Le directeur général de Barclays a fini par céder aux pressions en démissionnant suite aux accusations de manipulations de taux interbancaires. Portrait d'un homme à l'ascension et à la chute tout aussi spectaculaires.
AFP - Le directeur général de Barclays Bob Diamond, dont la résistance acharnée ces derniers mois a finalement cédé après le scandale sur les manipulations de taux interbancaires, a rapidement gravi les échelons, passant de professeur d'université à "banquier aux 100 millions de livres" particulièrement impopulaire.
Bob Diamond, né le 27 juillet 1951 à Concord dans le Massachusetts (nord-est des Etats-Unis), incarnait l'image négative du banquier avide et insensible aux maux de la société et, d'une manière générale, les dérives de la City, place financière d'envergure mondiale dont le Royaume-Uni tire une grande fierté.
Ainsi, l'ancien ministre du Commerce et éminence grise du Labour Peter Mandelson avait qualifié l'Américain devenu également Britannique de "visage inacceptable du paysage bancaire" après des révélations sur le montant très élevé de ses bonus qui lui ont permis d'accumuler, selon les estimations, entre 95 et 105 millions de livres (118 à 130 millions d'euros).
Une fortune que M. Diamond a amassée depuis son entrée en 1977 chez Morgan Stanley, en tant que simple courtier obligataire avant de devenir directeur général de l'activité des marchés de taux.
Après 13 ans au sein de la banque américaine, cet ancien professeur de l'Ecole de commerce de l'université du Connecticut --où il débute sa carrière en 1976-- effectue un passage chez Crédit Suisse First Boston (CSFB) à Tokyo et à New York en tant que vice-président.
C'est en 1996 qu'il fait son entrée chez Barclays, aujourd'hui quatrième banque mondiale en termes d'actifs, comme responsable de la banque de financement et d'investissement, incluant notamment la filiale Barclays Capital.
Véritable vache à lait de la banque britannique, ce pôle a permis à l'établissement de traverser la crise de 2008 sans devoir faire appel au soutien des pouvoirs publics, tandis que ses compatriotes Northern Rock, Royal Bank of Scotland et HBOS (Halifax-Bank of Scotland) sombraient.
Dès 1997, il intègre le comité exécutif du groupe. Il s'est hissé au poste de directeur général en janvier 2011, après avoir vu le poste lui échapper de peu en 2004.
Dès son arrivée aux commandes de la banque, sa rémunération fait polémique. Et les parlementaires s'insurgent lorsqu'il déclare, après avoir renoncé à ses bonus pour 2009 et 2010, que "le temps des remords et des excuses pour les banquiers est révolu".
Il devait percevoir une rémunération totale de 17,7 millions de livres pour 2011, mais a renoncé à son bonus après l'annonce mercredi dernier de 290 millions d'amendes infligées par les autorités britannique et américaine pour manipulation des taux interbancaires britannique Libor et européen Euribor.
L'an dernier, il était le patron le mieux payé du FTSE-100, le principal indice boursier britannique.
Baptisé par certains "banquier de casino", M. Diamond a dû s'expliquer devant une cour fédérale américaine sur son plus haut fait d'arme : le rachat en 2008 pour une bouchée de pain, selon certains, de l'activité courtage de la banque d'affaires américaine exsangue Lehmann Brothers.
Le banquier est né dans une famille de descendants d'immigrés irlandais et écossais, de parents enseignants qui ont donné naissance à neuf enfants. Lui-même père de trois enfants, il soutient l'équipe britannique de football de Chelsea, mais reste un fervent fan de l'équipe de football américain des New England Patriots, et de baseball Boston Red Sox.
M. Diamond siège au conseil d'administration de Old Vic Productions, une société de production (comédie musicale Billy Elliot, théâtre londonien Old Vic). Il a créé aux Etats-Unis la Diamond Family foundation, qui a versé plusieurs millions de dollars à des projets éducatifs.