Le robot Curiosity s'est posé avec succès lundi matin sur Mars. Tous les yeux sont désormais braqués sur ce Sherlock Holmes électronique de 900 kilos dont la mission est de découvrir si une forme de vie a déjà existé sur la planète rouge.
Lundi 6 août, à 7h31 (heure de Paris), le robot Curiosity, dernier-né de la Nasa s’est posé sans encombre sur Mars au terme d’un voyage de près de 9 mois et de 570 millions de kilomètres. Un exploit et un soulagement pour l'agence spatiale américaine, qui n'avait jamais envoyé un robot aussi imposant - 900 kilos - sur une autre planète.
"C’est un moment historique ici, à la Nasa", confie, ému, depuis Pasadena (Californie) Frédéric Castel, spécialiste des questions spatiales, contacté par France 24. Les membres de la mission de contrôle ont explosé de joie à l’annonce de l'atterrissage du robot, au terme d’une descente de sept minutes extrêmement délicate.
La mission qui attend désormais ce mastodonte se déplaçant sur six roues est colossale : découvrir si l’environnement martien a pu, un jour, abriter une forme de vie, ne serait-ce que microbienne. Et, pour tenter d'apporter une réponse à la "curiosity" de l’humanité, - et justifier le coût de l’opération chiffrée à 2,5 milliards de dollars (environ 2 milliards d'euros) – le super-robot bénéficiera d’une année martienne – soit 98 semaines terrestres (environ 2 ans).
Traquer les molécules de carbone organique
En 2004, ses aînés, Spirit et Opportunity avaient déjà tenté d’apporter une réponse à ce "pari sur la vie" lancé par la Nasa. Ces derniers avaient fourni des informations non négligeables sur la planète rouge. Mais la mission de Curiosity est bien plus ambitieuse. Jusqu’ici, les engins envoyés sur Mars n’avaient recherché que des traces de la présence d’eau - indispensable à la vie telle qu'elle a évolué sur la Terre. Désormais, Curiosity se mettra en chasse des indices du deuxième ingrédient nécessaire pour qu’une vie puisse se développer : les molécules de carbone organique. Les spécialistes estiment que ces dernières pourraient se nicher, comme sur la planète bleue, au cœur des roches présentant plusieurs strates sédimentaires.
Pour mener à bien son enquête et traquer le moindre indice de vie microbienne, ce Sherlock Holmes électronique est doté d’une technologie de pointe. Alimenté par un générateur nucléaire – capable de lui fournir de l’électricité durant 14 ans -, cette sorte de super-laboratoire roulant est capable d’effectuer des prélèvements en perçant le sol tout en communiquant avec la Terre. Il possède pour ce faire de nombreux outils (certains de conception et de fabrication française) notamment un mât composé des caméras à haute définition et un laser capable d'étudier les données relevées.
"Il est à lui seul une prouesse technologique", explique Frédéric Castel. "Il sera capable, à la différence de ses prédécesseurs, de faire lui-même des analyses de roche, de mener des expériences, comme un géologue qui serait sur Mars." Un concentré de haute technologie dont le président américain Barack Obama s’est enorgueilli sur Twitter. " Sur Mars, les États-Unis ont fait l’histoire", s’est-il félicité.
Envoyer des humains sur Mars ? Pas avant 2030…
Reste à savoir si l'enquête de Curiosity pourra également permettre la réalisation d’un vieux fantasme terrien : une éventuelle colonisation humaine de la planète rouge… Selon Doug McCuistion, directeur de programme d'exploration de Mars à la NASA, la question est non seulement loin d’être farfelue mais constitue même l’un des objectifs de "l’American robot".
"Habiter Mars ? Pourquoi pas, mais pas avant 2030… au moins !", estime de son côté Frédéric Castel. Selon l'expert, avant qu’un nouvel Neil Armstrong ne foule le sol de la planète rouge, il faudra d’abord trouver le moyen de survivre au voyage de deux ans que l’opération impliquerait. "Les radiations [solaires notamment] tueraient les astronautes avant d’arriver sur Mars", explique-t-il. En outre, conclut-il, à voyage hors-norme, budget faramineux. "Une telle mission coûterait certainement une centaine de milliards de dollars…" Un gouffre financier jugé, pour l'heure, intersidéral.