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Damas, nouvelle cible des bombardements de l'armée syrienne

Depuis deux jours, l'armée syrienne bombarde plusieurs faubourgs populaires de Damas. Jamais depuis le début de la révolution en mars 2011, les affrontements n'avaient été aussi intenses dans la capitale.

Les bombardements de l'armée syrienne ont repris ce lundi sur le quartier populaire al-Tadamone à Damas, au lendemain d’affrontements d'une violence sans précédent dans plusieurs quartiers du sud et de l’ouest de la capitale, qui auraient fait 105 morts. Ces combats entre les forces du régime et des rebelles se sont notamment déroulés dans les faubourgs d’Al-Tadamone et d'Hajar al-Assouad, à trois kilomètres seulement au sud de la célèbre mosquée des Omeyyades ainsi que dans les quartiers de Kafar Soussé, Daf al-Choké, Midan et Nahr Aïcha.

Un porte-parole de l'Armée syrienne libre (ASL) affirmait, ce lundi après-midi, à l'AFP que les quartiers Midan et Al-Tadamone étaient désormais aux mains des insurgés.

Le CICR qualifie de "conflit armé intérieur" les violences en Syrie

Pour la première fois depuis le début des violences en Syrie, la Croix-Rouge a qualifié samedi les combats de "conflit armé intérieur",  autrement dit de guerre civile.

La qualification de "conflit armé intérieur" signifie que  les personnes qui ordonnent ou commettent des attaques sur des  civils, y compris des meurtres, tortures et viols, ou qui usent  de forces disproportionnés contre des zones civiles, peuvent  être accusées de crimes de guerre en violation du droit
international humanitaire.
 

Un tournant dans la crise syrienne
Jamais depuis le début de la révolution en mars 2011, les affrontements n'avaient été aussi intenses à Damas, selon plusieurs témoins contactés par FRANCE 24. Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), affirme sur l’antenne arabe de la chaîne "qu’il s’agit d’un tournant dans la crise syrienne car pour la première fois, des obus de type Hawn ont été utilisés dans la capitale". Le quotidien "El-Watan", proche du régime, a titré ce matin à l'adresse des opposants, "Damas, vous ne l'aurez jamais". Les forces de sécurité aidées par l'armée attaquent depuis 48 heures "les groupes terroristes qui tentent de se retrancher dans les quartiers périphériques sud de Damas", affirme "El-Watan".
Bou Mouad, un combattant rebelle joint ce matin par téléphone à Damas, se félicite que plusieurs quartiers de Damas soient devenus "le théâtre de combats acharnés", car cela indique, selon lui, que "la chute du régime est proche". "Plusieurs opérations de l’Armée syrienne libre (ASL)  ont visé les chabihas (milices pro-régime, NDLR) qui tentaient d’infiltrer le faubourg d’al-Tadamone, et plusieurs d’entre eux ont été tués". Il précise que des renforts et des chars de l’armée régulière affluent vers le quartier, toujours bombardé par l’artillerie du régime.
Déploiement de chars et de snipers
"Les forces de sécurité d’Assad mènent depuis dimanche une offensive sur al-Tadamone, un faubourg réputé pour les manifestations pacifiques et anti-régime qui s’y déroulent", explique de son côté Mohammed al-Chami, membre des Comités locaux de révolution syrienne, sur l’antenne arabe de FRANCE 24. Selon lui, plusieurs dizaines de familles ont fui la zone vers des quartiers de la capitale, "plus calmes". Il fait état, lui aussi, d’un important déploiement de l’armée syrienne dans le sud de Damas et la présence de nombreux snipers sur les toits de la capitale.
"Le régime a lancé une vaste opération de répression féroce dans tout le pays, et notamment à Damas où Bachar al-Assad n’hésite pas à bombarder des quartiers d’habitation, confie à FRANCE 24 Abdel Basset Sayda, le nouveau chef du Conseil national syrien (CNS). Tant que la communauté internationale laissera faire par son inaction, le régime poursuivra ses opérations meurtrières".
Selon un ancien diplomate européen en poste dans la région, contacté par FRANCE 24, "la bataille de Damas montre à quel point le régime baasiste est en train de perdre pied". Et de conclure : "Si le clan Assad ne parvient à reprendre le contrôle de ces faubourgs rebelles, c’est l’ensemble de la capitale qui pourrait lui échapper, et précipiter sa chute".