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Lors de son discours d'ouverture de la grande conférence sociale à Paris, le président François Hollande a déclaré qu'il voulait "inscrire dans la Constitution" le dialogue social, ajoutant qu'il n'y aurait "pas de loi sans concertation".

REUTERS - François Hollande a invité lundi syndicats et patronat à rechercher un "compromis positif" lors d'une conférence sociale en forme de test pour un gouvernement qui a fait le pari d'un renouveau du dialogue et de la concertation pour tenter de redresser le pays.

De l'inscription du dialogue social dans la Constitution à la mise en place, début 2013, du "contrat de génération", le président, entré en fonctions il y a deux mois, a confirmé des promesses de campagne et placé l'emploi comme priorité dans un contexte économique très dégradé.

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"Je n'admettrai pas qu'un pays comme le nôtre se résigne à considérer le chômage comme une fatalité"

"La conférence sociale n'est non pas un aboutissement, une promesse qui viendrait d'être tenue, c'est un commencement", a-t-il déclaré à la fin de son discours, prononcé au terme de deux heures de réunion à huis clos avec les participants réunis au palais d'Iéna, siège du Conseil économique, social et environnemental à Paris.

"L'idée que je lance, c'est celle du compromis positif, une idée qui permettra à notre pays de sortir par le haut des épreuves qu'il traverse", a ajouté le chef de l'Etat.

Au terme de ces deux jours de débats qui seront conclus par le Premier ministre, les "arbitrages les plus conformes à l'intérêt général" seront rendus afin d'établir une "feuille de route qui engagera à l'Etat pour les années qui viennent", a expliqué le président de la République.

"Je vous donne d'ores et déjà rendez-vous dans un an pour un premier bilan", a-t-il ajouté.

Face au chômage qui augmente depuis un an, François Hollande a mis l'emploi en tête des priorités.

"Je n'accepterai pas qu'un pays comme le nôtre se résigne à considérer le chômage comme une fatalité", a-t-il dit, annonçant pour le début de l'année prochaine le "contrat de génération" censé encourager les entreprises à garder des seniors et embaucher des jeunes, les deux catégories les plus touchées.

"Pas de temps à perdre"

Le niveau très élevé de la dette risque de mettre la France dans une situation de "vulnérabilité" vis-à-vis des marchés, a dit François Hollande, qui refuse en outre de faire peser le financement de la protection sociale sur le seul travail.

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"Nous devons retrouver de la souveraineté de l'indépendance par rapport aux marchés"

"Le moment est venu de mettre la France en mouvement et il n'y a pas de temps à perdre", a-t-il plaidé "Nul besoin de forcer le trait, de noircir l'horizon et en même temps il ne serait pas digne de (...) nier la réalité".

A l'ouverture des débats, Jean-Marc Ayrault a dit voir dans cette conférence un test de la méthode du gouvernement pour engager un dialogue en vue de réformes.

"C'est une méthode nouvelle (...) et cette méthode est mise à l'épreuve aujourd'hui, c'est un test, mais il a été minutieusement préparé", a-t-il dit.

Qu'il s'agisse du marché du travail ou du financement de la protection sociale, les partenaires sociaux en appellent à l'Etat, en soulignant que la faible croissance et les pressions pour réduire le déficit public limitent ses marges de manoeuvre.

"Il ne s'agit pas que la montagne accouche d'une souris, il s'agit que l'on puisse partager une ambition", a dit Jean-Marc Ayrault, repoussant les critiques sur le peu de mesures immédiates attendues.

Parmi les principaux défis : améliorer la compétitivité des entreprises et gérer l'impact sur les rémunérations des fonctionnaires du gel annoncé de la masse salariale de l'Etat.

La loi interdisant les "licenciements abusifs" dans les entreprises rentables, qui pourrait voir le jour avant fin 2012, selon le ministre du Travail, Michel Sapin, risque d'être une
autre pomme de discorde.

Situation sociale "catastrophique"

"La situation des finances de l'Etat est très difficile, en même temps on a une situation sociale qui devient catastrophique, le niveau du chômage est insupportable", a déclaré sur France 2 François Chérèque, secrétaire général de la CFDT. "Il faut des mesures immédiates pour insérer les jeunes dans l'emploi et travailler aux défis de long terme".

Selon la présidente du Medef, Laurence Parisot, "si à l'issue de ces deux journées, il y a des orientations, des objectifs qui sont clairement définis et une méthode de travail
pour atteindre ces objectifs, eh bien ce sera un sommet réussi".

Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a plaidé dès son arrivée au palais d'Iéna pour "des engagements sur le moyen terme". "Il faut aussi des décisions concrètes", a-t-il dit.

Plus de 200 représentants des syndicats et du patronat seront réunis autour de sept tables rondes.

L'emploi, la formation, les rémunérations, l'égalité professionnelle et la vie au travail, le "redressement productif", l'avenir de la protection sociale et des retraites, et la modernisation de l'action publique seront abordés.

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"Nous avons une volonté: pérenniser nos régimes sociaux"