En deux jours, les nageurs français ont décroché trois médailles d’or à Londres. Un succès éclatant, fruit d’un projet sportif initié après l’échec d’Atlanta.
Des Jeux d’Atlanta à ceux de Londres, les nageurs français sont passés de l’ombre à la lumière : d'aucune médaille en 1996, ils en sont déjà à quatre cette année.
Après la débacle américaine, il y a 16 ans, Claude Fauquet, qui était, à l'époque, directeur technique national, avait alors décidé de revisiter les règles du jeu de la natation tricolore pour en relever le niveau. "Il existe aujourd’hui des règles draconiennes de sélection pour les compétitions internationales, confirme Anne Riff, la coordonnatrice du Pôle espoir de natation. Des contraintes énormes sont exigées des nageurs pour obtenir le droit de représenter la France", explique-t-elle.
À partir de 2004, la stratégie Fauquet a effectivement donné ses premiers fruits et la France est revenu en force dans les bassins. Laure Manaudou, du Cercle des nageurs de Melun-Dammarie, triomphe dans la piscine olympique à Athènes. Une première depuis Jean Boiteux aux Jeux d’Helsinki, 52 ans plus tôt ! À Pékin, en 2008, c'est cette fois Alain Bernard, du Cercle des nageurs de Marseille, qui confirme le renouveau, en remportant une nouvelle médaille d’or.
Pour la Fédération française de natation (FFN), le secret de cette réussite est le fruit d’une dynamique d’ensemble. "Des centres d’excellence subventionnés par l’État et les structures mises en place par les clubs de natation les plus performants constituent le socle de la renaissance de la natation française", explique à FRANCE 24 Jean-Lionel Rey, conseiller technique national et entraîneur du Pôle France de l’Insep.
Les centres d’excellence
Neuf centres d’entraînement sont actuellement implantés partout en France pour accompagner la FFN dans sa démarche. "On les appelle des 'Pôles France' : ce sont neuf lieux de culture de la médaille olympique, commente Jean-Lionel Rey. Nous y préparons les nageurs à l’accession aux finales et podiums olympiques et mondiaux, en leur offrant les meilleures conditions d’entraînement", renchérit le technicien, rappelant que "Maria Matella, vice-championne olympique en 2004 sur 50m nage libre, est passée par l’Insep".
À côté des Pôles France, la FFN s’appuie également sur 22 Pôles "Espoir" et 7 Pôles "Jeunes" qui recrutent et encadrent les jeunes talents dans leur apprentissage. "Nous y recrutons des jeunes pour un cycle de formation de trois à quatre ans lors des journées de sélection, commente Anne Riff. Les sélectionnés doivent satisfaire à un test sportif sur leur aptitude sportive et psychologique".
Aux Jeux de Londres, Camille Muffat, Clément Lefert et Yannick Agnel, nouvelles étoiles montantes de la natation française, sont tous sociétaires de l’Olympique Nice Natation, signe de la complémentarité entre les Pôles "France" et les structures privées. "C’est la force même de la natation française d’aujourd’hui, avance Jean-Lionel Rey de l’Insep. L’émergence de toutes ces structures, publiques ou privées, entraînent non seulement de l’émulation mais aussi l’éclosion d’une équipe de France toujours plus efficace."