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En Turquie, les groupes d'opposition syriens veulent "unifier leur vision"

Critiqués pour leur manque d'efficacité et de coordination sur le terrain, les différents groupes de l'opposition syrienne sont réunis à Istanbul pour tenter de mettre un terme à leurs divergences et d'"unifier" leur vision.

AFP - Des représentants de différents groupes de l'opposition syrienne ont entamé vendredi à Istanbul une réunion de deux jours visant à "l'unification" de leur vision alors que la Syrie s'enfonce selon un responsable de l'ONU dans la guerre civile.

Paris envisage de fournir des moyens de communication aux rebelles

La France envisage de fournir aux rebelles syriens des moyens de communication qui les aideraient à prendre le dessus sur les forces du régime de Bachar al-Assad, a déclaré vendredi le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius.

Outre les efforts diplomatiques, une autre issue au conflit serait "une victoire claire et nette de l'opposition", a-t-il dit sur France Inter.

"C'est pourquoi, il y a à la fois la démarche de Kofi Annan et il est envisagé -les Américains l'ont fait, peut-être nous le ferons- de donner non pas des armes mais des moyens de communication supplémentaires" aux rebelles, a-t-il ajouté.

C'est la première fois qu'un responsable français envisage publiquement une aide matérielle à la rébellion armée contre le régime de Damas. (AFP)

"Nous allons travailler à l'unification de notre vision", a déclaré à l'AFP Burhan Ghalioun, l'ex-président de la principale plateforme de l'opposition syrienne, le Conseil national syrien (CNS), peu avant le début des travaux.

Outre le CNS, le Conseil national kurde, qui a jusqu'ici rejeté les appels au ralliement de M. Ghalioun, le groupe constitué autour de l'intellectuel Michel Kilo et celui du chef de tribu Nawaf al-Bachir participent à la rencontre, selon des sources syriennes concordantes.

Seul absent de marque, le Comité de coordination national pour le changement national et démocratique (CCNCD) qui rassemble des partis nationalistes arabes, kurdes et socialistes, a argué de problèmes techniques l'empêchant d'envoyer des émissaires à Istanbul, selon une source à la conférence.

La réunion a débuté par un appel à l'unité formulé par les représentants d'une douzaine de pays arabes et européens invités à la conférence.

"Ce matin, les représentants de la communauté internationale ont dit l'importance d'avoir une opposition unie", a indiqué une source diplomatique à la conférence.

La France et les Etats-Unis sont représentés à la conférence par leurs ambassadeurs à Damas, rappelés dans leurs capitales pour protester contre les violences commises par le régime de Damas.

L'Allemagne, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, l'Italie, le Qatar, le Royaume Uni et la Turquie notamment ont dépêché des diplomates de haut rang à la réunion, à laquelle participe également un membre de l'équipe de l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie Koffi Annan.

Le ministère turc des Affaires étrangères avait annoncé début juin la constitution d'un "groupe de coordination" formé par des pays amis de l'opposition syrienne pour l'aider à s'organiser.

L'objectif de la réunion d'Istanbul est de rechercher les moyens de mettre fin au morcellement de l'opposition en amont d'une grande conférence des opposants syriens qui doit se tenir au Caire, sous les auspices de la Ligue arabe, à une date encore non décidée, puis de la conférence le 6 juillet à Paris des "Amis du peuple syrien", selon des sources de l'opposition.

"Nous sommes là pour définir une position commune. Il n'y a plus beaucoup de points de divergence entre nous", a commenté vendredi pour l'AFP Bassma Qodmani, responsable des relations extérieures au sein du CNS.

Mais des voix discordantes se faisaient entendre, contestant la prééminence du CNS et de ses dirigeants.

"Je ne suis pas optimiste quant au résultat (...) Le gens combattent Assad parce qu'ils ont besoin d'un pays démocratique, ils ont besoin de liberté, pas pour remplacer Bachar al-Assad par Burhan Ghalioun ou Abdel Basset Sayda", le nouveau président du CNS, a déclaré Ammar Qurabi, à la tête d'un petit courant d'obédience nationaliste.

Fin mars, la plupart des opposants ont reconnu le CNS comme le "représentant formel" du peuple syrien, et en avril, les "Amis du peuple syrien" l'ont qualifié de "représentant légitime de tous les Syriens".

Mais l'organisation est critiquée pour son inefficacité et pour son manque de coordination avec les militants sur le terrain. Elu dimanche dernier à la tête du CNS, M. Sayda a assuré qu'une des priorités de son mandat serait l'unité de l'opposition.