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Les Britanniques, champions olympiques de la sécurité... et du LOL

Par crainte d’une attaque terroriste, les autorités britanniques et olympiques n’ont pas lésiné sur les moyens pour sécuriser le parc olympique et ses abords. Un dispositif drastique qui suscite critiques et moqueries.

"Un check-point en Afghanistan." C’est ainsi qu’une journaliste du quotidien britannique Daily Telegraph a qualifié les portes d’accès au site olympique de Londres, où se dérouleront, du 27 juillet au 12 août, les prochains Jeux. L’endroit est même qualifié "de plus sûr au monde, au même titre que le bunker du président [américain]". Le lieu où se déroulera l'événement sportif le plus fédérateur de la planète prendrait-il des allures de camp retranché ?

Pour les services de renseignements britanniques, les menaces terroristes qui pèsent sur la capitale du Royaume-Uni, encore très marquée par les attentats meurtriers du 7 juillet 2005, ne sont pas à prendre à la légère. Dans la ligne de mire des autorités : les groupes armés opposés à la paix en Irlande du Nord ainsi qu’Al-Qaïda et ses affidés.

Un Shebab sur la piste d’athlé ?

Il est vrai que les récentes pérégrinations d’un terroriste présumé sur le parc olympique n’ont pas été de nature à rassurer les organisateurs. Selon le Sunday Telegraph, entre les mois d'avril et de mai, un homme de 24 ans connu des services de sécurité pour son appartenance supposée à un groupe de rebelles shebabs issus du Somaliland aurait été aperçu à cinq reprises sur le site, alors interdit d’accès. À moins de trois semaines de la cérémonie d’ouverture, la nouvelle a fait quelque peu désordre…

De son côté, le gouvernement fait montre de son volontarisme. Le 12 juillet, le ministre britannique de la Défense, Philip Hammond, a annoncé le déploiement sur le terrain de 3 500 soldats supplémentaires, portant à 17 000 le nombre de militaires mobilisés dans un dispositif comptant 40 000 hommes. Des avions Typhoon et des hélicoptères Puma transportant des tireurs quadrilleront le ciel londonien. De mémoire de sujets britanniques, jamais en temps de paix présence militaire n’avait été aussi importante dans leur capitale (à titre de comparaison, 8 500 soldats britanniques sont déployés en Afghanistan).

Plus polémique, l’installation prévue de missiles anti-aériens sur le toit de HLM de l’est londonien a carrément fait l’objet d’un crêpage de chignon judiciaire entre les habitants d’un immeuble de 17 étages et le ministère de la Défense. Redoutant que cet arsenal "n’amplifie le risque de voir la tour elle-même prise pour cible en cas d'attaque terroriste", les résidents ont tenté de bloquer le projet. En vain. La Haute Cour de Londres a rejeté leur demande, arguant que les autorités défendaient un "objectif légitime et proportionné" visant à protéger les populations. Au total, six sites, dont deux tours résidentielles et un parc, seront dotés de lance-missiles sol-air durant les JO.

Supporters, calmez vos ardeurs !

Les Londoniens ne seront pas les seuls à devoir faire des sacrifices. Dans une brochure destinée aux spectateurs étrangers, le Comité d’organisation olympique se targue, en effet, d’avoir mis en place un dispositif de sécurité similaire à celui d’"un vol international au départ d'un aéroport". Fouilles, passages sous portique, bagages sous scanner et interminables files d’attente… "Venez tôt", conseillent gentiment les instances olympiques.

Contraints à la patience, les heureux possesseurs de billets d’entrée seront également invités à réfréner leur faim, leur soif et leur enthousiasme. Chaque supporter a reçu par courriel une liste de consignes pour le moins restrictives : pas de sac d'un volume supérieur à 25 litres, pas de contenants de liquides de plus de 100 ml, et pas plus de nourriture que le sac peut en contenir...

Si personne ne s’étonnera de l’interdiction de transporter des couteaux, de la drogue et, de sinistre mémoire, des vuvuzelas, nombreux sont ceux qui trouvent un tantinet exagéré de vouloir retenir à l’entrée les sifflets et les larges parapluies de type "golf" (les amateurs du temps anglais apprécieront). Au chapitre des incongruités, notons l’excès de zèle du Comité organisateur qui a cru bon d’inscrire sur sa liste noire les "baïonnettes", les "peignes fins" et les "boucles de ceinture transformées" (sic).

Le parti d’en rire

Afin de prévenir tout débordement, "les objets et vêtements véhiculant un message politique ou ouvertement commercial" ne seront pas non plus autorisés à passer la sécurité. "Est-ce qu’un t-shirt de Che Guevara peut vous valoir d’être renvoyé chez vous ?, s’interroge, moqueur, Alan White, chroniqueur à l’hebdomadaire New Statesman. Et si oui, pour quoi ? Pour avoir fait l’apologie du communisme ? Pour avoir célébré la chute, en 1958, de Fulgencio Batista ? Pour avoir revendiqué le droit d’avoir l’air con ?"

Dans le même souci d’apaisement politique, les drapeaux de pays non participants aux JO seront bannis (on imagine la tête des supporters bretons, basques ou catalans obligés de renoncer à leurs couleurs). Également prohibés des tribunes, les bannières d'une surface supérieure à un mètre sur deux. Grosse ambiance en perspective dans les gradins.

Les JO des émeutes

En dépit - ou en raison - de ces drastiques mesures, certains Britanniques semblent penser que les JO de Londres vont tourner au désastre. L’opposition travailliste estime en effet que les renforts dépêchés en urgence sur le parc olympique constituent une ressource en moins pour le contrôle des aéroports.

De leur côté, les Londoniens, réputés râleurs, doutent que le réseau des transports publics, déjà saturé en temps ordinaire, puisse supporter l’afflux de visiteurs étrangers durant les olympiades. D’autres, plus pessimistes, pensent que les JO sont, un an après les émeutes qui ont secoué la capitale britannique, une nouvelle occasion de semer le désordre.

Au moins, comme semblent le penser de facétieux internautes, le Royaume-Uni augmentera-t-il ses chances de médailles :