logo

Accrochages entre rebelles touareg et islamistes dans le nord du Mali

Des combattants touareg et des islamistes d'Ansar Dine se sont pour la première fois affrontés dans la nuit de jeudi à vendredi près de la ville de Kidal, dans le nord du Mali, une région contrôlée par les deux mouvements sécessionnistes.

AFP - Des combattants de la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et du groupe islamiste Ansar Dine se sont affrontés dans la nuit de jeudi à vendredi près de la ville de Kidal, dans le nord du Mali, ont déclaré à l'AFP des habitants.

C'est la première fois qu'est rapporté un affrontement direct entre ces groupes dans l'immense région nord contrôlée depuis plus de deux mois par le MNLA et surtout Ansar Dine et son allié jihadiste d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

"Les combattants du MNLA et ceux d'Ansar Dine se sont affrontés dans la nuit de jeudi à vendredi dans la périphérie de Kidal", a indiqué à l'AFP par téléphone un fonctionnaire de la ville. "Ca a beaucoup tiré entre eux. J'ai vu beaucoup de voitures traverser la ville", a-t-il ajouté, évoquant des tirs nourris d'armes automatiques.

Le calme est revenu à l'aube, a-t-il affirmé, précisant avoir "constaté que les quelques drapeaux du MNLA qui flottaient dans la ville ont été enlevés".

Les communications des deux opérateurs de téléphonie mobile de la ville, coupées dans la nuit, ont repris en début de matinée.

"Ca a vraiment tiré. Ansar Dine était au nord de Kidal, un groupe du MNLA au sud", a déclaré un autre civil.

Les deux témoins ont dit ne pas avoir d'informations sur d'éventuelles victimes.

Interrogé par téléphone satellitaire dans la nuit, Mohamed Ag Mamoud, combattant d'Ansar Dine, avait expliqué cet affrontement par le fait que "toute cette semaine, le MNLA a manipulé à Kidal des civils qui ont manifesté" contre le mouvement islamiste.

"Ils ont encouragé les femmes et les enfants à manifester contre nous. Maintenant, on va leur montrer notre force", avait-il lancé.

"Nous sommes attaqués, on va répondre", avait de son côté indiqué Moussa Salam, un élément du MNLA, assurant que les rebelles touareg avaient "même attaqué la maison de Iyad Ag Ghaly", chef d'Ansar Dine et Touareg natif de Kidal.

Mardi et mercredi, des habitants de cette ville, surtout des femmes et des jeunes, avaient manifesté contre la présence des islamistes et dit leur soutien au MNLA. La manifestation de mardi avait été violemment dispersée.

Selon des recoupements de l'AFP, les affrontements de la nuit de jeudi à vendredi ont opposé essentiellement, côté MNLA, les Touareg des tribus tagamalète et idnane, aux combattants ifora d'Ansar Dine.

"La division s'installe au sein des groupes armés touareg. La crise devient tribale. Après avoir combattu ensemble l'armée malienne, surtout dans le nord-est du Mali et en particulier à Gao (autre grande ville régionale, ndlr), les deux groupes s'affrontent désormais sur des bases tribales. C'est très dangereux", a commenté le journaliste malien Tiegoum Boubeye Maïga.

Des discussions sur un projet de fusion entre le MNLA, au départ sécessionniste et laïc, et Ansar Dine, qui prône la charia (loi islamique) dans tout le Mali, ont achoppé ces derniers jours sur la question de l'application de la charia.

L'Union africaine va saisir l'ONU pour obtenir son "appui" à une éventuelle intervention militaire dans le nord du Mali, ont annoncé jeudi à Abidjan des responsables des Nations unies, de l'Union africaine et de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao).