
Une brève rencontre, mercredi aux Seychelles, entre les deux rivaux de la scène politique malgache, le président déchu Ravalomanana (à gauche) et le président de la transition Rajoelina, n'a pas permis de trouver d'accord de sortie de crise.
AFP - Les deux acteurs-clé de la crise qui paralyse Madagascar depuis 2009, l'ex-président Marc Ravalomanana et le président de la Transition Andry Rajoelina, ont encore échoué à aplanir leurs différends mercredi aux Seychelles, malgré de longs pourparlers indirects et un face-à-face éclair.
"Il n'y a pas d'accord," a déclaré M. Rajoelina à l'AFP, à l'issue d'un face-à-face d'une trentaine de minutes seulement. Le responsable a assuré que les discussions se poursuivraient, sans toutefois annoncer de date.
M. Rajoelina n'a pas non plus donné de détails sur le déroulement de la rencontre. Mais avant le face-à-face déjà, l'un de ses conseillers s'était montré pessimiste, affirmant qu'il n'y aurait "pas d'accord ce soir", car "les positions des deux sont diamétralement opposées".
M. Ravalomanana, président déchu, et M. Rajoelina, qui l'a renversé avec l'aide de l'armée en 2009, se voyaient pour la deuxième fois en deux semaines aux Seychelles. Un premier face-à-face sur un îlot isolé de l'archipel, alors présenté comme crucial et inédit, n'avait déjà débouché sur rien fin juillet.
Cette semaine, MM. Ravalomanana et Rajoelina étaient tous deux arrivés mardi à Mahé, la principale île des Seychelles.
Toute la journée de mercredi, des discussions ont eu lieu entre chacun des camps via les présidents sud-africain, Jacob Zuma, et seychellois, James Michel, médiateurs dans ce dossier. Le nouveau face-à-face entre les deux protagonistes de la crise malgache n'a cessé d'être reporté, jusque tard dans la soirée.
M. Zuma devait quitter les Seychelles dès mercredi soir.
MM. Ravalomanana et Rajoelina devaient notamment essayer de lever les blocages entravant l'organisation d'élections, en particulier d'une présidentielle dont les deux tours sont prévus les 8 mai et 3 juillet 2013.
Des législatives devraient être jumelées avec le second tour de la présidentielle et suivies de municipales le 23 octobre, selon le calendrier annoncé le 1er août par la commission électorale malgache (Cénit).
Le rapide face-à-face s'est déroulé mercredi à huis clos dans un grand hôtel de Mahé, et non plus sur le minuscule îlot isolé de Desroches, à 230 km de là, où avait été organisée, à l'abri des médias, la première rencontre il y a deux semaines.
Nouvel ultimatum
La Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), qui, via M. Zuma, mène les efforts de médiations, avait initialement donné jusqu'au 31 juillet aux deux rivaux pour trouver un accord, avant de repousser son ultimatum au 16 août après l'échec du premier face-à-face.
MM. Rajoelina et Ravalomanana doivent désormais en théorie s'entendre avant le prochain sommet de la SADC, les 17 et 18 août à Maputo, faute de quoi l'organisation régionale menace d'exclure du processus de réconciliation celui qui sera jugé responsable du blocage.
Parmi les principales pierres d'achoppement figurent le retour à Madagascar de M. Ravalomanana, exilé en Afrique du Sud depuis sa chute, ses démêlés avec la justice malgache et la question de sa candidature à la future présidentielle.
M. Ravalomanana a été condamné par contumace aux travaux forcés à perpétuité, pour la mort d'une trentaine de manifestants abattus par sa garde présidentielle en 2009 à Antananarivo, mais continue d'afficher sa ferme volonté de revenir à Madagascar se présenter à la prochaine présidentielle.
Il a été empêché à deux reprises de revenir dans son pays par les actuelles autorités qui ont averti qu'il serait arrêté s'il y reposait le pied.
Ces questions du retour du président déchu et de la validité de sa condamnation paralysent le processus de réconciliation en cours à Madagascar auquel participe également le reste de la classe politique.
Signe des tensions persistantes entre les deux hommes, MM. Ravalomanana et Rajoelina avaient tous deux tenus des propos très durs mardi à la veille des discussions.
L'ex-chef de l'Etat s'était, dans un communiqué, insurgé contre sa condamnation, prononcée selon lui par un "tribunal fantoche". "Le seul moyen qu'ils ont pour essayer d'empêcher mon retour est de prétendre que je suis coupable d'un crime alors que je ne le suis pas", avait-il affirmé.
Avant de rejoindre l'archipel, Andry Rajoelina avait lui estimé que M. Ravalomanana ayant "déjà fait l'objet d'une condamnation", il n'avait "plus les pleins droits de se présenter à l'élection présidentielle".