Islamabad a annoncé mercredi la capture, fin mai, du Français Naamen Meziche, un membre éminent d'Al-Qaïda suspecté de préparer des attentats en Europe. Retour sur son parcours, de Hambourg au Pakistan.
De sources militaires pakistanaises, Naamen Meziche, un jihadiste français a été arrêté fin mai dans la région du Baloutchistan, dans le sud-ouest du Pakistan. Instable, cette région frontalière de l’Iran et de l’Afghanistan avait déjà été le cadre de l’arrestation, en septembre dernier, du haut responsable terroriste Younis al-Mauritani, dont Meziche était le lieutenant.
Meziche, quadragénaire né à Paris, est actif au Pakistan depuis 2009. L’homme se serait radicalisé au début des années 1990, avant de partir en Allemagne. À Hambourg, il est chargé du recrutement pour Al-Qaïda à la mosquée Taiba, fermée en 2010 après avoir été liée aux attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Fréquentant Mohammed Atta, qui a directement pris part au détournement des avions, il devient également membre de la cellule de Hambourg. Son implication dans les attentats n’est jamais prouvée et, bien que Naamen Meziche soit arrêté à plusieurs reprises par les autorités allemandes, il n’est jamais inculpé ni placé en détention.
En 2009, il fuit Hambourg et rejoint le Pakistan, échappant ainsi au procès intenté contre des terroristes actifs pendant les attentats du 11-Septembre. Connaissant l’arabe et le pachtoune, il est décrit comme "un jihadiste présent sur la zone Pakistan Afghanistan Iran" par un expert occidental cité par l’AFP. En octobre 2010, il est déclaré mort dans une attaque de drone américain, une information démentie par la suite.
Considéré comme un important cadre d’Al-Qaïda selon les autorités pakistanaises et suspecté de vouloir mener des attaques en Europe, Naamen Meziche est officiellement entendu, depuis son arrestation, sur les motifs de sa présence dans le pays. En janvier 2012, sa femme, interrogée par le New York Times, témoignait du désir de son mari de vivre dans une société régie par la charia.
Le double jeu du Pakistan
Toutefois, bien que considéré comme dangereux, Naamen Meziche ne figure sur aucune des listes des responsables d’al-Qaïda, rendues publiques par les autorités américaines.
Contacté par FRANCE 24, Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) parle d’un double jeu de la part du Pakistan : "Depuis 2001, tous les trois à six mois, les Pakistanais remettent en grande pompe un terroriste aux Américains. Etant donné que tous les cadres d’al-Qaïda ont été arrêtés, ils essaient maintenant d’enrober pour donner de l’importance à leur nouvelle prise."
Le but d’Islamabad, selon l’ancien membre de la DGSE : prouver qu’ils participent à la lutte anti-terroriste et ainsi justifier leurs besoins en matière d’aide militaire américaine. Les relations tendues entre les deux pays ont été mises à mal fin mai, suite à la condamnation au Pakistan du médecin qui a aidé la CIA à débusquer Ben Laden. Une condamnation à laquelle les Etats-Unis ont répliqué en décidant de réduire de façon significative le montant de leur aide militaire. "Islamabad recherche la complaisance politique de Washington," affirme Alain Chouet.