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À Toul, Nadine Morano drague ouvertement l'électorat frontiste

Arrivée en deuxième position derrière le candidat socialiste sur lequel elle compte cinq points de retard, la candidate de l'UMP tend ouvertement la main aux électeurs du Front national, qui se pose en faiseur roi.

Ce n’est pas un cas de triangulaire, mais un cas où le Front national (FN) jouera le rôle d’arbitre. À l'issue du premier tour des législatives du dimanche 10 juin, à Toul (est de la France), l’ancienne ministre de la Formation professionnelle du gouvernement Fillon, Nadine Morano, se retrouve derrière le candidat socialiste, Dominique Potier, qui la devance de 5 points (39,29 % des voix contre 34,33 %), mais largement devant le candidat du FN, Lionel Vinquant (16,45 %), qui ne peut se maintenir au second tour, faute d'avoir réuni sur sa candidature plus de 12,5 % des inscrits.

Pour espérer rattraper son retard sur le Parti socialiste (PS) et l’emporter au second tour, cette proche de Nicolas Sarkozy a tendu la main en direction de l’électorat d’extrême droite : "J'en appelle aux électeurs du Front national qui partagent nos valeurs, mes valeurs, à se retrouver sur ma candidature", a-t-elle lancé, ce lundi, sur les ondes de la radio Europe 1, réitérant "sans aucun état d’âme" cet appel lancé dimanche soir sur France 3.

Nadine Morano insiste sur le fait qu’il s’agit d’un "duel droite-gauche" et donc d’un affrontement de "valeurs". L’ex-ministre assume de partager avec l’électorat frontiste la volonté de "maîtriser l’immigration, le refus du droit de vote des étrangers et de financer l’assistanat, et

L’intégralité de la déclaration de Nadine Morano sur Europe 1 :

"J’en appelle très clairement aux électeurs du Front national qui partagent nos valeurs à se retrouver sur ma candidature. Ce n’est pas une question d’accord, c’est une question de partage de nos valeurs. Et bien écoutez, moi, je rencontre des électeurs du Front national avec lesquels je partage les mêmes valeurs : la maîtrise de l’immigration, le refus du droit de vote de étrangers, le fait qu’ils ne veulent pas financer l’assistanat et qu’ils veulent qu’on reconnaisse la valeur travail, la protection de nos frontières extérieures de l’Europe. Oui, je partage ces valeurs là en commun avec eux. Et j’en appelle directement aux électeurs du Front national. Nous sommes là face à des valeurs, des valeurs portées par un mouvement de pensée pour lequel nous avons des rapprochements, s’agissant encore une fois de la maîtrise de l’immigration, du refus du droit de vote des étrangers, et je n’ai aucun état d'âme à en appeler aux électeurs du Front national."
 

la reconnaissance de la valeur travail, la protection de nos frontières extérieures de l’Europe".

Dans cette cinquième circonscription de Meurthe-et-Moselle où Marine Le Pen a talonné Nicolas Sarkozy au premier tour de la présidentielle (24,43 % contre 26,1 %), Nadine Morano joue le tout pour le tout. Déjà, à la fin du mois d'avril, pendant l’entre-deux-tours de la présidentielle, l’ancienne ministre voulait croire en la porosité entre l’électorat du FN et celui de l’UMP : "Je pense que vos électeurs se reconnaissent plus dans les orientations prises par Nicolas Sarkozy que dans le programme de François Hollande", avait-elle lancé à l’adresse de Louis Aliot, numéro 2 du FN, alors qu’ils étaient tout deux invités de la chaîne Canal Plus.

"Une personnalité formidable"

Il n’y a pas pour autant d’accord entre l'UMP et le FN, précise toutefois Nadine Morano. Un positionnement soutenu par le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé : "Ce qui compte, ce ne ne sont pas les mots, ce sont les actes. Chacun sait qu'il n'y a pas d'alliance, mais chacun sait qu'avec Nadine Morano, nous avons une personnalité formidable".

En clair : il s’agit d’un cas particulier. C’est ainsi que l’envisage également le parti d’extrême droite, qui s’apprête à déroger à la consigne "ni UMP, ni PS" : il va examiner "les cas particuliers" où la triangulaire n’est pas possible et où il pourrait "donner des consignes de vote différentes de celles qui consistent à se tourner ni vers l'UMP, ni vers le Parti socialiste, en tenant compte des personnalités des uns et des autres", a déclaré Marine Le Pen. Il n’est donc pas exclu que le bureau politique du FN fasse également un pas vers l’UMP dans la circonscription de Toul. Concernant les propos amicaux de Nadine Morano à l’égard de l’électorat frontiste, la patronne du Front a d’ailleurs estimé que celle-ci avait "été touchée par la grâce probablement".