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Le Paraguay sous tension après la destitution du président Lugo

Au Paraguay, après la destitution par le Parlement du président Lugo au profit de Federico Franco (photo), les sanctions diplomatiques ne se sont pas faites attendre, notamment de la part des voisins brésilien et argentin.

REUTERS - L'Argentine et le Brésil ont rappelé samedi leur ambassadeur en poste au Paraguay, en signe de protestation contre la rapide procédure de destitution du président paraguayen Fernando Lugo.

Le ministère argentin des Affaires étrangères a expliqué le rappel du diplomate argentin eu égard aux "graves événements institutionnels(...) qui ont eu pour point d'orgue la destitution du président constitutionnel Fernando Lugo et la rupture de l'ordre démocratique".

L'Argentine a été le premier pays à prendre des mesures concrètes contre son voisin à la suite de la destitution de Lugo. Elle a été suivie de peu par le Brésil, qui a annoncé le rappel de son ambassadeur pour consultations.

Le Brésil a "condamné" la destitution de Fernando Lugo car, selon lui, il n'a pas pu se défendre correctement, ce qui a "compromis un pilier fondamental de la démocratie". Le ministère brésilien des Affaires étrangères a estimé que la démocratie était essentielle à l'intégration régionale. Le Brésil est le premier partenaire commercial du Paraguay et la première économique d'Amérique latine.

L'Uruguay a exhorté le Paraguay à organiser des élections le plus rapidement possible. Le Pérou et le Mexique ont émis des doutes sur la rapidité du processus de destitution de Lugo, même si Mexico a reconnu la légalité de la procédure.

La présidente argentine Cristina Fernandez, qui avait parlé de "coup d'Etat" mené contre Fernando Lugo, avait déclaré que des mesures pourraient être prises en outre à l'encontre d'Asuncion au sein du Mercosur, bloc économique sud-américain qui regroupe, outre le Paraguay, l'Argentine, le Brésil et l'Uruguay.

En théorie, le Paraguay pourrait être suspendu du Mercosur pour violation des principes démocratiques de l'organisation. Le ministre brésilien des Affaires étrangères, Antonio Patriota, a indiqué que les dirigeants du bloc débattraient de la situation la semaine prochaine lors d'un sommet du Mercosur en Argentine.

Faire retomber les tensions

L'élection de Lugo en 2008 a mis fin à six décennies d'hégémonie du parti Colorado. Il s'était engagé à améliorer le sort des catégories les plus pauvres et à lutter contre la
corruption mais s'est heurté à un Congrès hostile.

Federico Franco, qui était le vice-président de Fernando Lugo, a été investi vendredi nouveau chef de l'Etat, à la suite de la destitution de Lugo par le parlement. Le Sénat a voté vendredi la destitution par 39 voix contre 4. La veille, la chambre basse du parlement, elle aussi contrôlée par les adversaires de Lugo, s'était prononcée quasiment à l'unanimité pour la destitution.

Agé de 49 ans, Franco, rival politique de Lugo, assumera les fonctions de chef de l'Etat pour la dernière année du mandat présidentiel en cours, jusqu'à l'investiture d'un nouveau président élu en août 2013.

"Nous allons prendre contact avec les pays voisins et je suis certain qu'ils comprendront la situation au Paraguay", a déclaré samedi Federico Franco au cours d'une conférence de presse au palais présidentiel, à Asuncion.

Federico Franco a indiqué à Reuters qu'il allait demander à son prédécesseur Fernando Lugo de contribuer à "faire retomber" les tensions régionales consécutives à sa destitution.

Il va en outre s'employer à convaincre Buenos Aires de la légitimité de la procédure en destitution.

Lugo, ancien évêque catholique, s'est élevé contre sa destitution mais a déclaré vendredi accepter les mesures prises par le parlement à son encontre. Depuis sa destitution, il s'est reclus chez lui et a reçu des appels téléphoniques de présidents de pays de la région qui lui ont témoigné leur solidarité, a déclaré l'un de ses proches alliés politiques, le sénateur José Alberto Grillon.