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La "Dame de Rangoun" reçue en grande pompe à Paris

Lors de sa deuxième journée à Paris, L'opposante birmane Aung San Suu Kyi, reçue mardi à l'Élysée, se verra décerner un diplôme de Citoyenne d'honneur par le maire de la capitale, puis elle s'entretiendra avec le ministre des Affaires étrangères.

AFP - L'icône birmane Aung San Suu Kyi est célébrée mercredi par Paris, la ville lumière, qui a fait d'elle en juin 2004 une citoyenne d'honneur, au deuxième jour de sa visite en France, dernière étape de sa tournée européenne triomphale.

Après un entretien privé avec le maire de la capitale, Bertrand Delanoë, et une rencontre avec la communauté birmane de Paris, la lauréate du prix Nobel de la Paix recevra à 12H30 son diplôme de Citoyenne d'honneur de la Ville de Paris des mains de l'édile, dans le somptueux salon des arcades de l'Hôtel de ville.

La dame de Rangoon déjeunera ensuite avec le maire, quelques membres de son exécutif, ainsi que des membres d'organisations des droits de l'homme.
L'opposante birmane a été faite citoyenne d'honneur en juin 2004 lors d'un vote au Conseil de Paris, suite à un voeu émanant des élus écologistes (EELV) parisiens.

Mais, elle était alors emprisonnée. La municipalité de gauche s'est souvent mobilisée pour Mme Suu Kyi, appelant tantôt les Parisiens à manifester pour elle à l'occasion de son procès en 2009 ou dénonçant ouvertement la décision "inique" de son assignation à résidence en août de la même année. La Ville avait installé son portrait géant place de la République en 2007, et lors de la nouvelle de sa libération en novembre 2010, la municipalité avait transféré sa photo sur le parvis de l'Hôtel de ville en y apposant le mot "libre".

En provenance de Londres, la chef de file de l'opposition birmane est arrivée mardi en début d'après-midi, en train, dans la capitale française.

La "Dame de Rangoun" a ensuite rejoint en fin d'après-midi l'Elysée, souriante, vêtue de vert pâle, gris et blanc, des fleurs jaunes dans les cheveux.

Après un entretien, Mme Suu Kyi et M. Hollande ont tenu une conférence de presse commune puis ont eu un dîner avec plusieurs invités, dont les prix Nobel Françoise Barré-Sinoussi (médecine) et Gao Xingjian (littérature), le nouveau président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, et plusieurs ministres.

Au cours de la conférence de presse, M. Hollande a assuré que la France soutiendrait "tous les acteurs" de la transition démocratique en Birmanie et ferait "tout ce qui est possible avec (...) l'Union européenne pour que ce processus aille jusqu'à son terme, c'est-à-dire la démocratie pleine et entière".

Le chef de l'Etat a également indiqué qu'il était prêt à accueillir en France le président birman, l'ancien général Thein Sein, "s'il veut venir".

Pour sa part, Mme Suu Kyi a indiqué mercredi matin sur France Inter avoir été "très agréablement surprise par la chaleur qui (lui) a été manifestée par tous à travers le monde".

"Le processus (de démocratisation) n'est pas irréversible, tant que les militaires n'ont pas fait preuve de leur engagement envers le processus, car ce sont encore eux les plus forts, et au final c'est le peuple birman qui décidera de la direction qu'il veut pour le pays", a ajouté la députée birmane.

Quant aux sanctions internationales visant son pays, "elles sont suspendues pour un an, après cela dépendra des progrès de la démocratisation en Birmanie. Je préfère, a-t-elle dit, cette suspension à la levée totale des sanctions, c'est un moyen d'indiquer que l'UE souhaite soutenir le processus, mais qu'elle a conscience qu'il est toujours possible d'assister à une régression".

La France veut renouveler, à travers cette visite, son soutien à l'opposante mais aussi dire sa disponibilité et celle de ses entreprises pour participer à la reconstruction d'un pays malmené par des décennies de dictature militaire.