logo

Les députés allemands ont donné, ce jeudi, leur feu vert au déblocage d’une enveloppe européenne de 100 milliards d’euros maximum afin de renflouer les banques espagnoles. L'Allemagne devra garantir près de 30 % du montant total de l'aide.

AFP - Les députés allemands, consultés pour la dixième fois en deux ans sur le sauvetage de l'euro, ont approuvé jeudi une aide à l'Espagne, à une très large majorité mais sans enthousiasme excessif.

Sur 583 votants, 473 députés ont voté pour l'octroi à Madrid d'une enveloppe de 100 milliards d'euros maximum, destinée à renflouer les banques, a annoncé le président du Bundestag, Norbert Lammert.

97 se sont prononcés contre et 13 se sont abstenus. Ce feu vert était indispensable pour que l'Allemagne, qui garantit à elle seule quelque 30% du programme, puisse donner son accord vendredi au déblocage des fonds pour l'Espagne, dans le cadre de l'Eurogroupe.

it
Les banques en difficulté pourront être recapitalisées
Le Bundestag approuve la recapitalisation des banques espagnoles

Pour ce vote acquis d'avance, la chancelière Angela Merkel a économisé sa salive. C'est son ministre des Finances Wolfgang Schäuble qui a tenu un discours avant le vote, s'employant à rassurer en martelant: "c'est l'Espagne qui demande (l'aide), c'est l'Espagne qui reçoit l'argent, et c'est l'Espagne qui est garante" du remboursement.

Des députés s'inquiétaient de voir les banques espagnoles accéder directement aux fonds européens, sans passer par l'Etat, et donc sans filet de sécurité pour les contributeurs tels que l'Allemagne.

Le ministre a souligné qu'aider Madrid à recapitaliser ses banques était nécessaire sous peine de priver le pays de l'accès au marché des capitaux.

"L'existence de doutes sur la solvabilité de l'Espagne suffit à pouvoir créer des effets de contagion très graves", a-t-il ajouté.

Cet accès au marché coûte de plus en plus cher à Madrid, comme le montrent les taux en nette hausse lors de plusieurs émissions obligataires espagnoles jeudi.

Comme toujours ou presque depuis le début de la crise de la dette, les partis d'opposition, sociaux-démocrates (SPD) et Verts, ont rejoint la majorité conservatrice et libérale de la chancelière.

Reste que la grogne progresse au Bundestag. Comme lors des derniers votes sur le sauvetage de l'euro, Mme Merkel a subi une vingtaine de défections dans les rangs de sa majorité, qui à elle seule n'aurait pu gagner le vote.

Le débat d'avant-vote a aussi laissé transparaître un scepticisme croissant chez les députés de l'opposition.

Le chef du groupe parlementaire SPD Frank-Walter Steinmeier a ainsi dit qu'il "recommandait le feu vert malgré des réticences". Et ajouté: "Beaucoup dans mon groupe ne sont pas du tout convaincus de ce que nous faisons" et n'ont voté que par peur d'une faillite "catastrophique" de l'Etat espagnol.

A droite, les principaux frondeurs sont d'autant plus agressifs qu'ils sont affaiblis: des élus du parti bavarois CSU, qui fera face l'an prochain à une élection régionale difficile, et du FDP, en chute libre dans les sondages.

La gauche radicale Die Linke est elle constante dans son rejet des plans de sauvetage.

L'existence d'une "grande coalition" de fait avec la gauche social-démocrate et les Verts est d'autant plus nécessaire à Mme Merkel que la Cour constitutionnelle allemande a renforcé sensiblement les pouvoirs du Parlement en septembre dernier, rendant nécessaire sa consultation quasiment à chaque soubresaut de la crise de l'euro.

Cela vaut aux députés d'avoir dû interrompre jeudi leurs vacances, la pause parlementaire ayant déjà commencé.

Environ 95% d'entre eux ont toutefois pris part au vote, a souligné M. Lammert, avec ce commentaire: "Il n'y a pas beaucoup d'entreprises qui afficheraient un taux de présence pareil pour des heures supplémentaires convoquées à la dernière minute".

Tandis que les députés allemands planchaient sur l'aide à l'Espagne, les Italiens ont adopté le traité budgétaire européen ainsi que le mécanisme de sauvetage MES qui doit succéder à l'actuel FESF.

L'Italie est ainsi le 12e pays européen à approuver le pacte budgétaire - mais parmi eux, certains ne l'ont pas ratifié formellement, dont l'Allemagne. Le Parlement allemand a donné son feu vert mais celui-ci reste suspendu à une décision de la Cour constitutionnelle, annoncée pour le 12 septembre.