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L'ONG Human Rights Watch décrit un "archipel de la torture"

L’organisation non gouvernementale Human Rights Watch publie ce mardi un rapport accablant sur les centres de détention en Syrie où, depuis mars 2011, des dizaines de milliers de personnes auraient subi des violences et des actes de torture.

A partir de 200 témoignages concordants de prisonniers et d’officiers, l’organisation non gouvernementale Human Rights Watch (HRW) publie ce mardi un rapport détaillé sur l’usage de la torture en Syrie, dont seraient victimes des dizaines de milliers de personnes incarcérées dans des centres de détention, gérés par des services de renseignement. L’ONG, basée à New York, a ainsi identifié 27 lieux de détention - un "archipel de la torture" - et nommé les responsables de ces centres.

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L'Analyse de Jean-Marie Fardeau, directeur de Human Rights Watch France

Depuis le début du mouvement de contestation contre le régime de Bachar al-Assad, en mars 2011, les arrestations de masse sont monnaie courante. Parqués dans des bases militaires, des stades, des écoles et des hôpitaux, les détenus sont transférés ensuite dans des centres gérés par quatre services de renseignement qui ont leur propre lieux de détention dans les principales villes du pays (Damas, Alep, Homs, Idlib, Lattakia, Deraa…), selon les informations collectées par HRW.

Egalement les enfants, les femmes et les personnes âgées

Parmi les pratiques courantes : les personnes sont battues à l’aide de matraques et de fils de fer, suspendues au plafond par les mains, torturées avec des instruments électrifiés, brûlées à l’acide, agressées sexuellement, enfermées vivantes dans des cercueils... Les anciens détenus décrivent des cellules de prison surpeuplées au point de ne pouvoir s’asseoir ou dormir - sauf à s’allonger les uns sur les autres à tour de rôle.

Témoignage d’Elias, incarcéré dans l’unité 285 du département des services d’intelligence à Damas

“Les gardiens m’ont suspendu au plafond par les poignets durant huit jours. Après quelques jours ainsi, sans dormir, j’ai eu l’impression que mon cerveau s’était mis à l’arrêt. Je commençais à délirer mentalement. Mes pieds ont enflé au bout du troisième jour. La douleur était insupportable, atroce. Je criais mon besoin d’être hospitalisé, mais les gardiens m’ont ri au nez."
 

Un homme âgé de 31 ans raconte avoir subi des interrogatoires dans la province d'Idleb, au cours desquels ses doigts ont été écrasés par des pinces, tandis que des agrafes lui étaient plantées dans les doigts, les oreilles ainsi que sur le torse. "La seule condition pour les retirer était de parler. La douleur la plus insupportable provenait des agrafes dans les oreilles", témoigne-t-il. L’homme parle de chocs électriques avec une batterie de voiture, infligés notamment sur ses parties génitales. "Ils m'ont ainsi torturé trois fois en trois jours." Selon les témoignages, ce sont non seulement les jeunes hommes qui subissent ce type de sévices, mais également des enfants, des femmes et des personnes âgées.

Human Rights Watch démontre que l’annonce de la suspension de la loi d’urgence, en avril 2011, et la promesse du gouvernement de relâcher les prisonniers au bout de soixante jours n’ont pas été suivis d’effet. L’ONG presse le Conseil de sécurité de l’ONU d’adopter une résolution contraignante vis-à-vis de Damas et de saisir la Cour pénale internationale pour crime contre l’humanité.
 

Image principale : Human Rights Watch