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Le chômage des jeunes au cœur de la conférence sociale à Paris

Une conférence sociale s’est ouverte ce lundi à Paris, à l'initiative de François Hollande. Syndicats et patronat planchent notamment sur le chômage des moins de 25 ans. Qui sont ces jeunes en mal d’emploi ? Que propose l'État ? Éléments de réponse.

Les diplômes ne payent pas partout en Europe

Si, en France, les diplômes facilitent l’accès des jeunes à l’emploi, il n’en est pas de même dans tous les pays d’Europe, selon l’OCDE. En Italie, en Espagne et en Grèce, les diplômés de l’enseignement supérieur ont moins de chance de trouver du travail que des personnes n’ayant pas même l’équivalent du Bac. "Dans ces pays, les diplômes dispensent un enseignement trop abstrait, affirme Anne Sonnet, analyste à l’OCDE. Ils ne correspondent pas du tout au exigences du marché du travail".

Les chiffres sont alarmants. En France, le chômage a atteint 9,6 % de la population active au premier trimestre 2012. Du jamais vu depuis 1999. Selon plusieurs experts, la barre symbolique des 10 % devrait même être dépassé avant la fin de l’année. Comme toujours, les jeunes sont en première ligne. Selon le dernier rapport de l’Insee, 22,5 % des 15-24 ans ne trouvent pas de travail. Face à l’ampleur du problème, le président François Hollande et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault ont décrété l’emploi des jeunes grande priorité de la conférence sociale, qui se tient actuellement au Conseil économique, social et environnemental, à Paris. Quelque 200 personnes – représentants des syndicats et du patronat – s’y sont déplacées pour plancher sur la question (ainsi que sur six autres thèmes : le service public, les retraites, le redressement économique, l'égalité hommes-femmes, les salaires et la formation).

Les jeunes et le marché du travail

  • Un fort taux de chômage : en France, comme dans le reste des pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), les jeunes sont particulièrement exposés aux problèmes de chômage. Près d’un quart des 15-24 ans sont en recherche d’emploi. Selon des chiffres de l’Insee datant de 2010, 17,2 % des chômeurs ont moins de 29 ans.
  • Peu de contrats à durée indéterminée (CDI) : les jeunes décrochent majoritairement des contrats à durée déterminée – intérim, contrats à durée déterminée et contrats aidés – notamment pour leur premier emploi. En 2010, 55 % des jeunes entre 14 et 25 ans travaillaient en contrat précaire.
  • L’importance des diplômes : le chômage touche particulièrement les jeunes sans qualification. En 2010, selon des chiffres de l’Insee, 36 % des chômeurs de moins de 29 ans n’avaient aucun diplôme ; ce taux tombait à 9,5 % pour les Bac +2 et à 6 % pour les Bac +3 et plus.

    Moins un jeune est diplômé, moins il a de chances de décrocher un CDI. Toujours selon l’Insee, 55 % des jeunes non diplômés travaillaient en interim, en CDD ou autres contrats à durée déterminée. Les jeunes titulaires d’un diplôme Bac +5 ne sont que 17 % dans ce cas.

    En revanche, les personnes diplômées des grandes écoles ou de formations professionnalisantes (BTS, IUT…) sont beaucoup moins touchées par le chômage, selon l’OCDE.

Les pistes de réflexion du gouvernement Ayrault

  • Les contrats d’avenir : Destinés aux jeunes âgés de 18 à 26 ans qui quittent le système scolaire sans qualification – 120 000 pour l’année 2011 – ces contrats d’avenir viseraient, selon le ministre du Travail Michel Sapin, à "rechercher une qualification en vue d'une insertion durable sur le marché du travail". Ces contrats pourraient s’ouvrir aux jeunes de moins de 30 ans qui n’ont jamais travaillé. Ils offriraient une rémunération à hauteur du Smic, subventionnée à hauteur de 75 à 80 %.

    À l’ouverture de la conférence sociale, François Hollande a réaffirmé sa volonté de créer 150 000 contrats d’avenir, dont les deux tiers en 2013. Une promesse qu’il avait formulée au cours de sa campagne.

  • Les contrats de génération : Ils favorisent l’embauche de jeunes en CDI, qui seraient accompagnés par un salarié plus expérimenté. Ce dernier serait ainsi maintenu dans l’emploi jusqu’à son départ à la retraite. Ce "tutorat" permettrait de préserver et de transmettre des savoir-faire, et d’intégrer durablement les jeunes dans la vie professionnelle.

    Les modalités de mise en place doivent encore être discutées avec les partenaires sociaux, mais François Hollande s’est d’ores et déjà engagé à l’entrée en vigueur de ces contrats début 2013.

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"Une mission très ambitieuse mais nécessaire"
Le chômage des jeunes au cœur de la conférence sociale à Paris