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La gauche vers une confortable majorité à l'Assemblée nationale

La gauche parlementaire devance largement la droite à l'issue du premier tour des législatives françaises (46,77 % contre 34,07 %). Le Parti socialiste (PS) n’est toutefois pas assuré de disposer de la majorité absolue à l’Assemblée.

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Ce n’est pas la vague rose annoncée par certains, mais la gauche parlementaire devance néanmoins largement la droite (46,77% contre 34,07%) à l’issue du premier tour des élections législatives françaises, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Un score obtenu en cumulant les voix du Parti socialiste (PS, 29,35%), des écologistes d’Europe Écologie-Les Verts (EELV, 5,46%) et du Front de gauche (6,9%), contre 35,4% recueilli par l’UMP et ses alliés. Le Front national recueille lui 13,6 % des voix, tandis que le MoDem doit se contenter de 1,7 % des suffrages.

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"Le changement vient de commencer, il doit s'engager dans la durée"

La première secrétaire du PS, Martine Aubry, voit dans ces résultats le "soutien au changement" de la part des Français ainsi que "leur volonté d'amplification" de la victoire de François Hollande à la présidentielle.

L’ensemble de ces résultats ne permet cependant pas de déterminer si le PS et ses alliés pourront bénéficier de la majorité absolue au second tour. Les socialistes doivent en effet décrocher 289 sièges ou plus pour gouverner sans contrainte, quand les projections d’Ipsos lui accordent, ce dimanche, entre 275 et 305 sièges.

La droite limite la casse

Si le PS ne parvient pas à franchir ce seuil au second tour, le parti va devoir former une coalition avec les écologistes, voire avec le Front de gauche et l’extrême-gauche, pour disposer de la majorité à l’Assemblée nationale.

Donné moribonde, la droite parvient à limiter la casse. Déstabilisée depuis la défaite de son candidat à la présidentielle, Nicolas Sarkozy, l’UMP pourrait rafler entre 227 et 266 sièges de l'hémicycle. La droite, qui détenait jusqu’ici la majorité, voit cependant s’éloigner ses espoirs de cohabitation.

Autre chiffre significatif de ce premier tour, l’abstention, qui bat des records à 42,9 %. Ces chiffres, pris à l’échelle nationale, n’indiquent pas la composition de la future Assemblée, ils permettent simplement d’esquisser des tendances avant le second tour. Il faut en effet attendre le 17 juin pour connaître les noms de l’ensemble des députés de la nouvelle législature. 

Score historique pour Le Pen, Mélenchon éliminé

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Jean-Luc Mélenchon quitte la course

Sur les 577 circonscriptions en jeu, certaines retiennent tout particulièrement l’attention. C’est notamment le cas de la 11e du Pas-de-Calais, où se présentaient Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Selon les premiers résultats, la présidente du FN enregistre un score historique près de 42% des voix, loin devant le candidat socialiste, qu’elle affrontera au second tour. "Dimanche prochain, le peuple fera son entrée à l'Assemblée", a lancé la chef de file frontiste peu après l’annonce des résultats. Malgré une campagne médiatique importante, le leader du Front de gauche a lui terminé troisième et ne sera pas présent au second tour.

Dans les Pyrénées-Atlantiques, le leader du MoDem, François Bayrou, est contraint de disputer une périlleuse triangulaire face au candidat de l’UMP et celui du PS. "Une partie de mon électorat traditionnel n’a pas compris mon appel à voter François Hollande à l’élection présidentielle", s’est-il désolé quelques minutes après l’annonce des résultats. Il a toutefois affirmé sa volonté de se battre en vue d’un second tour qui s’annonce ardu. "Ce n’est pas parce que c’est difficile qu’on doit renoncer à ce qu’on croit juste."

Des ministres élus dès le premier tour

Plusieurs ministres se sont eux aussi lancés dans la bataille, parfois risquée, des législatives. Le chef du gouvernement, Jean-Marc Ayrault, est réélu dès le premier tour dans sa circonscription de Nantes (ouest), tout comme Laurent Fabius (Affaires étrangères), Victorin Lurel (Outremer), Bernard Cazeneuve (Affaires européennes), Frédéric Cuvillier (Transports et Économie maritime) et Delphine Batho (déléguée à la Justice).

D’autres ministres semblent en position favorable. Ainsi le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, et la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, sont tous arrivés en tête. Cette dernière s’est même félicitée de son bon score (près de 45 %), dans une circonscription auparavant détenue par la droite. Des scores d’autant plus encourageants pour ces ministres qu’ils auraient été obligés de démissionner en cas de défaite, comme l’avait stipulé le Premier ministre. 

Ségolène Royal contre un dissident socialiste

En dehors des membres du gouvernement, d’autres personnalités de gauche comptaient sur ce scrutin pour se relancer. L’ancienne candidate à la présidentielle Ségolène Royal devra affronter un dissident socialiste Olivier Falorni à La Rochelle (ouest) au second tour, dans un duel gauche-gauche inédit. Celui-ci a indiqué qu’il n’envisageait pas de se désister malgré les appels en ce sens de celle qui brigue ouvertement le poste de présidente de l’Assemblée nationale.

À droite, des proches de Nicolas Sarkozy tentaient eux aussi de rebondir en se faisant élire députés. L’ancien Premier ministre François Fillon semble en mesure de réussir son implantation à Paris, où il recueille plus de 40 % des voix. Quant à l’ancien ministre de l’Intérieur Claude Guéant, qui présentait pour la première fois à Boulogne, dans la région parisienne, il se dirige lui aussi vers un second tour qui s’annonce favorable.

Fort de son score large à l’élection présidentielle, le FN de Marine Le Pen, rebaptisé Rassemblement bleu marine à l’occasion de ces législatives, présentait un candidat dans l’ensemble des circonscriptions dans l’espoir de faire son entrée à l’Assemblée nationale. Selon les projections d’Ipsos pour FRANCE 24, le parti pourrait compter jusqu’à 2 députés "marinistes", dont la jeune Marion Maréchal-Le Pen, arrivée première dans sa circonscription du Vaucluse devant les candidats de l’UMP et du PS.

Le FN est également en tête dans la 2e circonscription du Gard, où Gilbert Collard recueille près de 35% des voix, devant le candidat du PS et le député sortant de l’UMP Etienne Mourrut. Celui-ci a déclaré dimanche soir à l'AFP qu'il "hésitait" à maintenir sa candidature ou à se désister en faveur du candidat FN.