoncer dans les prochains jours de nouvelles sanctions contre le régime de Bachar al-Assad et ses soutiens.

Pendant ce temps, des combats très violents se poursuivaient à Alep pour le contrôle de cette ville clef (355 km au nord de Damas), près de la frontière turque.

Les autorités ont affirmé avoir repoussé une attaque rebelle contre l'aéroport international de la ville, théâtre de combats depuis le 20 juillet.

Dans un quartier rebelle, Tariq al-Bab (est), un obus est tombé sur une boulangerie au moment où les gens faisaient leurs courses et qu'une importante queue s'était formée devant l'établissement, faisant une dizaine de morts, selon des journalistes de l'AFP, rapportant la mort d'au moins trois enfants.

Par ailleurs, une manifestation organisée tous les vendredis après la prière depuis le début de la révolte en mars 2011 a été violemment réprimée dans un quartier bourgeois (Nouvel Alep) sous contrôle de l'armée. Celle-ci a ouvert le feu sur la foule, tuant d'une balle dans la tête un étudiant de 19 ans, a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Alors que les positions rebelles sont bombardées par voies terrestre et aérienne, les manifestations se sont déroulées sous un slogan en forme d'appel à la communauté internationale: "Donnez-nous des armes anti-aériennes".

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"Des combats intenses"

Des accrochages ont eu lieu dans des secteurs du quartier de Salaheddine (sud-ouest). Les insurgés avaient effectué la veille un "retrait tactique" de ce quartier face aux bombardements intenses de l'armée, selon un chef rebelle local.

"Nous continuons à nous battre car nous n'abandonnerons pas ce quartier", a dit à l'AFP Houssam Abou Mohammad, commandant de la brigade Dera Ashahba de l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles).

Une source de sécurité syrienne a en revanche assuré que l'armée contrôlait tout le quartier et "avançait sur al-Machhad (à l'est) mais que la grande bataille aura lieu à As-Soukkari" (plus au sud).

Appel au respect des lois de guerre

Dans le quartier Hanano, quatre bombes larguées par un Mig 21 sont tombées à l'aube dans la cour du QG de l'ASL et l'autre sur un immeuble d'habitations où il y a eu plusieurs blessés, selon des journalistes de l'AFP.

Très remontés, les occupants ont crié leur colère contre les Etats-unis et la France qui soutiennent pourtant la rébellion. "Personne ne nous aide", ont-ils lancé.

Dans un communiqué, Human Rights Watch a appelé les belligérants à "respecter les lois de guerre" en ne visant pas les civils et en ne menant pas d'attaques indiscriminées.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s'est aussi alarmé de la situation humanitaire à Alep.

"Des milliers de personnes ont quitté leur domicile et commencent à se réfugier dans des bâtiments publics, désormais utilisés comme abris temporaires", a indiqué Marianne Gasser, chef de la délégation du CICR en Syrie, ajoutant que plus de 80 écoles accueillaient des déplacés.

Le CICR se dit d'autant plus inquiet que "le Croissant rouge syrien a dû suspendre la plupart de ses activités en raison du danger extrême sur le terrain". Selon le CICR, "des dizaines de bénévoles" continuent cependant encore de travailler sur le terrain et de livrer de la nourriture.

"Le Conseil de sécurité de l'ONU doit s'unir"

Alors que sa nomination comme médiateur est attendue en début de semaine prochaine, l'ancien chef de la diplomatie algérienne Lakhdar Brahimi, 78 ans, a appelé "le Conseil de sécurité de l'ONU et les Etats de la région à s'unir pour permettre une transition politique dès que possible", dans un communiqué commun avec le groupe des "Anciens" qui réunit des personnalités oeuvrant au règlement des conflits dans le monde.

Le Conseil de sécurité a échoué jusqu'à maintenant à voter toute résolution condamnant le régime syrien en raison des divergences entre les Occidentaux et la Russie.

Près de 17 mois après le début de la révolte, les violences ont fait plus de 21.000 morts en Syrie, selon l'OSDH qui rapporte, pour la seule journée de vendredi, 56 morts, dont 25 civils.

Washington se prépare de son côté, selon un responsable, à renforcer les sanctions économiques contre "à la fois des institutions syriennes et ceux qui soutiennent l'action du régime syrien pour opprimer son propre peuple". Ce responsable n'a pas précisé sur l'Iran et la Russie, principaux pays alliés de Damas accusés de lui fournir des armes, seraient visés par ces sanctions.

L'Iran avait accueilli jeudi une conférence, à laquelle ont notamment participé des représentants de la Russie et la Chine, deux autres soutiens du régime syrien, qui a appelé à l'ouverture d'un "dialogue national" entre l'opposition et le gouvernement syrien.