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Les rebelles de l'ASL veulent "libérer" Damas, nouveau vote à l'ONU

Les rebelles de l'Armée syrienne libre ont lancé, mardi, la "bataille pour la libération" de Damas. Sur le plan diplomatique, un nouveau projet de résolution contre le régime de Bachar al-Assad doit être mis au vote à l'ONU, ce mercredi.

Un bâtiment abritant les services de la sécurité nationale à Damas a été visé, ce mercredi 18 juillet, par un attentat-suicide, annonce la télévision officielle syrienne, qui indique que des blessés "graves" se trouvent parmi les "ministres et [l]es responsables de sécurité" qui se trouvaient sur place. Cette attaque intervient au lendemain de l'annonce, par l’Armée syrienne libre (ASL), du lancement d'une "opération de grande envergure" contre le régime du président Bachar al-Assad. Un "tournant", selon eux, dans la révolte commencée en mars 2011.

Nouveau vote du Conseil de sécurité de l'ONU

Le projet de résolution déposé par les Européens et les Américains qui menace le régime syrien de nouvelles sanctions économiques s'il ne renonce pas à utiliser ses armes lourdes contre l'opposition sera mis au vote sans doute ce mercredi après-midi, à l’ONU.

Des diplomates occidentaux s'attendent toutefois à un double veto de la Chine et de la Russie, qui ont déjà bloqué à deux reprises des résolutions du Conseil pour protéger leur allié syrien depuis le début du conflit, en mars 2011.

La porte-parole du Conseil national syrien (CNS), Basma Kodmani, a affirmé que la résolution occidentale était "la toute dernière chance de ranimer" le plan Annan. 

L’opération "Le volcan de Damas et les séismes de Syrie" vise à attaquer tous les postes de contrôle de sécurité du pays, à bloquer des grandes routes et à appeler à la défection des soldats. Plus de soixante soldats de l'armée syrienne ont été tués ces dernières 48 heures à Damas, dans des combats avec les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Toutefois, un responsable militaire syrien a affirmé à l'AFP que les troupes de l’armée régulière "contrôlaient la situation". Mardi, pour la première fois, des hélicoptères sont entrés en action, mitraillant des quartiers hostiles au régime.

Les combattants tentent également de déstabiliser les autorités syriennes en attaquant le centre de la capitale syrienne. "La bataille pour la libération de Damas a commencé et les combats ne cesseront pas dans la capitale. Nous allons vers la victoire", a assuré le colonel Kassem Saadeddine, porte-parole de l'ASL contacté par l'AFP, poursuivant : "Nous avons un plan clair pour contrôler tout Damas. Nous disposons d'armes légères mais elles sont suffisantes. Attendez-vous à des surprises". Les insurgés ont ainsi affirmé à Reuters avoir abattu un hélicoptère de combat au-dessus de Kaboun, un quartier de Damas.

Depuis le 15 juillet, Damas est le théâtre d’affrontements d’une ampleur sans précédent. Considérée comme un bastion imprenable du pouvoir, la capitale syrienne avait jusqu’alors été largement épargnée par les violences. Les rebelles ont annoncé contrôler les quartiers périphériques de al-Tadamone et Midane, situés à trois kilomètres à l’est et au sud du centre-ville, des zones pilonnées depuis par l’armée. Le 17 juillet, les combats se poursuivaient dans plusieurs quartiers autour de Damas. Des tirs d’armes automatiques ont en outre été entendus au cœur de la ville, à proximité de la banque centrale et du ministère des Finances. 

Un militant interrogé par l’AFP témoigne de la violence des combats. "Ils [les militaires du régime, ndlr] tirent sur tout et viennent de détruire la mosquée Ghazwat Badr. Il y a de nombreux blessés et il n’y a pas assez de médecins pour les soigner", affirme-t-il, avant de lâcher : "Le régime qui s’effondre devient fou". Dans la seule journée du 16 juillet, 149 personnes - 82 civils, 41 soldats et 26 rebelles - ont trouvé la mort sur l’ensemble du pays, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

La IVe division à l'œuvre

Signe que la situation s’aggrave pour le régime, la IVe division de l’armée - dirigée par Maher al-Assad, le frère de Bachar - est mobilisée. Sa mission consistant principalement à protéger Damas, elle n’était jusqu’à présent intervenue qu’une seule fois dans le conflit : pour mater la rébellion de Baba Amr, quartier de Homs, à l’ouest de la Syrie. En mars dernier, la IVe division avait assiégé ce quartier pendant plus d’un mois, le pilonnant sans relâche avant de finalement le raser. Un massacre. Interrogé par Reuters, Yaacoub Hossein, un militant présent à al-Tadamone (sud-est de Damas), affirme que les unités rebelles se sont dispersées tout autour de la ville pour éviter que le scénario de Baba Amr ne se répète. "Ils [les combattants de l’ASL, ndlr] ont appris de Baba Amr à ne pas concentrer leurs forces. Donc les combattants se dispersent. Vous allez voir que les combats vont éclater d'un lieu à l'autre", assure-t-il. 

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L'armée syrienne régulière en difficulté
Les rebelles de l'ASL veulent "libérer" Damas, nouveau vote à l'ONU

Une tactique qui semble pour l’heure porter ses fruits. "Les garnisons de l’armée de Bachar al-Assad tout autour de Damas se sont retrouvées prises au piège sur leur arrière par des rebelles que l’on ne soupçonnait pas se trouver à cet endroit, explique Gauthier Rybinski, specialiste des question internationales à FRANCE 24. Cela veut dire qu’une partie de la population de Damas, qui craignait auparavant beaucoup les rebelles et la fin de l’ordre établi, est en train de se retourner en faveur de la rébellion." 

Les Frères musulmans, influente composante de l’opposition syrienne, ont d’ailleurs appelé la population à soutenir la "bataille décisive de Damas". Pour Khattar Abou Diab, chercheur en géopolitique et professeur à l’université de Paris-Sud, c’est dans le ralliement de la population que se trouve la clé de la victoire : "Dans toute guerre, même face à un déploiement considérable de force, c’est à moyen terme la volonté populaire qui finit par l’emporter".