Pour la première fois en trente ans d'observation, la Nasa a annoncé mardi la fonte - en juillet - d'environ 97 % de la surface gelée du Groeland. Ce dégel sans précédent alarme les glaciologues quant à ses conséquences.
C’est la fonte du siècle. La Nasa a révélé, mardi 24 juillet, la disparition de 97 % de la surface gelée du Groenland le 12 juillet. Elle s'est reformée quelques jours plus tard. Jamais en 30 ans d’observation de cette immense espace gelé, l’agence spatiale américaine n’avait constaté un tel phénomène.
“C’est tellement extraordinaire que je me suis d’abord dit qu’il devait s’agir d’une erreur”, explique Son Nghiem, le scientifique qui, le premier, a observé cette gigantesque fonte des glaces. L’agence américaine a mobilisé plusieurs universitaires américains et a effectué deux autres relevés par satellite avant de conclure officiellement à la disparition presque complète, pendant quelques jours, de la surface gelée du Groenland.
“Attention, il ne s’agit pas de la fonte de toute la calotte glacière du Groenland, qui fait à certains endroits deux à trois kilomètres de profondeur, mais uniquement de la couche de surface”, précise à FRANCE 24 Alain Mazaud, physicien au Laboratoire des sciences du climat et l'environnement (LSCE). Le phénomène reste cependant unique par rapport aux observations jusqu’alors effectuées. “En général chaque été, environ 50 % de la surface gelée fond, soit deux fois moins que cette année”, souligne la Nasa.
Un phénomène cyclique
Début juillet, un ensoleillement exceptionnel et des températures au dessus de 0° C ont été au rendez-vous plus longtemps que prévu. Après la fonte momentanée de la calotte, un énorme bloc de glace de plus de 200 km² - soit deux fois la superficie de Paris - s’est détaché, le 18 juillet, du glacier groenlandais. “Ces deux phénomènes mis bout à bout forment une histoire complexe”, souligne Tom Wagner, responsable du programme d’observation des glaciers à la Nasa.
Selon le chercheur, le réchauffement climatique n’est pas forcément à l’origine de cette fonte exceptionnelle. Pour le savoir, “il faudra maintenant attendre de voir si une telle fonte se reproduit les prochaines années”, précise Alain Mazaud. Pour l’heure, “il peut simplement s’agir d’une rare conjonction de conditions climatiques et météorologiques”. Ou alors d’un événement périodique : “Un phénomène similaire semble se produire environ tous les 150 ans”, note Lora Koenig, climatologue à la Nasa, qui rappelle qu’une telle fonte s’est déjà produite en 1889.
Reste maintenant à savoir quel effet aura cette disparition subite des glaces sur le niveau de la mer autour du Groenland. Habituellement, l’eau générée par la fonte de la glace regèle très rapidement, et n’affecte que faiblement le niveau de l’eau. Mais cette fois-ci, l’air chaud a persisté au dessus du Groenland. Conséquence : l’eau n’a peut-être pas gelé assez vite pour éviter une montée du niveau des océans, juge la Nasa qui cherche à mesurer l’impact de cette fonte inhabituelle.