Pour la première fois, l'Autorité palestinienne, qui est au bord de la banqueroute, a reçu l'aide d'Israël pour tenter de décrocher un prêt d'un milliard de dollars auprès du Fonds monétaire international (FMI). Sans succès.
C’est une bien mauvaise nouvelle pour l’Autorité palestinienne. Le Fonds monétaire international (FMI) aurait refusé de lui accorder un prêt de 100 millions de dollars, revèle le quotidien de gauche Haaretz, du lundi 3 juillet. Un refus qui n’a pas été motivé par des raisons économiques, alors que la Cisjordanie et Gaza traversent leur “pire crise économique depuis 1994”, selon Ahmed Majdalani, ministre palestinien du Travail.
Le FMI a, en fait, invoqué son règlement : il ne peut prêter à une entité non étatique et ne voulait pas créer “un dangereux précédent”. Tant que les Palestiniens n’auront pas d’État reconnu au plan international, ils ne pourront donc pas compter sur le soutien financier du principal bailleur de fonds mondial.
Pourtant, l’appel à l’aide ne provenait même pas des Palestiniens. C’est Israël - une première - qui est à l'origine de cette demande.
Car la situation palestinienne est urgente - même Israël le reconnaît. Dans sa demande au FMI, le gouvernement de Benjamin Netanyahu a évoqué un “risque d’effondrement de l’Autorité palestinienne”. “C’est un scénario qu’Israël veut éviter pour des raisons sécuritaires”, souligne le quotidien Haaretz pour expliquer l’intérêt de l’État hébreu à agir en intermédiaire de son voisin.
Rapide et brutale
La Banque mondiale avait déjà tiré la sonnette d’alarme, en mars dernier, dans son rapport sur l’économie palestinienne. L’institution internationale y relèvait qu’il manquait actuellement à l’autorité palestinienne 1,1 milliard de dollars pour assurer la continuité des services publices. “Nos fonds disponibles ne nous permettent de payer ni les salaires des fonctionnaires ce mois-ci, ni nos factures aux entreprises privées”, a confirmé Ahmed Majdalani mardi à l’AFP.
La chute économique des territoires palestiniens a été rapide et brutale. En 2010, la croissance palestinienne était encore de 8% contre 5,2% en 2011. “Si on regarde simplement les indicateurs économiques, la Palestine a eu de très bons résultats entre 2008 et 2010 avec un taux de croissance de 8% en moyenne, alors que nous nous attendions plutôt à 4%”, rappelait lors d’un colloque sur l’économie palestinienne, en mars 2012 à Washington, Oussama Kanaan, chef de mission du FMI pour Gaza et la Cisjordanie.
Mais au-delà des chiffres, la croissance palestinienne est un leurre car “elle ne crée ni réelle activité économique, ni emploi “, a expliqué, lors de ce même colloque, Firas Raad, chef de mission du Quartet pour le Moyen-Orient (États-Unis, Russie, Union européenne et Nations unies). Le taux de chômage dans les Territoires palestiniens s'établit à 22% et monte à 30% à Gaza. “Il dépasse même 40% pour les jeunes dans la bande de Gaza, ce qui est l’un des taux les plus élevé au monde pour les moins de 25 ans”, déplore Firas Raad.
Accès restreint et crise économique
“Ce chômage élevé est la conséquence directe des restrictions aux mouvements imposées par Israël, pour des raisons de sécurité”, note Firas Raad. D’un côté, les Palestiniens peuvent difficilement se déplacer pour trouver du travail, et de l’autre ces restrictions rendent les Territoires très peu attractifs pour les investissements étrangers. “Personne ne va monter un projet économique en Palestine sans pouvoir librement s’y rendre quand il veut”, note Firas Raad.
La croissance économique palestinienne provient donc quasi exclusivement des projets publics d’infrastructures. Pour les financer, l’Autorité palestinienne dépend fortement des aides de l’étranger qui sont, à cause de la crise économique internationale, en forte baisse. “Nous avions tablé, avec une aide internationale d’États et d’ONG, sur environ 700 millions de dollars en 2011 ; l’Autorité palestinienne n’a reçu qu’un peu moins de la moitié de ce montant”, souligne Oussama Kanaan.
La crise économique internationale a donc servi de révélateur à une croissance dont les bons chiffres masquaient, ces dernières années, un modèle de développement trop dépendant de l’extérieur.