Thierry Peugeot, le président du conseil de surveillance de PSA Peugeot, a évoqué un risque d’OPA sur le groupe due, notamment, aux critiques du gouvernement à son encontre. Un risque bien réel, mais encore limité.
“Tout est possible”. Thierry Peugeot, le président du conseil de surveillance de PSA Peugeot Citroën a agité, jeudi 19 juillet, le spectre d’une OPA (offre publique d'achat) sur le groupe dans un entretien accordé au quotidien "Le Figaro". Les actions du groupe, dont la valeur a chuté de 77 % en un an, pourraient être une cible de choix pour un autre constructeur ou un investisseur, selon lui.
Au cours actuel, la capitalisation boursière de Peugeot Citroën est de 2 milliards
d’euros contre 60 milliards pour le leader européen, Volkswagen. Thierry Peugeot prévient que la famille Peugeot ne détient que 25 % du capital du groupe. Pas de quoi, donc, s’assurer que PSA reste dans le giron de la famille.
Une manière de répondre aux récentes critiques du gouvernement à l’égard du groupe.“Si le cours a chuté autant, c’est que les attaques dont le groupe fait actuellement l’objet ont un effet immédiat sur leur perception du groupe”, assure-t-il au quotidien conservateur français.
Il vise à la fois le ministre français du Redressement productif, Arnaud Montebourg, et le président François Hollande. Ce dernier avait jugé, samedi 14 juillet, que le plan social - qui prévoit la suppression de 8 000 emplois au sein de PSA - était “inacceptable en l’état”, tandis que son ministre avait vivement critiqué, en début de semaine, la stratégie industrielle de Peugeot Citroën.
Pour le président du conseil de surveillance, c’est donc le sommet de l’État qui laisse planer un risque sur l’indépendance de l’un des fleurons historiques de l’industrie française. Le contexte serait favorable à une telle OPA. “L’industrie automobile est en pleine période de concentration pour réduire les coûts, et une marque aussi connue à l’international que PSA doit forcément faire envie”, analyse Pascal de Lima, économiste et enseignant à Sciences-Po Paris. "Les actifs de Peugeot Citroën comme ses centres de recherche et ses chaînes de montage ont une valeur évidente", précise Marc Ivaldi, économiste spécialiste du secteur des transports à l'École d'économie de Toulouse.
Les actionnaires pourraient également voir avec intérêt le groupe tomber entre de nouvelles mains. “Une OPA est l’un des meilleurs moyens d’enrayer la chute du cours de l’action, car elle crée toujours une nouvelle demande sur les marchés”, remarque Pascal de Lima.
Un lion chinois ?
Outre le risque de l’OPA, c’est en filigrane la possibilité de voir la marque au lion rugir en chinois dans un avenir plus ou moins proche qu’évoque Thierry Peugeot. “Ce sont en effet les repreneurs les plus probables puisqu’une OPA sur trois en Europe est le fait d’investisseurs chinois”, note Pascal de Lima. “Les rachats de Volvo et de Saab montrent que les Chinois s’intéressent au marché européen de l’automobile”, précise au quotidien économique "Les Échos", Florent Couvreur, analyste chez CM-CIC, la société d’investissement de la banque CIC.
Mais si un tel scénario est “possible”, il n’est pas forcément probable. Peugeot Citroën n’est pas (encore) tombé aussi bas que Saab ou Volvo lors de leur rachat. Si la branche automobile du constructeur français affiche des pertes, le groupe dans son ensemble dégage toujours des profits - 588 millions d’euros en 2011 - essentiellement grâce à ses activités de banque ou d’équipementier pour les voitures.
Il faudrait ensuite qu'un repreneur potientiel soit prêt à mettre sur la table 2 milliards d'euros, au moins, et à gérer les retombées socio-politiques que le rachat d'une marque historique risque d'engendrer. Le prix et les complications "limitent fortement le nombre de repreneurs potentiels", conclut Marc Ivaldi, qui estime que la situation n'est pas encore mûre pour une telle OPA.