Maurice Costa était connu des services de police comme l’un des piliers de l’organisation de la "Brise de mer", réputée pour ses nombreuses attaques à mains armées dans les années 1980-90. Onze membres de l’organisation ont été tués depuis 2008.
AFP - L'un des principaux dirigeants présumés du grand banditisme corse, Maurice Costa, présenté par la justice comme un pilier de la bande de la "Brise de mer", a été assassiné mardi dans une boucherie au coeur de son fief de Haute-Corse.
Maurice Costa, 60 ans, a été tué à 11H08 d'au moins deux décharges de chevrotine tirées à travers la vitrine de cette boucherie du village de Ponte-Leccia tenue par l'un de ses cousins, a indiqué le parquet.
Atteint au thorax, il a été tué sur le coup. Quatre étuis ont été trouvés sur place près du magasin, dans une zone commerciale de Ponte-Leccia. La victime, dont les déplacements habituels étaient pourtant entourés d'un luxe de précautions, y avait ses habitudes.
Une seule arme de chasse aurait été utilisée et, selon des témoins, deux hommes cagoulés se sont ensuite enfuis. Une voiture calcinée, qui a pu être utilisée par les tueurs, a été retrouvée à une vingtaine de km de Ponte-Leccia, selon le substitut du procureur de la République à Bastia, Yves Paillard.
M. Paillard a confirmé que plusieurs clients se trouvaient dans la boucherie dont la vitrine s'est effondrée sous les tirs. Un employé a été légèrement blessé au visage par des éclats de verre.
Il a annoncé que, "eu égard au passé et à la personnalité de la victime", le dossier serait transmis à la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs, chargée des affaires de grand banditisme) de Marseille.
Cet assassinat, en pleine saison estivale, a provoqué la stupeur à Ponte-Leccia et dans la région où la famille Costa est très connue. L'un des quatre frères de la victime, Jacques Costa, est maire de leur village de montagne de Moltifao, à une dizaine de kilomètres de Ponte-Leccia, et conseiller général (PRG) de Haute-Corse.
Issu d'une famille de sept enfants, Maurice Costa est le onzième membre présumé de la "Brise de mer" assassiné depuis 2008 dans le cadre de règlements de comptes visant notamment à prendre la succession des dirigeants disparus.
Guerre sans pitié
Cette puissante organisation criminelle ayant eu des ramifications sur le continent et à l'étranger s'était illustrée dans les années 1980/90 lors d'une centaine d'attaques à main armée notamment contre des banques et pour le contrôle d'établissements de nuit et du trafic des machines à sous.
Il a notamment été attribué à la "Brise" le casse de l'Union des banques suisses en mars 1990 dont le butin de 31,4 millions de FS n'a jamais été retrouvé.
Pilier présumé de cette bande, dont le nom est celui d'un bar de Bastia où ses membres se réunissaient, Maurice Costa s'était constitué prisonnier en novembre 2010 à la gendarmerie de Moltifao, puis avait été remis en liberté.
Mis en examen en mai 2010 pour infractions financières par la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs, chargée des dossiers de grand banditisme) de Marseille, il avait échappé peu après avec l'un de ses frères, Dominique, mis en examen dans la même affaire, à un coup de filet de la gendarmerie dans leur village. Les militaires opéraient dans le cadre d'une enquête pour abus de biens sociaux, investissements financiers suspects et blanchiment d'argent.
Dominique Costa s'était à son tour constitué prisonnier peu après et avait effectué six mois de prison préventive près d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).
Dans cette guerre sans pitié entre clans insulaires, leur neveu, Florian Costa, 30 ans, avait été tué par balles en décembre 2010 dans sa voiture où se trouvaient ses deux enfants âgés de 8 mois et 5 ans.
Fiché depuis longtemps au grand banditisme, Maurice Costa s'était spectaculairement évadé, en 2001, de la prison de Borgo, près de Bastia, en compagnie de deux autres dirigeants présumés de la "Brise de mer", l'ancien chef présumé Francis Mariani, tué en 2009 dans l'explosion d'un hangar agricole, et Pierre-Marie Santucci, assassiné la même année.
Les trois hommes étaient sortis par la grand porte de la maison d'arrêt dont la direction avait reçu auparavant par télécopie un faux ordre de remise en liberté sur papier à en-tête de l'administration judiciaire.