Le Français Thomas Voeckler a remporté la 10e étape du Tour de France, mercredi, à Bellegarde-sur-Valserine, devant ses quatre compagnons d'échappée. Le coureur de l'équipe Europcar décroche du même coup le maillot à pois de meilleur grimpeur.
AFP - Fidèle à son tempérament d'attaquant, Thomas Voeckler a gagné la 10e étape du Tour de France, mercredi à Bellegarde-sur-Valserine, et enrichi sa saga d'un nouvel épisode.
"C'est spécial", a reconnu le champion français, qui a failli abandonner au début d'un Tour s'apparentant à une galère.
Spécial, car le coureur français le plus populaire a affronté, avant le départ, une polémique née de l'annonce -tardive- de l'ouverture d'une simple enquête préliminaire sur une possible utilisation de corticoïdes dans le Tour 2011. "Oui, ça m'a beaucoup blessé, a répété Voeckler. Je suis content de répondre sur le terrain".
Spécial surtout, parce que le double champion de France a abordé le Tour en plein doute. Une douleur au genou droit l'a contraint à l'abandon au Dauphiné puis à la Route du Sud. "Deux semaines avant le départ du Tour, je ne pouvais pas plier la jambe, a-t-il rappelé. Je pensais alors que ce ne serait pas possible d'être au départ".
Distancé logiquement dans la première semaine, le 4e du Tour 2011 (maillot jaune dix jours durant) a fini par voir le bout du tunnel. Dans la montée du Grand Colombier, le premier col hors catégorie franchi par le Tour, il a rivalisé avec le grimpeur italien Michele Scarponi, le vainqueur du Giro 2011,
Le maillot à pois du meilleur grimpeur assuré, il s'est fixé sur la victoire d'étape. S'en est suivi un combat d'homme à homme, comme il les aime, avec Scarponi et aussi l'Espagnol Luis Leon Sanchez, les deux coureurs les plus costauds du groupe de tête échappé depuis la première heure.
"Etre devant, c'est une chose, être dans le final, une autre. Mais conclure, c'est ce qu'il y a de plus dur", a apprécié son coéquipier Pierre Rolland, sorti pour sa part du peloton des favoris dans le final afin de grignoter une trentaine de secondes.
"Une fois, c'est de la réussite. Quatre fois en quatre ans, ce n'est dû ni au hasard ni à la chance", a relevé l'Orléanais à propos de Voeckler.
Depuis 2009, en effet, le Vendéen d'adoption a scoré à chaque fois dans le Tour. A Perpignan en 2009, à Luchon en 2010 et, cerise sur le gâteau, à Saint-Flour quand il avait revêtu le maillot jaune, un an jour pour jour avant son succès de Bellegarde-sur-Valserine.
Quel est le rôle de Voeckler dans l'équipe ?
"Il est plus qu'un leader, plus qu'un capitaine de route pour notre équipe. Il faudrait inventer un mot pour le définir mais je ne le trouve pas", s'amusait dernièrement Jean-René Bernaudeau dans sa chronique de L'Humanité.
Voeckler, par sa fidélité, a sauvé l'équipe dirigée par Bernaudeau fin 2010, après le retrait de Bouygues Telecom. C'est grâce à l'Alsacien qu'Europcar a parrainé in extremis la formation vendéenne.
Sollicité par les équipes les plus puissantes -même par la Sky, bien qu'il n'ait jamais confirmé officiellement la proposition-, le Français a préféré rester dans l'équipe de ses débuts. L'histoire n'en est que plus belle.
La trentaine passée, Voeckler est devenu un puncheur redoutable, un des meilleurs coureurs du monde dans ce registre. Son récital en avril dans la Flèche Brabançonne, une probante semi-classique belge, a été suivi par deux résultats significatifs dans des classiques de référence, l'Amstel Gold Race (5e) et Liège-Bastogne-Liège (4e). Quand il évolue à ce niveau, Voeckler est un potentiel champion du monde.
Le maillot jaune de Bradley Wiggins est-il menacé ?
Entre Mâcon et Bellegarde-sur-Valserine, le Britannique n'a eu qu'à rester vigilant d'autant que la météo (route sèche) a joué en sa faveur. Comme prévu, il a été attaqué dans la descente du Grand Colombier par le spécialiste du genre, l'Italien Vincenzo Nibali. Au bas, l'écart s'est élevé à 55 secondes mais, avec deux coéquipiers à ses côtés (Porte, Froome), "Wiggo" a pu revenir sans trop d'émotion dans la dernière difficulté, le col de Richemond, avant les 20 derniers kilomètres.
Wiggins s'attend à être beaucoup plus exposé dans la prochaine étape, "la plus dure de ce Tour". La répétition des grandes ascensions (Madeleine et Glandon avant la montée finale vers La Toussuire) avantage les grimpeurs qui sont restés à l'abri mercredi dans le Grand Colombier, hormis trois accélérations du Belge Jurgen Van den Broeck.
Mais, bien plus encore que le maillot jaune et sa puissante équipe, ce sont les sprinteurs qui ont tout à redouter de la brièveté et du profil de l'étape. Le délai sera court pour rejoindre La Toussuire.