Ségolène Royal est arrivée en tête au 1er tour dans la circonscription de Charente-Maritime. Mais le second round s'annonce incertain face à un dissident socialiste qui enregistre des soutiens jusque dans les rangs de la droite.
"On ne m’aura rien épargné". La complainte de Ségolène Royal date d’avant le premier tour des élections législatives, mais elle semble plus que jamais d’actualité. Celle qui briguait la présidence de la République il y a cinq ans est aujourd’hui loin d’être assurée de l’emporter dans la première circonscription de Charente-Maritime.
L’élection s’annonçait pourtant comme une simple formalité pour le Parti socialiste (PS) sur ces terres de l'ouest. Mais si la candidate de l’UMP, Sally Chadjaa, n’est pas même parvenue à se maintenir au second tour, le dissident socialiste Olivier Falorni, ancien chef de la fédération locale du PS, a, lui, réalisé un beau score (28,9 %). Refusant de se désister en faveur d’une "parachutée" malgré la première place remportée par la présidente de la région Poitou-Charentes (32,03 %), il a confirmé le maintien de sa candidature au deuxième tour, ce lundi, en dépit de l’appel à son retrait lancé, notamment, par Martine Aubry, la première secrétaire du PS.
La main tendue de Ségolène Royal
La "règle" est de "se désister pour le candidat de la gauche le mieux placé", avait ainsi rappelé cette dernière. Depuis l’annonce des résultats, la direction du PS a multiplié les appels en direction d’Olivier Falorni afin qu’il épargne une bataille à l’issue incertaine à Ségolène Royal. Une demande restée jusqu’ici sans réponse, tout comme "la main tendue" adressée dimanche soir par Ségolène Royal à son rival, avec lequel les relations ont été très tendues avant le premier tour.
"Elle ne m'a pas adressé la parole depuis plus de trois ans, je trouve cette sollicitude soudaine et bien suspecte", s’est contenté de répliquer l'intéressé, qui a été exclu du PS après avoir maintenu sa candidature face à la candidate investie à la fin de novembre par la direction nationale du parti.
L’UMP s’invite dans le drame rochelais
La situation est d’autant plus délicate pour Ségolène Royal que certains élus de droite ne cachent pas leur envie de la faire chuter en faisant élire le dissident socialiste. Ainsi, le président UMP du Conseil général de Charente-Maritime et ancien ministre Dominique Bussereau s’est fendu d’un tweet explicite ce lundi matin. "Appel aux Rochelais et aux Rétais [habitants de l’île de Ré, NDLR] pour un rassemblement Charentais-Maritime [sic] derrière le candidat de terrain".
La candidate investie par le PS veut croire que cet appel discréditera son rival. Elle demande aux électeurs de gauche de la circonscription de "ne pas mélanger leurs voix aux voix des sarkozytes". Numéro deux du PS, Harlem Désir, a lui aussi réagi, priant Olivier Falorni "de ne pas accepter d’être instrumentalisé par l’UMP". Mais celui-ci reste inflexible et oppose une fin de non-recevoir à toutes les demandes de son ancien parti :"Elle veut être candidate unique au deuxième tour : ça, c'était du temps de l'URSS, pas dans la France du XXIe siècle", a-t-il fait valoir.
Cinq ans après son échec à la présidentielle de 2007 face à Nicolas Sarkozy et quelques mois après sa cruelle quatrième place à la primaire socialiste, Ségolène Royal voit donc à nouveau ses plans contrariés, elle qui voulait faire de ces législatives un tremplin pour se relancer. En "femme d’État", elle ambitionnait de devenir député dans une circonscription a priori gagnée d’avance pour décrocher un poste prestigieux, celui de présidente de l’Assemblée nationale. En cas de défaite, elle pourra toujours se consoler avec son mandat de présidente de la région Poitou-Charentes.