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Le 5 juillet, la Fifa a autorisé l’usage lors de matches, dans certaines compétitions internationales, de la technologie sur la ligne de but (GLT). Deux anciens arbitres internationaux français livrent leur avis à FRANCE 24.

Si, de tout temps, le programme GLT (Goal Line Technology) avait accompagné les arbitres, l’Angleterre n’aurait peut-être pas été championne du monde contre l’Allemagne en 1966. Et l’Ukraine aurait eu une chance de participer, pour la première fois de son histoire, aux quarts de finale de l’Euro, qu’elle a coorganisé avec la Pologne en 2012. Deux époques différentes mais toujours la même question : le ballon rond a-t-il franchi ou non la ligne de but ?

En se prononçant en faveur de l’usage de la technologie sur la ligne de but, jeudi 5 juillet, la Fédération internationale de football (Fifa), par le biais de l’International Board (IFAB), son organisme juridique, a jeté aux oubliettes le sacro-saint principe selon lequel football et dispositifs technologiques sont incompatibles.

Réputé conservateur, le Board, qui s’était opposé jusqu’ici à l’arrivée de tout dispositif technologique d’aide à l’arbitre, opère en effet un virage spectaculaire, probablement motivé par la dernière polémique en date survenue pendant l’Euro 2012 : un but refusé à l’Ukraine alors que le ballon avait franchi la ligne de but.

Entre 121 000 et 201 000 euros par installation

Tant est si bien que pour la conception du programme baptisé GLT (pour Goal Line Technology), la Fifa a sorti les gros moyens… et son carnet de chèques. Son coût devrait osciller entre 121 000 et 201 000 euros par installation, et celle-ci être confiée à deux sociétés : Hawk-Eye, dont le système, qui a fait ses preuves dans milieu du tennis professionnel, est basé sur l’utilisation de caméras placées qui calculent la vitesse du ballon. Leurs données sont transférées vers un logiciel vidéo qui génère une image graphique en 3D de la trajectoire de la balle, le tout en une seconde.

L’autre système, confié à la société GoalRef, consiste à créer de faibles champs magnétiques autour de la cage de but. Dès que le ballon, équipé d’une bobine électronique compacte, franchira totalement la ligne, un signal visuel et une vibration seront transmises quasi instantanément à la montre de l’arbitre.

Le GLT sera pour la première fois utilisée au Mondial des clubs en décembre prochain à Tokyo, puis lors de la Coupe des Confédération en 2013 et au Mondial-2014 organisés tous deux au Brésil, a prévenu, jeudi 5 juillet, Jérôme Valcke, le secrétaire général de la Fifa.

"Le GLT paraît infaillible"

Cloués au pilori à la moindre erreur, servant d’exutoires aux frustrations et aux désillusions, les arbitres voient d’un bon œil l’émergence d’un tel dispositif. "C’est une excellente initiative de la Fifa, se réjouit l’ancien arbitre international Pascal Garibian, interrogé par FRANCE 24. Cela va permettre aux arbitres d’obtenir une réponse immédiate, sûre et d’en finir avec l’appréciation qui peut nous causer beaucoup de torts. La hantise pour un homme en noir est d’être confronté à des faits de jeu qu’il ne maîtrise pas. Le GLT ne peut que rendre service, il ne porte ni atteinte à l’arbitrage ni à la fluidité du jeu."

Et le retraité du sifflet de rappeler qu’en 2006, il avait tenté, avec d’autres collègues, de convaincre l’International Board d’adopter le recours à la vidéo dans pareille situation. Une proposition qui avait été immédiatement rejetée…

Joël Quiniou, qui a officié dans les années 1980 et 1990 et qui a participé à trois Coupes du monde, abonde dans le même sens. Joint au téléphone par FRANCE 24, il estime d’emblée que "le GLT, tel qu’il nous est proposé, paraît infaillible. Là, les machines se substituent à l’homme et livrent leur verdict incontestable. Le ballon est rentré, donc il y a but, c’est un système cartésien. Au contraire de la vidéo (autre serpent de mer dans le football, ndlr) qui fournit des images à voir et à revoir, ce qui alimente inutilement le débat. Cela aura le mérite d’apporter un peu de sérénité aux arbitres qui en ont bien besoin."

Mais il tient à apporter un bémol. "À compétition exceptionnelle, moyens exceptionnels, j’imagine que c’est ça l’idée. Mais l’opération coûte chère, trop chère, pour un phénomène de jeu qui, au regard du nombre de matches disputés dans le monde chaque année toutes compétions confondues, est très rare. Toutes les ligues professionnelles n’auront pas les moyens de s’offrir une telle technologie pour chaque rencontre de championnat. Pour que ce projet puisse se développer et se pérenniser, la Fifa va devoir encore faire quelques efforts."

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