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Chypre demande l'aide financière de l'UE

L'exposition à la Grèce et l'éclatement de la bulle immobilière ont fait de Chypre, paradis pour oligarques russes, un nouveau candidat à un sauvetage financier, alors que la situation dans le pays s'est fortement dégradée depuis plus d'un an.

L’eurogroupe se penche, jeudi, sur le sort de ses patients habituels - la Grèce et l’Espagne - mais pas seulement. Les ministres des Finances de la zone euro accueillent un nouveau prétendant à une aide financière : Chypre. Le pays se débat en effet pour ne pas sombrer sous l’effet conjugué d’une profonde crise immobilière et d’un secteur bancaire très exposé à la dette grecque. L’île pourrait demander à ses partenaires de la zone euro un prêt d’urgence d’au moins 2 milliards d’euros, soit un dizième de son PIB.

Cette enveloppe correspondrait au besoin de financement de la Popular Bank, la deuxième plus importante banque du pays. Nicosie s’était, en effet, engagé à apporter les fonds nécessaires si la banque échouait à lever les fonds sur les marchés. Ce qui s'est finalement produit. Chypre doit donc se tourner vers la zone euro.

Ce pays, devenu au fil des ans un petit paradis ensoleillé pour riches russes, avait réussi jusqu’à présent à naviguer sous le radar de la zone euro, trop occupée à renflouer la Grèce, le Portugal ou l’Irlande. Pourtant, l’île connaît depuis plus d’un an une situation économique très dégradée.

Chypre fait figure de victime collatérale de l’effondrement grec. Ses banques avaient en effet massivement investi dans la dette grecque et étaient très présentes sur le sol hellène. Résultat : elles détiennent 22 milliards d’euros de prêts accordés à des Grecs, qui risquent fort de n’être jamais remboursés, et le secteur financier détient 5 milliards d’euros d’obligations d’État grec, qui ne valent plus grand chose à ce jour.

Scandale immobilier

Comme si cette dépendance à un voisin en pleine déroute économique ne suffisait pas, Chypre subit également depuis fin 2010 un éclatement de sa bulle immobilière. L’île semblait pourtant être un paradis pour investisseurs immobiliers et spéculateurs en tout genre. Les Britanniques et les Russes ont acheté plus de 100 000 maisons dans ce petit pays qui ne comptent qu’un peu plus d’un million d’habitants.

Mais la crise économique a mis à mal cette bulle et un vaste scandale de faux titres de

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Le tourisme souffre de la récession
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propriétés a accéléré la désintégration du marché immobilier chypriote. “Il y a actuellement 130 000 propriétés pour une valeur totale dépassant 20 millions d’euros, qui ont soit plusieurs propriétaires, soit aucun”, souligne Wolf Richter, entrepreneur américain et auteur du populaire blog économique TestosteronePit.

Cette double tare économique vaut à Chypre d’être depuis l’an dernier sur la liste noire des agences de notation. À l'unanimité, elles estiment que le pays est un investissement spéculatif qu’il vaut mieux éviter. Si l’île a pu se passer d’un prêt de l’Europe, c’est qu’elle s’est d’abord tournée vers la Russie. Moscou a tout intérêt à ce que Chypre tienne le coup, car l’île est largement utilisée par les oligarques russes comme plate-forme financière, ainsi que le rappelle, jeudi, le site économique français La Tribune. La Russie a donc prêté, en octobre 2011, 2,5 milliards d’euros à Chypre. De quoi tenir l’hiver mais guère plus.

Si Nicosie préfèrerait se tourner de nouveau vers son puissant allié de l’Est, Moscou n’a peut-être pas les poches suffisament profondes pour maintenir, seul, Chypre à flot. Ce serait donc au tour de la zone euro de venir à la rescousse. Les Chypriotes pourraient, en contrepartie, se voir imposer une cure d’austérité et des réformes qui risquent de mettre à plat son système fiscal si attractif...