Selon l'opposition syrienne, au moins 200 personnes ont été tuées, jeudi, dans le village de Treimsa, par les forces de sécurité du régime. Il pourrait s'agir du plus grand massacre commis depuis le début de la révolte, en mars 2011.
Après la tuerie de Houla (centre) en mai - une centaine de morts, dont 49 enfants - après le massacre de Mazraat Al-Koubeir (centre) - 72 victimes en juin - c’est au tour de Treimsa, un village situé près de Hama (centre), de subir les foudres du régime syrien. Une opération, attribuée jeudi aux forces régulières syriennes par l’opposition et des ONG, y aurait fait entre150 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), et 200 victimes, selon les opposants sur le terrain. Selon les deux bilans, des dizaines de rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL) figurent parmi les victimes.
L’opération contre Treimsa se poursuit, selon l’ONU
Si ces informations sont impossibles à vérifier du fait des restrictions imposées à la presse internationale par Damas, le chef de la mission d'observation des Nations unies en Syrie, le général Robert Mood, s'est dit en mesure de confirmer que des combats avaient eu lieu jeudi dans le secteur de Treimsa, impliquant des "unités mécanisées, des tirs indirects ainsi que des hélicoptères". D’ailleurs, les observateurs de l’ONU affirment qu’une opération militaire se poursuit, ce vendredi, dans les environs du village de Treimsa et des zones habitées de Hama, et précisent que plus d’une centaine d’explosions ont été entendues.
D’après le conseil révolutionnaire de Hama, cité par Reuters, le village, qui compte un peu plus de 10 000 âmes, avait, dans un premier temps, été bombardé par des hélicoptères de combat et des chars de l’armée régulière avant que des chabiha - miliciens pro-régime - ne se rendent sur place pour y effectuer des exécutions sommaires. De son côté, Damas a rejeté la responsabilité de la tuerie, via l'agence de presse officielle Sana, qui a fait état d’affrontements entre l'armée et un "groupe terroriste" dans la localité. L’armée syrienne a affirmé dans un communiqué publié ce vendredi qu’un grand nombre de "terroristes" ont été tués à Treimsa, mais pas de civils. it
Après le nouveau massacre, les blocages persistent à l'ONU
"Des unités de nos forces armées ont mené jeudi matin une opération de qualité (...) et ont réussi à vaincre les terroristes sans qu'aucune victime civile ne soit à déplorer", est-il précisé.
"Le plus grand massacre commis depuis le début de la révolution"
Joint par téléphone dans la région de Hama par l’antenne arabe de FRANCE 24, le militant de l’opposition Sakr al-Hamaoui dénonce un "crime effroyable" et appelle la communauté internationale à envoyer des observateurs pour voir "de quoi est capable" le régime de Bachar al-Assad. "Pas moins de 200 personnes ont été tuées, certaines à l’arme blanche, dans ce village qui n’abritait qu’une trentaine de soldats de l’ASL chargés de le défendre", précise-t-il. Selon lui, de nombreux civils sont sortis dans la rue pour échapper au bombardement de leurs habitations, mais alors qu’ils tentaient de fuir, ils ont été interceptés par des miliciens du régime, qui les ont massacrés. "La majorité des corps des victimes qui jonchaient les rues ont été transférés dans une mosquée de la bourgade", poursuit-il.
Hillary Clinton "scandalisée"
La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton s'est dit "scandalisée" par le massacre de Tremsa. Elle apelle à "un cessez-le-feu immédiat dans la région de hama" pour permettre aux observateurs de l'Onu de se rendre dans le village.
Les informations diffusées par l'opposition syrienne, fournissent, selon elle, "la preuve indiscutable que le régime (syrien) a délibérément massacré des civils innocents".
Hadi Abdallah, membre de la Commission générale de la révolution syrienne, a déploré à son tour le "crime terrifiant" de Treimsa. "Hama et sa région n’ont jamais cessé d’être dans le collimateur des forces de sécurité du meurtrier de Damas [en faisant référence au président syrien], explique-t-il. Mais cette fois, ce massacre est le plus important qui ait été commis depuis le début de la révolte, en mars 2011", confie-t-il par téléphone à FRANCE 24, depuis Homs.
Un avis que partage le président de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. "Considérant la petite taille de la ville, c'est peut-être le plus grand massacre commis depuis le début de la révolution", a-t-il dit à l’AFP.
Annan "choqué et horrifié"
De son côté, le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition syrienne, a évoqué le plus "infâme des génocides commis par le régime syrien" et pressé le Conseil de sécurité de l'ONU d'adopter une résolution contraignante "urgente". Les Frères musulmans de Syrie, membres influents du CNS, ont accusé l'émissaire international Kofi Annan, l'Iran et la Russie d'être "responsables", par leur inaction, de cette tuerie.
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Réactions diplomatiques, le 13/07/2012
L’ancien secrétaire général de l’ONU s'est, quant à lui, déclaré "choqué et horrifié" par les informations en provenance de Treimsa, tout en dénonçant "une violation de l'engagement du gouvernement de cesser l'emploi d'armes lourdes dans les centres de populations". Évoquant "un cauchemar" sur son compte Twitter, l'ambassadrice des États-Unis à l'ONU, Susan Rice, a estimé que ces violences illustraient "de façon dramatique la nécessité de mesures contraignantes en Syrie".
Enfin, la France a fustigé "une fuite en avant meurtrière du régime", appelant de nouveau le Conseil de sécurité de l'ONU à "prendre ses responsabilités". Même la Russie, principale alliée de Bachar al-Assad, a condamné vendredi le massacre et a réclamé une enquête sur cet événement sanglant.