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À Addis Abeba, rencontre des deux Soudans sur fond de tensions frontalières

Les chef d'États soudanais Omar el-Béchir (à g.) et sud-soudanais Salva Kiir se sont entretenus samedi à Addis Abeba, la capitale éthiopienne, alors que les tensions entre les deux pays restent vives depuis la partition du pays en 2009.

AFP - Les présidents soudanais Omar el-Béchir et sud-soudanais Salva Kiir se sont rencontrés, en tête-à-tête, samedi soir dans un hôtel d'Addis Abeba, pour la première fois depuis les combats frontaliers ayant opposé les armées des deux pays entre mars et mai, a constaté une journaliste de l'AFP.

Les deux présidents, qui s'étaient rencontrés directement pour la dernière fois officiellement lors du dernier sommet de l'Union africaine (UA), en janvier, se sont serré la main à l'issue de cette rencontre dans une chambre d'un grand hôtel de la capitale éthiopienne, selon cette journaliste.

En sortant, tous deux arboraient un large sourire et ni l'un ni l'autre n'ont fait de déclaration.

Selon un membre de la délégation soudanaise ayant requis l'anonymat, les deux chefs d'Etat ont discuté un peu plus d'une heure. Le contenu exact de leur entretien n'a pas été précisé.

Ils ont d'abord discuté en présence de conseillers, puis se sont entretenus en tête-à-tête.

"Ils se sont rencontrés (...) et ça a été un bon entretien", a déclaré à la presse le négociateur en chef du Soudan du Sud Pagan Amum, après la rencontre.

M. Amum a affirmé que les deux chefs d'Etat avaient trouvé des "accords de principe" sur toutes les sujets de tension en suspens entre les deux pays, estimant que la rencontre avait "créé un environnement favorable".

Plus tôt dans la journée, MM. Kiir et Béchir s'étaient déjà retrouvés dans la même pièce, lors d'une réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA, notamment consacrée aux tensions entre les deux pays, persistantes depuis la partition du Soudan en juillet 2009.

Les deux hommes étaient arrivés à plusieurs dizaines de minutes d'intervalle et étaient repartis séparément, prenant apparemment soin de s'éviter. D'après un participant, lors de cette réunion du CPS tenue à huis clos, les deux hommes, placés chacun d'un côté de la salle, ont prononcé tour à tour un discours mais ne se sont pas parlé directement.

Les tensions entre les deux pays ont dégénéré entre mars et mai en combats frontaliers, d'une ampleur inégalée depuis que Juba a proclamé son indépendance après près d'un demi-siècle de guerres civiles contre Khartoum.

Les négociations entre les deux pays, sous l'égide de l'UA, n'ont pour l'heure débouché sur aucun réel progrès. Un nouveau cycle a repris le 12 juillet, à Bahar Dar, dans le nord-ouest de l'Ethiopie.

L'UA et l'ONU ont donné jusqu'au 2 août aux deux Soudans pour régler leurs différends - tracé de la frontière, ressources pétrolières et statut de zones contestées notamment -, sous peine de sanctions.

M. Amum a dit samedi soir espérer que les deux pays puissent parvenir à un accord avant cette date. "Le temps de la décision est venu", a-t-il estimé.

En janvier, Juba, qui a récupéré lors de la sécession 75% du pétrole du Soudan d'avant la partition mais reste tributaire des oléoducs du nord pour l'exporter, a stoppé sa production de brut, accusant Khartoum de détourner son pétrole sur fond de différend sur les redevances de transit.

Cette décision a sérieusement dégradé les économies des deux voisins.