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Paris veut limiter les importations de véhicules sud-coréens

Face aux importations de véhicules sud-coréens qui concurrencent la production locale, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg demande une mise sous surveillance de l'accord de libre-échange entre l'UE et la Corée du Sud.

AFP - La France a demandé vendredi à la Commission européenne de mettre sous surveillance l'accord de libre-échange conclu entre l'UE et la Corée du Sud, lui reprochant de favoriser les importations de véhicules coréens au détriment des constructeurs locaux.

Paris a envoyé à la Commission "une demande de mise sous surveillance des importations de véhicules en provenance de Corée du Sud", a annoncé le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg.

Cette décision "fait suite à la progression très importante des importations en France de véhicules de tourisme coréens", a-t-il justifié dans un communiqué. Selon les chiffres du ministère, sur les deux premiers mois de l'année, la hausse est de 50%.

"Les segments des véhicules à moteur diesel, notamment les petites cylindrées, sont particulièrement touchés, avec des hausses très importantes", souligne le ministre.

Pour lui, "les conditions pour la mise en oeuvre d'une mise sous surveillance sont réunies" car l'accord, entré en vigueur au 1er juillet 2011, prévoit que les Etats membres de l'Union européenne (UE) saisissent la Commission européenne en cas d'"une augmentation soudaine des importations".

Cette mise sous surveillance "conduit à imposer aux importateurs l'obtention d'une autorisation de la Commission européenne préalablement à toute importation", ce qui permettrait de mesurer les effets de cet accord et "d'envisager les nouvelles dispositions à prendre si les relations commerciales s'avèrent trop inégales", selon le ministre.

M. Montebourg avait déjà violemment critiqué cet accord lors de la présentation la semaine dernière d'un plan de soutien au secteur automobile français, mal en point. Il avait estimé qu'il avait été "naïvement passé".

De fait, les immatriculations des marques Hyundai-Kia en France ont augmenté de 28,6% sur les six premiers mois de marché à 31.350 unités et les deux marques ont à elles deux 3% de part de marché, selon les chiffres du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA).

Varin avant Montebourg

Elles restent bien loin derrière PSA Peugeot Citroën, premier avec 30,6% de part de marché, suivi par Renault avec 22,8%. Ce dernier importe d'ailleurs aussi des véhicules de Corée du Sud où il a une usine.

Beaucoup de voitures vendues par les Sud-Coréens ne proviennent pas de Corée du Sud. Hyundai produit en République tchèque et Kia en Slovaquie et cette production n'est pas concernée par l'accord de libre-échange.

"Plus de 50% des véhicules Kia vendus en France proviennent de son usine européenne", a souligné un porte-parole du constructeur joint par l'AFP. "Nous sommes un acteur européen", a-t-il insisté.

Une porte-parole de Hyundai n'a pas fait de commentaire, renvoyant aux propos tenus la semaine dernière par le directeur général France, Patrick Gourvennec. "Nous avons importé près de 2.000 voitures produites en Corée pour le marché français" sur les six premiers mois de l'année.

Les tarifs douaniers pour les petites voitures sud-coréennes, fixés à 10% avant l'accord, sont passés à 8,3% à partir du 1er juillet 2011 puis à 6,7% depuis le 1er juillet 2012 et ils doivent être à 0% en 2016.

Pour les voitures de moyenne cylindrée et de grosse cylindrée, le tarif douanier a été réduit à 4% depuis le 1er juillet 2012.

Le secteur automobile français s'en était déjà pris à cet accord par le passé et le président du directoire de PSA Peugeot Citroën, Philippe Varin, s'en est encore inquiété la semaine dernière.

La Commission européenne étudie à présent l'ouverture de négociations de libre-échange entre l'Union européenne et le Japon, ce qui suscite de nouvelles inquiétudes.