
Des milliers de Zimbabwéens sont venus rendre un dernier hommage à l'épouse du nouveau Premier ministre, Morgan Tsvangirai, qui a trouvé la mort dans un accident de la route, la semaine dernière.
AFP - Des milliers de Zimbabwéens ont rendu hommage mardi à Susan Tsvangirai, l'épouse du Premier ministre, tuée la semaine dernière dans une collision qualifiée d'accident par le président Robert Mugabe qui a évoqué de manière fataliste "la main de Dieu".
"Je vous demande de l'accepter, c'est la main de Dieu", a déclaré le chef de l'Etat lors d'une cérémonie dans une église méthodiste de Harare, trop petite pour contenir toute l'assistance.
"Cela va lui (M. Tsvangirai) prendre du temps pour s'en remettre (...) Nous sommes dans une situation difficile. Notre collègue a perdu sa femme", a-t-il poursuivi devant le cercueil de Mme Tsvangirai. "Nous sommes de tout coeur avec vous", a assuré M. Mugabe, 85 ans et au pouvoir depuis 1980.
Vêtu d'un costume noir et de lunettes de soleil, le nouveau Premier ministre, légèrement blessé dans l'accident, n'a pas souhaité s'exprimer devant ses partisans, les membres du parti du chef de l'Etat et des diplomates.
Il a cependant, à l'instar de son ancien rival Mugabe et de la Grande-Bretagne, exclu la veille toute tentative d'assassinat. "C'est un accident et malheureusement elle en est morte", a déclaré à ses proches l'ancien opposant, qui a été l'objet de plusieurs tentatives d'assassinat par le passé.
Plus de 10.000 personnes se sont rassemblées mardi après-midi pour honorer la mémoire de Mme Tsvangirai dans le stade où son mari avait été acclamé le 11 février, jour de sa prestation de serment comme Premier ministre.
Morgan Tsvangirai s'est brièvement adressé à la foule pour les remercier. "Célébrons son existence comme un don de Dieu", a-t-il déclaré à la veille des obsèques de sa femme prévues à Buhera, leur ville natale au sud de Harare.
"Elle était la mère de notre combat pour la démocratie. Elle était là quand on a été battu, quand on a souffert. Elle a laissé un vide qui ne peut être comblé. C'était une révolutionnaire. Elle croyait que la démocratie était nécessaire au Zimbabwe", a renchéri un proche, le ministre des Finances Tendai Biti.
Vendredi en fin d'après-midi, Morgan Tsvangirai avait été légèrement blessé dans une collision avec un camion d'aide américano-britannique alors qu'il se rendait à bord de son 4X4 de Harare à Buhera pour assister à un meeting.
Son épouse avait été tuée dans l'accident. Agée de 50 ans, très discrète, elle ne prenait pas part à la vie politique mais avait fondé une organisation caritative pour informer les femmes sur le sida. Le couple a eu six enfant en 31 ans d'union.
Ce drame, survenu trois semaines après la formation d'un gouvernement d'union, a suscité de nouvelles inquiétudes sur la pérennité de cette coalition.
Le fragile accord, censé mettre fin à l'impasse politique née de la défaite historique du régime aux élections il y a un an, a déjà été ébranlé par l'arrestation le 13 février de Roy Bennett, un proche de M. Tsvangirai, toujours en détention.
Sur le plan économique, une mission du Fonds monétaire international (FMI), qui avait suspendu fin 2006 ses opérations au Zimbabwe, s'est dite prête à aider "immédiatement" le nouveau gouvernement, selon le ministre de l'Economie Elton Mangoma cité mardi dans le journal The Herald.
Le Zimbabwe, autrefois fleuron régional, a désespérément besoin d'une aide financière pour contrer un hyperinflation se chiffrant en milliards pour cent, un taux de chômage de 94% et une épidémie de choléra qui a fait plus de 4.000 morts depuis août.