Suite aux violences qui ont fait une centaine de morts la semaine dernière dans le Nord, Goodluck Jonathan a accusé les islamistes de Boko Haram de vouloir déstabiliser l'État nigérian en montant les communautés les unes contres les autres.
AFP - Le président nigérian Goodluck Jonathan a accusé dimanche le groupe islamiste Boko Haram de vouloir destabiliser le gouvernement avec une stratégie consistant à changer ses cibles.
"Les terroristes partout dans le monde ont un agenda commun: déstabiliser le gouvernement", a déclaré le président nigérian lors d'une émission à la télévision nationale, ajoutant que Boko Haram avait d'abord attaqué des rivaux politiques, puis des institutions du gouvernement et maintenant des églises.
Il avait déclaré auparavant que la vague précédente d'attaques menées par Boko Haram n'avait pas fait tomber le gouvernement, conduisant le groupe islamiste à attaquer des églises au Nigeria.
Le Nigeria est frappé depuis des mois par de nombreux attentats meurtriers revendiqués par Boko Haram, le plus souvent contre les représentants de l'Etat et la minorité chrétienne dans le Nord à majorité musulmane.
Abuja a aussi été touchée, notamment par un attentat contre le siège de l'ONU dans la capitale fédérale qui a fait 25 morts en août dernier.
Pays le plus peuplé d'Afrique avec quelque 160 millions d'habitants, le Nigeria est divisé entre un nord majoritairement musulman et un sud à dominante chrétienne plus riche grâce au pétrole.
"Ceux qui attaquent des églises veulent ouvrir une crise religieuse", a ajouté le président Jonathan. "Ils pensent que lorsqu'ils attaquent une église, des jeunes chrétiens vont se révolter contre de jeunes musulmans. Il se moquent bien de savoir qui va mourir" dans cette logique meurtrière.
"Si cela ne marche pas, le même groupe Boko Haram va commencer à attaquer des mosquées pour pousser des jeunes musulmans à attaquer des chrétiens. Ils changent ainsi leur tactique".
Enfin, le président Jonathan a assuré que le Nigeria mettra un terme aux violences, ajoutant que le gouvernement était prêt à ouvrir le dialogue avec des membres de Boko Haram s'ils s'identifient et font des demandes claires.
L'escalade des violences dans le nord au cours de la semaine écoulée a intensifé les critiques contre le président Goodluck Jonathan qui s'était absenté du Nigeria pour assister au sommet de l'ONU de Rio sur l'environnement alors que de nouvelles émeutes étaient en cours.
Provoquées par des attentats contre trois églises du Nord dimanche dernier, les violences ont été alimentées par des représailles chrétiennes et plus de 100 personnes ont été tuées depuis le début de la semaine dans des villes du Nord.
A son retour de Rio, le président a réuni vendredi ses principaux responsables de la sécurité et limogé son ministre de la Défense Bello Mohammed et son conseiller pour la sécurité nationale Owoye Azazi.
Le porte-parole présidentiel Reuben Abati a annoncé que le poste de conseiller à la sécurité nationale serait occupé par Sambo Dasuki, un colonel à la retraite et homme influent, originaire du nord du Nigeria et cousin du Sultan de Sokoto, le plus haut dignitaire spirituel musulman du pays.
Les Etats-Unis ont placé jeudi sur leur liste noire du terrorisme international trois membres du groupe dont son principal responsable, Abubakar Shekau, tous trois proches d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).