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L'État allemand doit-il sauver Opel ?

L'allemand Opel, qui subit de plein fouet les difficultés financières de sa maison mère, le groupe américain General Motors, a demandé l'aide financière de l'État qui hésite à la fournir. De peur qu'elle ne profite au géant de Detroit.

Le Parlement du Land de Hesse a ouvert mercredi la voie à une garantie de 500 millions d'euros pour prêter main forte au constructeur Opel, qui subit de plein fouet les difficultés financières de sa maison mère, le groupe américain General Motors.


C'est une étape décisive dans le sauvetage d'Opel qui demande au total une garantie de plus d'un milliard d'euros aux régions et à l'Etat fédéral, pour surmonter ces heures difficiles.


Il en va de la survie du constructeur. Tous ses bénéfices sont en effet absorbés par General Motors, au bord de la faillite. Opel pourrait donc mettre la clé sous la porte, s'il n'obtient pas cette garantie publique.


L’argent des contribuables dans les caisses vides de GM ?


Malgré les appels à l'aide du constructeur, le premier à se tourner vers les pouvoirs publics, l'Etat allemand se donne le temps de la réflexion avant de prendre une décision. Il n'est en effet pas question que l'argent des contribuables allemands soit rapatrié vers les Etats-Unis pour renflouer les caisses vides de General Motors. Avant de donner sa réponse au mois de décembre, le gouvernement allemand a donc d'ores et déjà posé comme condition que le plan de sauvetage ne profite pas à la maison mère d'Opel.


Mais le patron du constructeur, Hans Demant, qui a été reçu le 17 novembre par la chancelière Angela Merkel est confiant. Il a déclaré, jeudi, au quotidien économiste Handelsblatt, qu'"il percevait une volonté d'aider Opel, au niveau du Land et de l'Etat fédéral." Il a par ailleurs assuré que l'aide publique allemande n'était qu'une garantie à laquelle Opel ferait appel "dans le pire des cas".


En attendant, la controverse va bon train. Faut-il aider le patient Opel ? Oui, selon l'association allemande de l'industrie automobile (VDA) qui considère que le constructeur n'est pas responsable de sa descente aux enfers. Non, selon de nombreux politiques qui voient d'un mauvais œil l'intervention de l'Etat dans un secteur industriel qui vit de la concurrence.


Une affaire de cœur


Toujours est-il qu'Opel compte 26 000 salariés en Allemagne et, si l'on prend en compte les sous-traitants, 70 000 emplois dépendent du bon fonctionnement de l'entreprise. C'est donc sans surprise que le Parlement régional du Land a voté à l'unanimité le plan de sauvetage local : 60% des salariés d'Opel vivent dans le Land de Hesse.


Mais Opel c'est aussi une affaire de cœur. Thomas Schmid, le rédacteur en chef du quotidien conservateur Die Welt rappelait, jeudi, combien les Allemands sont attachés à la marque : "C'est de Rüsselsheim, le siège d'Opel en Hesse, qu'est sortie la P4, la première voiture populaire allemande". Difficile donc de laisser le constructeur qui fêtera ses 150 ans en 2012 sombrer dans la crise.


Mais si l'Etat fédéral vole au secours d'Opel, il encourt le risque de voir d'autres secteurs exiger de l'aide. L'industrie automobile n'est en effet pas la seule à pâtir de la crise : la chimie et la métallurgie, entre autres, rencontrent de grandes difficultés. BASF, le géant allemand de la chimie, a ainsi annoncé, jeudi, la fermeture temporaire de 80 usines et la réduction de sa production.