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Dwain Chambers ou le retour d’un dopé repenti

Suspendu à vie pour dopage par le Comité olympique britannique, Dwain Chambers disputera dimanche le 100 m à Londres, grâce à une décision du Tribunal arbitral du sport. L’occasion pour le sprinter anglais de tourner une page noire de sa carrière.

"Je pensais que je regarderais les Jeux à la télévision." Suspendu à vie pour dopage en 2003 par l’Association britannique olympique (BOA), Dwain Chambers avait presque perdu tout espoir de participer aux Jeux olympiques à Londres, sa ville natale. Grâce à la décision favorable du Tribunal arbitral du sport (TAS) rendue publique en avril dernier, le sprinter anglais a recouvré le droit de représenter son pays aux Olympiades.

Si son nom a été retenu in extremis parmi les athlètes qui défendront les couleurs de la Grande-Bretagne au 100 m et 4x100 m, Dwain Chambers demeure cependant un paria dans le milieu sportif britannique qui semble ne lui avoir toujours pas pardonné sa condamnation pour dopage. "Ce sera difficile d’encourager quelqu’un qui a triché", a même lâché une fois Paula Radcliffe, la marathonienne britannique.

"Je ne m’attends pas à un parcours facile aux Jeux"

L’ancien champion du monde sur 60 m en est  conscient : "Je ne m’attends pas à un parcours facile aux Jeux, a-t-il reconnu lors d’un point de presse à Londres. Les gens pensent que si vous représentez votre pays, vous ne devez pas tricher avec ça. Je l’ai fait. Je le sais et la seule façon de racheter leur confiance est maintenant de courir du mieux que je peux."

Un défi personnel que le sprinter s’apprête à relever dimanche 5 août sur le 100 m aux côtés des favoris jamaïcains de l’épreuve, Usain Bolt et Yohan Blake, respectivement champion olympique et champion du monde en titre. Une médaille pourrait sans doute faire effacer son image de brebis galeuse dans l’esprit des supporters britanniques.

En 1995, lorsqu’il se révèle sur le 100 m aux championnats d’Europe juniors, toute l’Angleterre est derrière lui. Il n’a que 19 ans lorsqu’il bat, deux ans plus tard, le record mondial de sa catégorie (10s 06). Confirmant son statut d’espoir de l’athlétisme britannique, il multiplie les performances dont une médaille de bronze aux championnats du monde de Séville en 1999, avec un record personnel de 9s 97. Les meilleurs moments de sa carrière avant sa descente aux enfers.

En quête de rédemption

Lorsqu’il est contrôlé positif, le sprinter anglais est au sommet de son art avec un titre et un record européens (9s 87). Tout cela lui est alors enlevé, ainsi que les autres performances réalisées depuis 2002. Il est même condamné à rembourser toutes les primes perçues en meeting.

Dwain Chambers veut changer de "métier" : il s'essaye au football américain, puis au rugby. Sans succès. En 2006, il est de nouveau autorisé à courir, mais toujours interdit de participer aux Jeux olympiques, suite à la règle du BAO qui exclut à vie pour les JO tout athlète britannique contrôlé positif. Malgré sa qualification pour Pékin, l’ancien dopé reste à la maison. Les recours judiciaires engagés contre son comité national olympique se soldent par des échecs.

Dwain Chambers ne se décourage pas. Il travaille son image de repenti en quête d’une seconde chance. Dans son livre autobiographique, "Race against me", paru en 2009, il revient sur les années sombres de sa carrière et multiplie des aveux. "Je prenais de tout : pas seulement du THG, de l'EPO ou du HGH, mais aussi de la testostérone pour m'aider à dormir et réduire mon cholestérol, ou de l'insuline. J'étais devenu un junkie ambulant", écrit-il.

En quête de rédemption, il sillonne les centres de formation, les clubs et les associations de jeunes pour prêcher la lutte contre le dopage. "Tout le monde ne me pardonnera peut-être pas, mais moi je veux continuer à donner l'exemple et à inspirer des gens. Avant tout, je me suis pardonné à moi-même. Pour être libre, il faut laisser derrière soi les punitions qu'on s'inflige", a-t-il expliqué récemment à des élèves d’une école britannique. Lors de ces Jeux à domicile, le sprinter londonien rêve de consécration et surtout de rédemption.